Un retour pour le Dodge Journey?
On le sait, le paysage automobile mexicain diffère énormément du nôtre. Parce que les besoins et les mœurs diffèrent et parce que les budgets des acheteurs ne sont hélas pas aussi élevés que les nôtres.
Au cours d’un petit périple durant la semaine de relâche du côté de Cancún, j’ai pu à nouveau constater à quel point le parc automobile mexicain regorge de curiosités automobiles. Par exemple, des voitures et VUS de la marque anglaise MG, aujourd’hui aux mains d’un groupe Chinois, de même qu’une gamme Chevrolet composée des nouvelles berlines Aveo et Onix, d’une Cavalier Turbo, d’un Tracker et de nouveaux petits VUS comme le Groove et le Captiva.
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Bref, on retrouve là-bas plusieurs voitures qui pourraient sans doute avoir un certain succès au Québec, mais sans doute beaucoup moins dans le reste de l’Amérique du Nord. Or, quelle ne fut pas ma surprise de découvrir là-bas deux véhicules Dodge qui ne nous sont pas offerts chez nous. D’abord, une berline sous-compacte qui, dans les faits, n’est rien d’autre qu’une Mitsubishi Mirage G4 à laquelle on a greffé une calandre Dodge, et qu’on commercialise sous le nom de Dodge Attitude. Une voiture qui comme vous l’aurez constaté, porte ainsi très mal son nom.
Dodge Journey 2.0
L’autre grande curiosité de Dodge sur le marché mexicain consiste en un nouveau Journey 2022. Tout nouveau tout beau, avec des lignes franchement inspirantes et qui se compare directement avec les VUS de notre marché, comme le Chevrolet Equinox, le Honda CR-V et le Toyota RAV4 (trois véhicules assemblés au Canada).
Il faut d’abord rappeler qu’après avoir connu un succès monstre qui allait s’étirer sur une bonne dizaine d’années, Dodge a abandonné le Journey en 2020. Un véhicule à succès qui fut très populaire chez nous, et qui a même été vendu en Europe sous le nom de Fiat Freemont. Uniquement sur le marché américain, Dodge a écoulé tout près d’un million d’unités du Journey.
Malgré certains chambardements internes chez FCA (devenue Stellantis), il était donc difficilement compréhensible de constater que Dodge n’avait guère l’intention de renouveler le Journey, qui se trouvait pourtant dans un segment très en vogue. Avares de commentaires, les stratèges du constructeur n’ont aucunement voulu commenter cette décision, même si on ne cessait par ailleurs de mentionner vouloir mettre l’emphase sur la marque Jeep. Et l’ironie, c’est que nous savons aujourd’hui que Dodge se prépare à dévoiler le Hornet, un petit VUS qui sera dérivé du nouvel Alfa Romeo Tonale 2023.
Pourquoi pas chez nous?
Alors, si les Mexicains ont désormais droit à un nouveau Journey, pourquoi pas nous? Encore une fois, les relations publiques de Stellantis refusent de répondre à nos questions, se contentant de confirmer qu’il s’agit d’un produit exclusivement mexicain. C’est toutefois en fouillant un peu qu’on découvre l’origine de ce Journey nouveau genre, dont les gênes ne sont clairement pas américaines. En fait, la filiale mexicaine de Dodge, qui avait besoin d’un VUS du genre, a conclu une association avec la Chinoise GAC Group qui commercialise le Trumpchi GS5. Un véhicule que le constructeur avait dévoilé à Detroit il y a quelques années, bien qu’il n’ait chez nous jamais franchi d’étapes supplémentaires menant à une potentielle commercialisation.
Les stratèges de Dodge ont donc choisi de recarrosser légèrement ce véhicule en lui donnant une allure plus « américaine » afin de le commercialiser au Mexique, en reprenant le nom Journey, pour lequel Dodge avait toujours les droits. En somme, un VUS qui a une belle gueule, fort sympathique, bien que muni d’un quatre cylindres de 1,5 litre turbo de 169 chevaux, qu’on jumelle à une boîte automatique à six rapports. Rien de très impressionnant.
Est-ce que ce Journey « made in China » et vendu pour l’équivalent de 34 500 $ aurait chez nous une chance de succès? Peut-être, peut-être pas. Or, il est clair que pour le Canada et les États-Unis, la stratégie de Dodge diffère totalement de celle de la division mexicaine. Une stratégie qu’on a d’ailleurs bien hâte de découvrir, considérant que la gamme actuelle est de loin la plus vieillissante de tous les constructeurs présents sur le marché canadien.