Conflit en Ukraine : des impacts pour les constructeurs automobiles
Le constructeur automobile britannique Jaguar Land Rover (JLR) a annoncé mardi la suspension de ses livraisons de véhicules en Russie, dans un pays qui voit se multiplier les sanctions occidentales sur son économie.
« Nous suspendons la livraison de véhicules sur le marché russe », a annoncé JLR, qui appartient au groupe indien Tata, dans un communiqué transmis à l’AFP, pointant « les défis commerciaux » posés par le contexte mondial actuel.
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Le ministre britannique des Entreprises, Kwasi Kwarteng a salué la décision du constructeur mardi sur Twitter.
« Il y a maintenant un nombre croissant d’entreprises et de gouvernements qui se joignent à l’ensemble de la communauté internationale pour isoler la Russie, tant sur le plan diplomatique que financier », a-t-il indiqué.
La décision du constructeur automobile intervient dans la foulée de plusieurs annonces d’entreprises britanniques et plus largement occidentales, indiquant prendre leurs distances avec la Russie.
Le géant britannique des hydrocarbures Shell a annoncé lundi se séparer de ses parts dans plusieurs projets communs avec le groupe russe Gazprom en Russie, suivant l’exemple de son compatriote BP qui se désengage du russe Rosneft.
Le français TotalEnergies a annoncé mardi qu’ « il n’apportera plus de capital à de nouveaux projets en Russie ». Les mastodontes du divertissement Disney et Sony Pictures ont suspendu la sortie de leurs films dans les salles de cinéma en Russie.
Le premier constructeur mondial de poids lourds Daimler Truck a pour sa part suspendu lundi « jusqu’à nouvel ordre » ses activités en Russie, dont une coopération « de nature civile » avec le producteur de camions Kamaz qui fournit également l’armée russe.
Certaines entreprises ont répondu à la guerre en Ukraine « en gelant les transactions avec Moscou et en abandonnant des investissements financiers valant des milliards » a commenté Susannah Streeter, analyste pour Hargreaves Lansdown et « davantage d’entreprises devraient leur emboîter le pas », selon elle.
D'autres constructeurs emboitent le pas
Les deux plus grands groupes automobiles mondiaux, Toyota et Volkswagen, ont annoncé jeudi la suspension de leur production en Russie, en raison des répercussions de la guerre en Ukraine.
Le constructeur japonais va arrêter sa production « jusqu’à nouvel ordre » à partir de vendredi, ainsi que ses importations, invoquant des « perturbations de la chaîne d’approvisionnement » liées au conflit russo-ukrainien.
Volkswagen va « interrompre à effet immédiat les exportations vers la Russie », qui représentait avec 220 000 unités en 2020 et 2,4 % des ventes, a indiqué un porte-parole, alors que les livraisons aux concessionnaires étaient déjà à l’arrêt.
Le groupe va également fermer « jusqu’à nouvel ordre » ses deux sites à Kalouga et Nijni Novgorod, employant quelque 4 000 personnes, qui seront payées dans le cadre du chômage partiel.
Volkswagen a déjà dû interrompre temporairement la production sur plusieurs sites en Allemagne par manque d’approvisionnement de la part de fournisseurs en Ukraine.
L’usine Toyota de Saint-Pétersbourg a produit 80 000 véhicules l’an dernier, essentiellement pour le marché local, et emploie « environ 2 600 personnes », a précisé à l’AFP une porte-parole de Toyota, dont les ventes en Russie sont marginales à l’échelle du groupe.
Les « perturbations de la chaîne d’approvisionnement » évoquées par le groupe dans un communiqué sont liées à l’invasion de l’Ukraine par la Russie et aux sanctions internationales qui se sont abattues depuis sur Moscou, a confirmé cette porte-parole.
« Les autres opérations de production et de vente dans le reste de l’Europe ne sont pas affectées », a encore précisé le groupe.
Les constructeurs BMW et Mercedes-Benz ont annoncé mardi et mercredi l’arrêt des exportations et de la production locale.
Le plus grand constructeur de camions au monde, Daimler Truck, a en outre mis fin à sa collaboration avec le constructeur automobile russe Kamaz, qui fournit également l’armée russe.
D’autres constructeurs automobiles nippons ont également suspendu ou réduit leurs activités en Russie, mais leur exposition à ce marché est limitée.
Mazda et Honda aussi
Mazda va ainsi cesser d’envoyer des pièces à son usine de Vladivostok, dans l’Extrême-Orient russe, qu’il exploite avec la société automobile locale Sollers. « La situation change de jour en jour et les incertitudes et les risques pour notre activité augmentent », a justifié un porte-parole du groupe jeudi auprès de l’AFP.
Mazda a vendu l’an dernier 29 000 véhicules en Russie via sa coentreprise avec Sollers, a-t-il précisé.
« Toutes les exportations de produits de Honda vers la Russie ont été suspendues jusqu’à nouvel ordre », a déclaré à l’AFP une porte-parole de cet autre constructeur japonais, en invoquant les « défis » posés par la logistique et les sanctions financières internationales contre Moscou.
Mais Honda a exporté à peine 3 000 voitures et deux-roues l’an dernier vers ce pays, où il n’a pas d’usine.
Une porte-parole de Nissan, qui dispose lui d’une usine à Saint-Pétersbourg ayant produit 45 000 véhicules en 2021, a indiqué jeudi à l’AFP que la production sur place continuait pour le moment.
En fonction de l’évolution des approvisionnements et de l’impact des sanctions contre la Russie, Mitsubishi Motors, qui exploite une usine près de Moscou avec le géant franco-italo-américain Stellantis, n’exclut pas de suspendre sa production et ses ventes dans le pays, où il a vendu l’an dernier 21 000 véhicules, a signalé jeudi à l’AFP un porte-parole de la marque aux trois diamants.
Ferrari suspend sa production pour le marché russe
Le fabricant italien de voitures de luxe Ferrari a décidé de suspendre sa production à destination du marché russe à la suite de l’invasion de l’Ukraine par Moscou, a indiqué un porte-parole à l’AFP.
Ferrari ne possède pas d’usine en Russie et tous les véhicules vendus sur ce marché sont produits sur les sites italiens de Maranello et Modène, a précisé ce porte-parole.
La marque au cheval cabré vend moins d’une centaine de voitures chaque année en Russie — sur 11 155 livrées dans le monde en 2021 — et y est représentée par deux concessionnaires indépendants.
Le constructeur a par ailleurs annoncé faire un don d’un million d’euros en soutien aux réfugiés ukrainiens.
« Nous jouons notre modeste rôle aux côtés des institutions qui apportent un secours immédiat » aux populations affectées, a souligné dans un communiqué le patron de Ferrari, Benedetto Vigna.
Stellantis suspend ses exportations et importations de Russie
Le groupe automobile Stellantis a annoncé qu’il suspendait toutes ses exportations et importations de voitures de Russie à la suite de l’invasion de l’Ukraine, mais qu’il allait poursuivre sa production locale.
« Toutes les exportations de voitures de Stellantis vers la Russie, et les importations de Russie, sont suspendues », indique dans une déclaration l’entreprise issue de la fusion du français PSA et de l’italo-américain Fiat Chrysler.
En revanche, la production d’utilitaires dans son usine de Kalouga, au sud de Moscou, « se poursuit à un niveau très faible », a précisé une porte-parole de Stellantis à l’AFP.
Dans sa déclaration, le groupe assure « suivre attentivement les règlementations internationales » et adapter son activité pour refléter les sanctions internationales à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Stellantis, qui possède de nombreuses marques (Citroën, Fiat, Jeep, Peugeot...), représentait une part de marché de 1,5 % en Russie l’an dernier.