Biden fait revenir la production de semi-conducteurs aux États-Unis
WASHINGTON | Joe Biden s’est associé vendredi à l’annonce du géant Intel d’un investissement massif de 20 milliards de dollars pour produire aux États-Unis des puces électroniques, dont la pénurie contribue à la flambée de l’inflation, urgence économique du moment.
«C’est un investissement véritablement historique aux États-Unis et pour les travailleurs américains», a réagi le président américain depuis la Maison-Blanche, y voyant un moyen d’assurer à l’avenir l’indépendance économique du pays.
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Il martèle que l’inflation galopante aux États-Unis est directement liée aux problèmes de chaînes d’approvisionnement mondiaux et presse les industriels de faire revenir la production aux États-Unis.
Ces puces informatiques sont essentielles pour un grand nombre de secteurs et de produits allant des voitures aux téléphones intelligents en passant par les équipements médicaux et même les aspirateurs.
Intel a annoncé la construction, à partir de la fin de l’année, de deux usines de semi-conducteurs à proximité de la capitale de l’État de l’Ohio, Columbus, avec l’objectif de faire démarrer la production de puces à partir de 2025.
C’est un investissement «initial», a précisé son patron Pat Gelsinger, aux côtés de Joe Biden à la Maison-Blanche, évoquant 100 milliards de dollars d’investissements pour la prochaine décennie pour répondre aux besoins des entreprises en semi-conducteurs.
Sécurité nationale et économique
Joe Biden a, lui, souligné l’énorme potentiel économique en prenant l’exemple des voitures, dont 4% des composants sont actuellement des semi-conducteurs. En 2030, ceux-ci représenteront 20% de la fabrication des automobiles.
«Mon administration va continuer à utiliser tous les outils à sa disposition pour sécuriser les chaînes d’approvisionnement, renforcer notre résilience économique et fabriquer plus en Amérique, parce qu’in fine, il s’agit de sécurité nationale, de sécurité économique», a souligné l’hôte de la Maison-Blanche.
Selon lui, les nouvelles usines d’Intel dans l’Ohio sont aussi «un symbole de ce qu’est l’Amérique»: des personnes de tous horizons travaillant ensemble pour avoir «l’industrie la plus sophistiquée» au monde.
Intel envisage d’embaucher 3000 personnes pour ces sites, dont la construction mettra à contribution 7 000 ouvriers du bâtiment.
Avec la pandémie qui a mis en lumière la dépendance industrielle à l’Asie, les gouvernements, en particulier aux États-Unis et en Europe, sont devenus soucieux de sécuriser leur approvisionnement en semi-conducteurs après des années au cours desquelles la fabrication s’est déplacée vers des pays asiatiques à moindres coûts.
L’enjeu est aussi diplomatique puisque les puces sont en grande partie fabriquées à Taïwan, sur lequel la Chine a exprimé des revendications territoriales.
«Les États-Unis étaient autrefois en tête du monde dans la fabrication mondiale de semi-conducteurs», a rappelé la Maison-Blanche. «Mais au cours des dernières décennies, les États-Unis ont perdu leur avantage: notre part de la production mondiale de semi-conducteurs est passée de 37% à seulement 12% au cours des 30 dernières années», a-t-elle déploré.
Joe Biden a fait son allocution avec ce slogan en toile de fond: «A future made in America» («Un avenir fabriqué en Amérique»).
Les conseillers économiques de Joe Biden ont par ailleurs observé que l’an passé, un tiers des augmentations annuelles des prix était dû «uniquement aux prix élevés des voitures», là où la pénurie de puces a le plus sévi.
Joe Biden a donc pressé vendredi le Congrès à adopter une législation visant à renforcer la recherche et le développement ainsi que la fabrication aux États-Unis de produits essentiels.
Peu d’effet à court terme
Le patron d’Intel a, lui aussi, pressé les législateurs à aller de l’avant. «Nous prenons notre part [de travail], mais nous ne pouvons pas tout faire tout seuls», a-t-il souligné, mettant en avant les énormes retombées économiques.
Le Sénat avait adopté en juin dernier une loi sur l’innovation et la concurrence. «L’administration travaille avec la Chambre et le Sénat pour finaliser cette législation», a indiqué la Maison-Blanche.
Le texte comprend le financement du «CHIPS for America Act», qui fournira 52 milliards de dollars «pour catalyser davantage d’investissements du secteur privé et maintenir le leadership technologique américain», selon la Maison-Blanche.
Depuis le début de 2021, l’industrie des semi-conducteurs a annoncé près de 80 milliards de dollars de nouveaux investissements aux États-Unis jusqu’en 2025, selon les données de la fédération du secteur, citées par la Maison-Blanche.
Selon la secrétaire au Commerce, Gina Raimondo, «les consommateurs américains peuvent s’attendre à des prix plus bas» grâce au retour de la production des semi-conducteurs qui font tourner notre économie.
Pour autant, compte tenu des délais pour commencer la production, il y aura peu d’effet sur l’inflation à court terme.