Achèteriez-vous une Nissan Micra à 30 000$ ?
En 2021, le prix moyen d’une voiture neuve avoisinait les 45 000 $. C’est d’ailleurs le prix d’une fourgonnette Chrysler d’entrée de gamme en 2022, qui se vendait à 25 000 $ il y a tout juste trois ans.
Pensez aussi à la Honda Civic, voiture la plus vendue au pays, dont le prix moyen dépasse désormais 30 000 $. Une flambée des prix, vous dites? Et comment! Au même titre que les propriétés sur lesquelles elles sont stationnées, à la différence qu’elles ne gagnent pas encore en valeur…
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Les sous-compactes en voie d’extinction
Autant le dire, la voiture « économique » est tranquillement appelée à disparaître. Car s’il existe quelques survivantes, soyez assuré que d’ici peu, elles ne seront plus. D’ailleurs, General Motors confirmait récemment la disparition en cours d’année de la petite Spark, ne laissant comme sous-compactes que les Kia Rio, Mitsubishi Mirage et Nissan Versa. Ces dernières, en les additionnant, totalisaient en 2021 moins de 10 000 ventes à l’échelle nationale. Et l’ironie, c’est que la Spark dominait le segment avec 6 145 véhicules vendus.
Il est évident que le marché de la sous-compacte est à la dérive parce que les constructeurs le délaissent massivement, en nous faisant même croire qu’il n’est plus pertinent pour eux de s’y trouver. Par exemple, prenez une berline Nissan Versa vendue à 2 900 unités, en comparaison avec le Nissan Kicks, vendu à 18 750 unités. Ces deux véhicules sont essentiellement le même produit, présenté sous une forme différente. Or, dans le cas du Kicks, la facture est plus élevée d'environ 4 000 $ à équipement équivalent par rapport à la Versa, pour un coût de fabrication quasi similaire. Alors, croyez-vous réellement que Nissan Canada veuille s’entêter à vendre la Versa?
Maintenant, cela ne signifie pas que la voiture sous-compacte soit impertinente. Au contraire, puisque jamais sur le marché d’occasion, les Hyundai Accent, Nissan Micra et Toyota Yaris de ce monde n’ont valu aussi cher. Pour un modèle usagé de trois ans à bas kilométrage, vous pourriez même débourser un montant avoisinant le prix d’achat initial. Vous avez bien compris, aucune dépréciation en trois ans, ou presque!
Cela illustre ainsi que la demande y est, du moins pour des modèles qui ont la cote, et que les gens sont prêts à débourser pour les obtenir. Considérez également le prix exorbitant du carburant et les espaces souvent restreints dans les milieux urbains, et vous aurez compris que la sous-compacte est pour bien des gens un choix on ne peut plus logique.
Un retour en vue?
Si Hyundai et Toyota ont respectivement abandonné leur Accent et Yaris, pour ne prendre que ces deux exemples, c’est bien sûr pour une question de rentabilité, mais aussi parce que l’on préfère mettre l’emphase sur les Elantra et Corolla, toujours très populaires. Et puisque l’industrie nord-américaine a toujours considéré que plus gros valait plus cher, il y avait un certain illogisme à vendre une Accent au prix d’une Elantra. Et il y a fort à parier qu’en ramenant sur le marché des sous-compactes soi-disant abordables avec un équipement minimaliste, le même phénomène se répèterait.
Je suis toutefois d’avis qu’une Toyota Yaris hybride telle qu’on la vend en Europe, avec un équipement plus cossu, aurait des chances de succès. Même chose pour la Ford Fiesta, la Hyundai i20 ou la Nissan Micra européenne.
Des voitures consommant moins de 5 L/100 km, qui proposent une technologie de pointe et un équipement de luxe, mais qui ne sont pas considérées comme étant des véhicules d’entrée de gamme. Des automobiles qu’il faudrait vendre chez nous entre 28 000 $ et 35 000 $ pour qu’elles soient rentables, et qui conserveraient sans doute une bonne valeur, dans un marché où la tendance oscille entre VUS à essence et voitures électriques.
En raison de la flambée des prix de l’essence, mais aussi parce que certaines personnes ne souhaitent pas conduire un VUS ou une berline plus volumineuse comme la Civic ou la Sentra, je crois donc au retour progressif de la sous-compacte. À des voitures plus raffinées et luxueuses, parfois plus performantes, mais surtout très économiques, et qui seraient aussi intéressantes pour le public que pour le constructeur.
Reste à voir si ce type de voiture, qui connaît beaucoup de succès en Europe, pourrait un jour rouler chez nous. Parce que pour l’heure, nous n’avons que la Mini Cooper, plus nichée, mais qui demeure pourtant plus pertinente que jamais.