Ford Explorer, faire sa place au soleil
Depuis quelques années, Ford est devenue une cible facile. Tout produit qui sort de ses chaînes d’assemblage est soit trop gros, soit trop mauvais, soit trop tout. Pourtant, quand on y regarde de plus près, plusieurs véhicules fabriqués par ce manufacturier sont impeccablement adaptés au marché cible. Qu’on pense seulement aux Mustang, Fusion et Explorer. Quoi ? Le gros Explorer dans cette liste des plus exclusives ? Oui, vous avez parfaitement lu. Ce n’est pas parce que ses dimensions sont imposantes qu’il n’est pas adapté aux besoins de bien des gens.
Inutile de jouer à l’autruche verte. Oui, le Ford Explorer consomme beaucoup d’essence. Mais, en revanche, il rend de fiers services et il le fait avec une belle compétence. Certes, si vous rencontrez un citadin du Plateau qui est propriétaire d’un Explorer ou de tout autre véhicule utilitaire sport intermédiaire ou pire, grand format, vous aurez le droit de lui faire des grimaces. L’Explorer est un camion dans le sens où il repose sur un châssis autoportant dérivé de celui de la camionnette F-150. On retrouve deux moteurs au catalogue. Si les performances et les capacités de remorquage ne font pas partie de vos priorités, le V6 4,0 litres de 210 chevaux et 254 livres-pied de couple devrait faire amplement l’affaire. Sa douceur est proverbiale mais sa consommation d’essence est quasiment la même que celle du V8. Sa transmission compte cinq rapports.
Dans la rue comme dans la boue
L’autre moteur est un V8 de 4,6 litres que l’on retrouve aussi dans la Mustang. Alors que dans cette dernière l’échappement émet une sonorité des plus sportives, il faut tendre l’oreille pour l’entendre tourner dans l’Explorer ! Dans ce modèle, il ne développe pas moins de 292 chevaux et 300 livres-pied de couple. Voilà qui est plus que suffisant pour transporter toute la marmaille en vacances ou les outils pour le travail. De plus, les capacités de remorquage s’élèvent à 3 175 kilos lorsqu’équipé en conséquence. Une transmission automatique à six rapports expédie les chevaux aux quatre roues. En effet, l’Explorer est muni d’un rouage 4x4 qui se comporte comme une intégrale en mode « Auto ». Le couple est alors dirigé vers les roues arrière et, si le besoin se fait sentir, un ordinateur enverra une partie de ce couple aux roues avant. Le conducteur a aussi le choix entre 4x4 High pour rouler en mode 4x4 sur la route ou 4x4 Low pour les situations plus dramatiques. Les angles d’approche, d’attaque et ventral, n’en font pas un Hummer H2 mais ils lui permettent de passer à des endroits inaccessibles à bien d’autres véhicules.
Lors de la refonte de l’Explorer en 2006, un des points principaux du cahier de charges portait sur le silence de roulement. Même s’il n’était nul besoin de se boucher les oreilles dans la version antérieure, l’Explorer fait désormais partie des véhicules les mieux insonorisés sur le marché... malgré un climatiseur très bruyant, surtout au départ, du moins dans notre véhicule d’essai. Mais, dans le cas de l’Explorer, silencieux ne veut pas dire endormant à conduire ! Certes, sa direction se montre trop légère et déconnectée et ses suspensions indépendantes aux quatre roues procurent un confort digne d’une automobile. Dans l’ensemble, cependant, l’Explorer se montre plaisant à conduire même s’il ne fait jamais preuve de sportivité. En conduite agressive, le roulis et le manque de maintien latéral des sièges ont tôt fait de rappeler le conducteur à l’ordre. Soulignons le faible rayon de braquage, un plus dans les endroits serrés.
Un peu de F-150
Côté design, l’Explorer est plutôt gâté. Bien qu’on ne puisse pas réinventer le style VUS, les designers de Ford ont su lui donner un aspect à la fois robuste et discret. Si les versions XLT et Limited font preuve de classe, la livrée Eddie Bauer, elle, exhibe une calandre à la F-150 et des bas de pare-choc en polyuréthane foncé du plus bel effet. Parlant de calandre, la partie chromée de celle de l’Explorer reprend le style général des dernières Volkswagen mais semble soulever moins de protestation. Par contre, la plupart des Explorer vus dernièrement n’affichaient pas une finition extérieure des plus achevées…
Le style et la classe de la carrosserie se transportent dans l’habitacle dont le tableau de bord reprend, à peu près et à tout point de vue, celui de la camionnette F-150. On retrouve donc les mêmes jauges et les mêmes commandes qui, dans la majorité des cas, tombent sous la main. Les gens aux doigts courts apprécieraient cependant un levier de clignotants un peu plus long. Depuis la refonte de 2006, le levier de vitesse a trouvé sa place dans la console centrale. Malgré les dimensions généreuses de l’habitacle, l’imposante largeur de cette console donne l’impression qu’il y a moins d’espace qu’en réalité. Les sièges font preuve d’un confort incroyable, autant à l’avant qu’à la deuxième rangée. Dans certains modèles haut de gamme, on retrouve aussi une troisième rangée qui se montre curieusement assez confortable même si l’espace pour la tête et les jambes est très réduit. Cette rangée se remise dans le plancher et forme ainsi un fond plat. Il est possible d’opter pour une commande électrique mais son prix n’en vaut pas la peine. Le hayon, dont la fenêtre s’ouvre séparément, donne sur un coffre très vaste dont le seuil est à égalité avec le plancher. Le pneu de secours loge sous le véhicule. Plus tard durant l’année-modèle 2008, l’Explorer innovera en présentant, en équipement standard, le capless fuel filler ou, si vous préférez, un réservoir d’essence sans bouchon. En fait, il s’agit d’un système aussi ingénieux qu’hermétique qui laisse passer un pistolet de pompe à essence et qui se referme dès qu’on retire le pistolet. Ce mécanisme peut sembler n’être qu’un gadget mais, pour l’avoir essayé lors d’une présentation de Ford, je peux vous assurer qu’on s’y habituera très rapidement. Fini le bouchon qui pend et qui frotte sur le bord de l’aile arrière ! De plus, les gens souffrant d’arthrite et de divers problèmes aux mains apprécieront grandement ce nouveau système. Parmi les autres nouveautés présentées dans l’Explorer, on retrouve le Sync, un système de divertissement et d’information commandé par la voix. Il s’agit d’une interface logicielle pouvant accepter n’importe quel support et n’importe quel format sans intervention des occupants. Ce système est souvent comparé à un Windows roulant… pas étonnant puisque c’est Microsoft qui est derrière ce projet !
Feu vert
Moteur doux et performant (V8), 4x4 sérieux,
habitacle spacieux et silencieux, 'capless fuel filler' plus tard cette année,
rayon de braquage court
Feu rouge
Consommation d'ivrogne, dimensions imposantes,
moteur V6 plus ou moins utile,
direction trop légère, prix élevés