Des limites à 120 km/h au Québec, ça n'arrivera pas de sitôt
Michel Barrette raconte souvent dans ses spectacles ce qu’il faisait des amendes reçues pour excès de vitesse, en les accumulant sur un pic fixé au tableau de bord de son bolide. Des contraventions de 22 $, peu importe la vitesse, et sans conséquence sur le permis de conduire. Une époque évidemment révolue et où le bilan routier était catastrophique.
Aujourd’hui, malgré un flot de circulation trois fois plus important que dans les années 70, les décès sont beaucoup moins nombreux sur nos routes. Certes, il y aura eu une légère augmentation des décès en 2021 par rapport à 2020, mais cela s’explique par le fait que nous étions à ce moment confinés à la maison...
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De nos jours, les mentalités ont évolué et on constate moins de décès liés aux vitesses excessives faites par de très jeunes conducteurs, et un peu moins en relation avec l’alcool au volant. Cependant, il faut aussi comprendre que cette amélioration du bilan découle de nos véhicules, immensément plus sécuritaires, et ce, même pour les piétons! En effet, les constructeurs automobiles conçoivent aujourd’hui des véhicules qui « frappent plus sécuritairement », limitant davantage les chocs à la tête lors d’impacts.
La vitesse souvent pointée du doigt
Selon les statistiques de la SAAQ, 24,5% des décès recensés en 2021 au Québec étaient encore liés à la vitesse excessive ou à une conduite imprudente.
Deux facteurs qui, selon moi, ont le dos large. Parce que le fait de rouler à 92 km/h dans une voie de dépassement est aussi imprudent que de ne pas utiliser ses clignotants ou de tourner en double sur un boulevard en coupant une rangée de véhicules. Des situations pour lesquelles vous n’aurez jamais d’amende. Or, dès qu’il est question d’un véhicule circulant à 86 km/h dans une zone de 70 km/h et qu’un accident survient, la vitesse est systématiquement mise en cause.
Seuil de tolérance
Ce que l’on ne vous dit toutefois pas, c’est qu’il existe au Québec une loi non écrite qui permet aux policiers d’avoir un seuil de tolérance. Un seuil que l’automobiliste québécois respecte de façon générale, et qui permet d’attribuer des amendes plus salées aux contrevenants. Ainsi , si vous attrapez une amende à 122 km/h sur l’autoroute, vous n’excéderez pas la vitesse par 2 km/h, mais bien par 22 km/h. Pourtant, tous vous diront que la limite tolérée est d’environ 120 km/h, ce qui devient parfois un peu moins vrai lorsqu’une tempête de neige survient et qu’il est réellement imprudent de rouler à une telle vitesse dans ces conditions.
Une limite de vitesse augmentée à 110 ou 120 km/h aurait-elle donc un impact négatif sur le comportement des automobilistes? Assurément pas, mais dans la mesure où ce seuil de tolérance est aboli. Autrement dit, il faudrait que les corps policiers resserrent les règles et les appliquent à la lettre.
Également, parce que nos conditions météorologiques sont pour le moins instables (n’est-ce pas!), une limite de vitesse variable sur autoroute en fonction de la météo et de la densité de la circulation serait selon moi idéale. Cette formule est d’ailleurs utilisée sur plusieurs autoroutes européennes et a clairement prouvé son efficacité. Or, pour que cela puisse se concrétiser, la SAAQ devrait d’abord faire une campagne de sensibilisation choc. Faire passer le message que la tolérance est abolie et que la discipline des automobilistes est au cœur de ces changements de mœurs.
Malheureusement, au risque de me répéter, l’indiscipline de nos conducteurs découle d’un simple manque d’éducation. Parce que les écoles de conduite enseignent une matière désuète et de façon approximative, parce que les gens n’entretiennent pas leurs véhicules adéquatement, et parce qu’il n’existe aucune mise à niveau après l’obtention d’un permis de conduire qui, rappelons-le, est un privilège et non pas un droit. En somme, avant de redéfinir les limites de vitesse, il faudrait enclencher un long processus d’éducation et de réorganisation et surtout, avoir la volonté de le faire.