Ford Ranger/Mazda Série B, les bienfaits du temps
Force est d’admettre que la catégorie des camionnettes compactes n’est pas la plus en vogue par les temps qui courent... En raison de cette vague de « plus c’est gros, meilleur c’est », les camions compacts ont tous pris du coffre, à deux exceptions : le duo Ford Ranger/Mazda Série B et le tandem Chevrolet Colorado/GMC Canyon qui sont demeurés des compactes. Les Dodge Dakota, Nissan Frontier et Toyota Tacoma sont devenus plus gros, plus puissants… et aussi plus chers. Pourtant, le Ranger cartonne plus que jamais.
Il est vraiment curieux de constater que la camionnette Ford progresse au chapitre des ventes alors que sa dernière modification remonte à plusieurs années et que sa silhouette trahit fortement son âge. Le secret est bien simple : le constructeur offre une bonne valeur à un prix très compétitif.
Du solide à bas prix
Il faut tout d’abord souligner que le Ranger le moins cher se vend pour environ 17 000 $ et on peut commander le modèle à cabine allongée avec une bonne liste d’accessoires aux alentours de 20 000 $. Pas pire ! Pas pire ! comme le dirait un animateur de radio sportive bien connu… La cabine du Ranger ne déborde pas de luxe, mais il faut avouer que les matériaux sont de qualité, l’assemblage soigné tandis que la disposition des instruments et des commandes est logique. Je n’ai pas parlé de design et de style puisque dans ce cas-ci, personne n’est influencé par ce facteur. Au fil des années, on a modifié certains éléments ici et là, mais tous ne se sont pas harmonisés à la perfection. Par exemple, il faudra vivre avec le plastique relativement luisant de la planche de bord. Et ne comptez pas sur le Super Cab pour transporter votre famille. À moins que votre progéniture ne soit très petite, personne ne sera confortable sur ces strapontins arrière qui ne servent qu’à dépanner et encore, pas pour aller bien loin. Cet espace servira surtout de rangement.
Trois moteurs sont au catalogue : un quatre cylindres et deux moteurs V 6. Notre réflexe serait d’ignorer le moteur quatre cylindres de 2,3 litres, mais ce serait faire fausse route. À moins d’avoir à remorquer quelque chose de lourd, ce quatre en a dedans avec une puissance de 143 chevaux, soit cinq de moins que le moteur V6 3,0 litres. Ce dernier n’est pas particulièrement intéressant et seul son couple supérieur au 2,3 litres explique sa présence au catalogue. Le quatre cylindres est une combinaison encore plus économique lorsqu’il est couplé à la boîte manuelle à cinq rapports. Mais oubliez tout projet d’en faire une camionnette à conduite sportive ! Cette boîte en est une de camion avec des rapports en conséquence et une course de levier qui semble interminable. Si vous roulez majoritairement dans la circulation, la boîte automatique à cinq rapports est plus pratique.
Sur la route, le Ranger suit son petit bonhomme de chemin sans causer d’émotions fortes à son conducteur ou l’irriter. Les moteurs sont quelque peu bruyants en accélération, leur consommation pourrait être meilleure, mais personne ne s’en plaindra. Il se dégage de cette camionnette une impression de solidité. Par contre, l’essieu arrière est rétif sur mauvaise route et les secousses de la chaussée sont ressenties dans le volant. Quant au comportement routier, il est sans surprise, à la condition que la route soit moyennement carrossable. Frappez une section garnie de « planche à laver » et vous devrez vous cramponner au volant. Mais le grand secret est le fait que cette camionnette s’est peaufinée au fil des années et est devenue un véhicule simple, solide, fiable et capable de s’adapter à toutes les tâches. Il faut ajouter que le Super Cab offre une boîte de chargement de six pieds et le modèle à cabine ordinaire une boîte de sept pieds. Il est possible de commander prix raisonnable une version 4X4 dont le différentiel arrière est de type Torsen. Simple et efficace, ce mécanisme est également robuste.
Et la Série B ?
Tandis que Ford fait une forte campagne de commercialisation avec un modèle Ranger qui se vend très bien, en fait même plus qu’il y a une décennie, la camionnette de Série B de Mazda continue sa carrière placidement. Il faut savoir que le constructeur d’Hiroshima s’est maintenu dans le secteur de la camionnette non pas pour devenir un joueur de premier plan, mais davantage pour conserver des clients à la recherche d’une camionnette et qui iraient ailleurs si Mazda n’en proposait pas une. En fin de compte, Série B ou Ranger, il n’y a que l’écusson qui change. Il est vrai que la calandre de la Mazda est différente, que la présentation de l’habitacle est plus recherchée et que les sièges sont meilleurs, mais pour le reste c’est blanc bonnet et bonnet blanc. On y retrouve les mêmes rouages d’entraînement que sur le Ranger.
Par contre, plusieurs acheteurs refusent toujours de négocier avec un constructeur américain et préféreront faire affaire avec une marque japonaise, histoire de se rassurer quant à la qualité du service. Quant aux autres, ils pourront se convaincre qu’ils conduisent une nipponne pure et dure alors qu’il s’agit d’un Ranger déguisée en Mazda... Mais à bien y penser, ce n’est pas une mauvaise affaire puisque le Ranger est solide comme un roc, donc la Série B aussi.
Feu vert
Éléments mécaniques bien adaptés, plate-forme robuste,
capacité de remorquage surprenante,
finition et présentation rehaussées
Feu rouge
Train arrière récalcitrant, silhouette complètement dépassée,
moteur V6 de 3,0 l vétuste,
assise arrière d'appoint (Strapontins)