Jeep Compass 2022 : proposition indécente
Points forts |
|
---|---|
Points faibles |
|
Inutile de vous dire que le segment des VUS compacts est très prisé. Il suffit de jeter un œil par la fenêtre pour réaliser à quel point ce genre de véhicule envahit le paysage automobile d’aujourd’hui.
Les VUS compacts comptaient en 2021 pour 30% des ventes de camions légers au pays, avec environ 400 000 unités écoulées. Presque 100 000 de plus que les camionnettes pleine grandeur, et plus du double par rapport aux berlines compactes qui perdent chaque année en popularité.
- À lire aussi: En studio : pourquoi les Jeep sont-ils aussi chers?
- À lire aussi: Les petits VUS, source d’une grande insatisfaction
Jeep, qui profite de la vague de popularité des VUS, ne réussit toutefois pas à se tailler une place de choix chez les plus petits. En effet, si le Grand Cherokee est encore très convoité, force est d’admettre que les Renegade et Compass croulent dans la cave des palmarès de ventes. Même le Cherokee, inchangé depuis 2014, perd énormément de parts de marché. Est-ce que les retouches apportées cette année au Compass, dont la dernière refonte remonte à 2017, permettront de rattraper la concurrence?
Ventes symboliques
L’an passé, Ford, Hyundai et Mazda écoulaient respectivement autour de 26 000 unités de leur Escape, Tucson et CX-5. Chez Nissan, 30 000 Rogue trouvaient preneur, alors que le Honda CR-V s’écoulait à 51 000 unités. Puis, chez Toyota, on dénote pas moins de 62 000 ventes avec le RAV4. Des chiffres mirobolants qui témoignent de la forte demande dans ce segment.
Hélas, Jeep ne réussissait même pas l’an dernier à vendre 6 000 unités de son Compass. Un modèle visiblement oublié de la clientèle, sachant d’autant plus qu’une partie de ce nombre allait garnir les parcs de location à court terme. En fait, il n’y a que le Mitsubishi Eclipse Cross qui, avec 4 520 ventes, permet à Jeep d’éviter le dernier rang des ventes.
Plus sérieux en termes de qualité qu’à une certaine époque, le Compass se trouve actuellement dans un segment où la concurrence est plus féroce que jamais. En effet, si on le comparait jadis à des modèles plus compacts (comme le Mitsubishi RVR), le Compass se situe dans un segment supérieur, bien que le Renegade (plus compact) affiche aujourd’hui un prix d’entrée plus élevé. Un non-sens qui explique d’ailleurs pourquoi Jeep ne vendait que 303 Renegade en 2021.
Quoi de neuf?
Vu de l’extérieur, le Jeep Compass change peu. Quelques retouches esthétiques à la partie avant sont visibles, de même qu’aux jantes et à quelques artifices de finition. Vous observerez par contre beaucoup plus d’évolution à l’intérieur, où la planche de bord accueille désormais une nouvelle instrumentation de même que cet écran central tactile de 10,25 pouces, sur les modèles les plus huppés. Il en résulte un habitacle plus invitant, au point de faire tomber les préjugés défavorables face à ce modèle qui n’a pas toujours eu très bonne réputation. Surtout en matière de qualité d’assemblage et de finition.
Histoire de se mettre à la page, Jeep effectue également une mise à niveau au chapitre de la sécurité active. On y propose donc l’ensemble des caractéristiques de conduite assistée, de détection, d’alertes et de conduite semi-autonome. Des gadgets qui font évidemment grimper la facture, mais qui sont de plus en plus exigés par les acheteurs.
Le Compass, bien qu’amélioré, demeure néanmoins plus petit et moins spacieux que la moyenne. Il accorde autour de 20 cm de longueur à ses rivaux, qui fournissent conséquemment plus de dégagement aux places arrière et dans le coffre. Puis, parce que leur empattement est généralement plus long, le confort du Compass se voit aussi affecté. Remarquez, Jeep a travaillé sur cet aspect en modifiant les éléments suspenseurs et en ajustant l’amortissement, spécifiquement dans l’optique d’un meilleur confort. Des efforts amoindris sur notre véhicule d’essai par des jantes de 19 pouces, tout simplement très volumineuses pour ce modèle.
Cela dit, le poste de conduite est invitant et franchement bien conçu sur le plan ergonomique. D’ailleurs, malgré la quantité de gadgets se trouvant sur notre modèle d’essai, tout était intuitif et facile d’accès. Ajoutons de bons mots pour les sièges, confortables à souhait et proposant une bonne latitude au chapitre des réglages.
Trailhawk, pour l’aventure
Si certains rivaux débarquent avec des versions davantage conçues pour la conduite hors route (Ford Bronco Sport, GMC Terrain AT4, Subaru Forester Wilderness, Toyota RAV4 Trail), Jeep continue de montrer son expertise en matière de conduite hors route. Avec le Compass, cela se fait via la version Trailhawk, se démarquant par une meilleure garde au sol, des pneumatiques mieux adaptés, des plaques de soubassement ainsi qu’un mode de démultiplication de la transmission. Ajoutez à cela une assistance à la descente en pente et vous avez là un véhicule capable de faire face aux pires conditions.
Bien que l’on puisse faire plusieurs reproches au moteur à quatre cylindres Tigershark de ce Jeep, il faut admettre que ce dernier est généreux en couple dès l’effleurement de l’accélérateur. Un avantage non négligeable en conduite hors route, mais aussi, au quotidien. Hélas, ce moteur exploitant la technologie Multiair issue de chez Fiat s’avère grognon et passablement gourmand. En effet, la cote de consommation moyenne annoncée est de 9,5 L/100 km, avec comme résultat lors de notre essai en hiver une moyenne enregistrée à 11,2 L/100 km. Jumelée à une boîte automatique à 9 rapports, cette mécanique de 177 chevaux ne manque guère de puissance, mais n’est certainement pas aussi raffinée et technologiquement convaincante que ce que proposent les concurrents.
Quoi? Combien?
Parce que moins spacieux, moins raffiné et plus gourmand que la majorité de ses rivaux, le Compass perd de sérieuses parts de marché. Sa valeur sur le marché d’occasion est également moindre que celle de ses rivaux, surtout lorsque s’effectue l’exercice de dépréciation en pourcentage, par rapport au prix de vente. Or, avec une majoration considérable de l’échelle de prix pour 2022, ainsi qu’avec l’absence totale de rabais auxquels Jeep nous a toujours habitués, l’offre financière du Compass devient carrément indécente.
En effet, avec une échelle de prix variant de 31 390 $ à 44 690 $, Jeep affiche son Compass à un prix supérieur à la concurrence. Et attention, il faut considérer que la version Sport de base est passablement dénudée et dépourvue du rouage intégral. Quant à notre modèle d’essai, une version Limited fardée d’options, le prix final frôlait le seuil psychologique des 50 000 $. Une somme supérieure à celle exigée par Toyota pour la plus luxueuse des versions hybrides de son RAV4, lequel est plus spacieux et confortable, plus puissant et moins gourmand, sans égard à la dépréciation. Un exemple parmi tant d’autres qui prouve que le Jeep Compass n’est plus dans la course, malgré ses améliorations, principalement en raison d’une facture tout simplement trop élevée.
En terminant, sachez aussi que Jeep ose afficher un taux de location à 6,69% pour son Compass, avec une valeur résiduelle bien en deçà de celle de la concurrence. Résultat, notre modèle d’essai coûtait en location la rondelette somme de 821 $ par mois (taxes incluses), pour une durée de quatre ans avec une allocation de 18 000 km par année. Juste pour vous donner une idée, il s’agit d’un montant supérieur de 24 $ par mois à ce que vous coûterait par exemple la location d’un Acura RDX Tech de milieu de gamme, pourtant 2 000 $ plus cher…