Ford Transit Connect 2010, un essai hivernal

La période des Fêtes est souvent l'occasion pour un chroniqueur automobile de mettre à l'essai un véhicule pour une quinzaine de jours contrairement aux sept jours habituels pendant le reste de l'année. Cette fois-ci, j'ai décidé de tester la Transit Connect, la fourgonnette commerciale compacte de Ford. Je sais, la démarche n'est pas tellement conventionnelle en cette période de l'année où on aime bien se payer un petit luxe au volant de voitures plus luxueuses ou encore conduire des utilitaires ou des multisegment afin de pouvoir affronter sans angoisse les caprices de dame nature.

Malgré son habitacle spartiate et l’absence de places arrière, cet essai inusité du TC  m'a permis de découvrir un véhicule se débrouillant quand même assez bien en hiver, bien qu'il propose certaines caractéristiques toutes européennes qui risquent parfois d'avoir maille à partir avec nos conditions climatiques en hiver.

Made in Europe

Avant de l'oublier, je m'empresse de vous parler des caractéristiques européennes du Transit Connect. En général, les concepteurs européens trouvent des solutions intéressantes et généralement originales à des éléments de fonctionnement de tout véhicule. À une certaine époque, alors que plusieurs modèles typiquement européens franchissaient la marre pour se retrouver sur notre marché, on était habitué à ces excentricités. De nos jours, leur nombre est plus limité et en plus les normes européennes ont évolué elles aussi. Pourtant, le Transit Connect se démarque tout de même. En tout premier lieu, le mécanisme qui sert à ouvrir le capot est assez original merci. Et puisqu'au Québec, surtout en hiver on est appelé à ouvrir le capot assez fréquemment afin de remplir le réservoir de lave glace, cet élément est assez important. Les ingénieurs ont décidé de placer le système de verrouillage et déverrouillage du capot sous l’écusson  central placé dans la grille de calandre. Pour ouvrir le capot, il faut faire pivoter l'écusson vers le haut, insérer la clé de contact,  tourner à gauche en premier et à droite par la suite et, presto, on est prêt à soulever le capot. C'est passablement ingénieux vous l'avouerez. Notre véhicule d'essai était relativement neuf et ce mécanisme n'a posé aucun problème. Par contre, je me demande si, après plusieurs mois d'utilisation, ce mécanisme ne s’encrasserait pas   et rendrait  inopérant le système de déverrouillage. Un autre élément à souligner, c'est le manque de protection du compartiment moteur. Notre véhicule d'essai avait roulé quelques semaines à peine dans des conditions hivernales, et il était passablement sali par les projections de la route.

Un autre élément assez inusité est l'utilisation de la clé de contact pour déverrouiller la trappe du réservoir à essence. Première constatation, cette approche est quand même intéressante car elle nous oblige à utiliser la clé de contact pour faire le plein, ce qui signifie qu'on ne peut laisser tourner le moteur pendant qu'on fait le plein. Je sais que c'est contre la loi, mais plusieurs ne coupent pas le moteur lors du remplissage. Seconde constatation, le Transit Connect n'est pas doté du système de remplissage sans bouchon de  Ford  puisque ce mécanisme est réservé aux voitures américaines pour l'instant. Finalement, un bémol, il se peut que la serrure de la trappe à essence s'obstrue et que celle-ci devienne très difficile à ouvrir. Ce qui risque d'apporter certains désagréments.

Enfin, comme c'est souvent le cas avec les voitures européennes et même les plus chers, les ballais d'essuie-glaces ne semblent pas faire bon ménage avec la neige et la glace qui seront souvent le lot en période hivernale.

Pratique, pratique

J’ai toujours apprécié ces véhicules à vocation utilitaire dont la conception est simple et éminemment pratique. Ici, pas de fla-fla, on s'est contenté du strict minimum et on a placé tous les éléments aux bons endroits. C'est le cas de notre Ford à tout faire. En premier lieu, les sièges sont confortables et juste de la bonne hauteur ce qui facilite l'accès à bord et la sortie du véhicule par la suite. Les plastiques sont de bonne qualité et la finition impressionnante pour un  véhicule destiné à des livreurs de pièces ou des artisans de la construction. De plus, les deux portes coulissantes latérales sont solides, faciles à opérer et donnent accès à une vaste soute à bagage dont le plancher est garni d'un épais tapis de caoutchouc permettant de protéger la tôle du plancher tandis que des points d’ancrage très costauds vous permettront d'arrimer pratiquement tout. Personnellement, j'aurais apprécié un hayon à la place des deux portes à battants situées à l'arrière. Mais, puisqu'il s'agit d'un véhicule commercial, on a préféré ces portières qui peuvent être ouvertes indépendamment l'une de l'autre. Ce qui permet d'avoir accès à la soute à bagage de façon très rapide. L'inconvénient de cette conception est le fait que la visibilité arrière est obstruée par cette poutre centrale qui risque d'ennuyer celles et ceux qui ne sont pas habitués à une telle configuration. Par contre, les essuie-glaces arrière fonctionnent très bien et leur système de nettoyage par jets de lave-glace est efficace. Par contre, pour actionner les essuie-glaces arrière, il faut utiliser le levier de droite en le soulevant vers soi pour les actionner et l’abaisser pour interrompre le balayage.
Parmi les autres bons coups des concepteurs, il faut souligner la présence d'une importante tablette de rangement intérieure au-dessus du pare-brise. Cette tablette est suffisamment large pour abriter les objets relativement gros. Par exemple, une bouteille de liquide de lave-glace s'y loge très facilement. Pour empêcher que ces objets vous tombent sur la tête, on a placé un filet de rétention qui semble assez costaud. Pour le reste, c'est simple, bien agencé et toutes les commandes sont à portée de la main.

Nullement intimidé par l’hiver

Bien souvent, ces véhicules d'origine européenne, ne font pas bonne figure dans la tourmente hivernale ou lors de froids intenses. Lors de mon essai au cours de la période des fêtes, j'ai été en mesure de tester ce véhicule par des températures inférieures à moins 20 degrés Celsius et subir des chutes de neige de plus de 25 cm. Notre Ford fabriquée en Turquie s'en est tirée avec tous les honneurs de la guerre. Ma première appréhension était qu'un espace intérieur aussi grand, dans un véhicule provenant d'un continent où la température hivernale est relativement douce, serait difficile à chauffer et long à réchauffer. Je suis heureux de vous annoncer que mes appréhensions n'étaient pas fondées puisque cette fourgonnette à la silhouette très verticale s'est fort bien débrouillée face aux morsures du froid. Il ne fallait pas attendre très longtemps pour être confortable dans l'habitacle et le système pour désembuer le pare-brise était efficace.

Mon autre interrogation était sa capacité de gérer des routes enneigées ou glacées. D'autant plus que son essieu arrière est assez primitif tandis que le véhicule était conduit pratiquement sans aucune charge la plupart du temps. Pour tout vous dire, je n'ai rien remarqué de spécial aussi bien sur chaussée sèche ou enneigée. La même stabilité et le même comportement rassurants se sont  manifestés sur la glace. Cela nous prouve que le véhicule est équilibré. Bien entendu, la silhouette verticale du Transit Connect rend le véhicule sensible aux vents latéraux, mais il ne faut pas en faire un drame pour autant, il s'agit d'agripper le voilant à deux mains, de contre-braquer quelque peu pour compenser et le tour est joué.

Comme toute, j'ai bien apprécié mon expérience hivernale au volant de cette utilitaire. Et il faut souligner qu'il s'agissait d'un modèle sans fenêtre dans les portes coulissantes, sans banquette arrière. Si vous optez pour le modèle doté d’une fenestration plus importante, vous allez bénéficier d'une meilleure visibilité, ce qui sera apprécié lors des manœuvres de recul qui étaient parfois difficiles en raison d’une visibilité assez restreinte.  Sur une note plus positive, les rétroviseurs extérieurs sont de bonnes dimensions et facilitent la conduite en milieu urbain.

En résumé, c'est un bilan fort positif de la période des fêtes passée au volant de cette fourgonnette essentiellement destinée à un usage commercial. Le véhicule est passablement confortable, sa suspension pas trop ferme et les performances de son moteur quatre cylindres de 2,4 litres sont dans la bonne moyenne. La même chose pour la boîte automatique à quatre rapports. Sur la grande route, on avait apprécié un rapport supplémentaire, mais en conduite urbaine cette transmission ne s'est pas révélé un handicap.

Cela augure bien pour les mois à venir puisque les dirigeants de Ford, semble-t-il, ont l'intention d'offrir ce modèle en configurations plus familiales ou même sous forme de taxi. Nous espérons qu'ils mettront leurs projets en branle car  le potentiel est là.