Lincoln MKT 2010, c'est en dedans que ça se passe!
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Curieusement, alors que la crise économique a entraîné une restructuration majeure des trois constructeurs américains, le nombre de modèles proposés à la clientèle n’a guère diminué, du moins pour le moment. Dans ce contexte pour le moins paradoxal, il faut que les manufacturiers proposent des véhicules qui se distinguent de la masse pour pouvoir espérer en vendre le plus possible et, ainsi, faire des profits. Mais si ces modèles se distinguent trop, l’inverse peut arriver!
Au printemps dernier, Lincoln dévoilait un nouveau VUS (ou multisegment, je ne sais plus!), le MKT. Pour se distinguer de la masse, ce MKT ne rate pas son coup… Oh que non! Je pourrais passer la moitié de ce texte à décrire sa grille pour le moins agressive, sa partie arrière inclinée soulignée par une large bande rouge incorporant les feux, les longues vitres latérales teintées à l’arrière et qui lui donnent si bien l’allure d’un corbillard (dixit mon épouse, moi je n’aurais jamais osé le dire…)
De l’espace… mais pas partout
Cependant, le MKT, c’est bien plus qu’un physique disons… différent. Tout d’abord, il faut mentionner que le MKT est gros, très gros. En fait, il s’agit d’un Ford Flex endimanché. Même si les deux véhicules partagent le même châssis et les mêmes organes mécaniques, le MKT mesure près de 6 pouces de plus (147 mm pour être précis). Pourtant, le Flex est plus large de 58 mm. Est-ce pour cette raison que l’espace dévolu au rangement est plus important du côté du Ford que du Lincoln (2356 litres contre 2150 quand tous les sièges sont baissés)? Car, ne l’oublions pas, l’un comme l’autre propose trois rangées de sièges. Aussi, le MKT pèse environ 100 kilos de plus que son "petit" frère.
De prime abord, l’habitacle du MKT impressionne. Par son immensité, tout d’abord mais ensuite par la qualité des matériaux et de leur assemblage. Malgré les nombreuses fonctionnalités, les designers de Ford ont su limiter le nombre de boutons au tableau de bord et ceux qui restent sont faciles à comprendre et à manipuler. Nous leur en sommes gré. Par contre, l’écran tactile qui trône au centre du tableau de bord recèle, et ce n’est pas long, de tâches de doigts lorsqu’il n’est pas utilisé. Ce n’est pas très joli. Si la visibilité vers l’avant ne cause aucun problème, on ne peut en dire autant de celle vers l’arrière, la vitre étant trop petite. Heureusement, notre MKT d’essai possédait une caméra de recul! Les sièges avant font preuve d’un confort à toute épreuve. Parlant de confort, le silence de l’habitacle est notable, même en pleine accélération.
Les gens assis à la deuxième rangée n’auront pas, non plus, à se plaindre, profitant d’amplement d’espace pour les jambes et la tête. Outre des portières très larges qu’il faut apprendre à retenir dans les stationnements serrés, il n’y a pas grand-chose qu’on peut reprocher au MKT au niveau de l’habitabilité des deux premières rangées. Les places de la troisième rangée, par contre, n’offrent pas suffisamment de dégagement, autant pour les jambes que pour la tête. Ce qui est surprenant, compte tenu des dimensions quasiment outrageuses du MKT!
Qu’est-ce qui est meilleur qu’un turbo? Deux turbos!
Notre MKT d’essai était doté du nouveau V6 3,5 litres Ecoboost. Avec ses 355 chevaux et ses 350 livres-pied de couple, inutile de préciser que ce moteur est à l’origine de performances très relevées. Le 0-100 km/h est évacué en 7,0 secondes tandis qu’une reprise entre 80 et 120 km/h ne demande que 5,3 secondes. Des chiffres éloquents quand on sait que le MKT pèse tout de même 2 233 kilos! Avec ce moteur double turbo, Ford offre la puissance d’un V8 avec l’économie d’un V6. Yé. Sur papier, c’est super! Ford parle d’une consommation diminuée de 20% par rapport à un V8. Soit. Mais c’est quand même beaucoup. Sur le site du constructeur, on annonce une moyenne sur la route de 9,2 litres/100 km et de 13,1 en ville. Après notre semaine d’essai où, il est vrai, nous n’avons pas été plus doux avec l’accélérateur qu’à l’accoutumée, l’ordinateur de bord indiquait 16 litres aux cent… Notre parcours s'est effectué à 50% en ville. Heureusement, ce double turbo s’accommode d’essence régulière.
Un autre moteur est offert. Il s’agit d’un V6 de 3,7 litres de 268 chevaux et 267 livres-pied de couple. Pour avoir fait l’essai de ce moteur dans un Ford Flex, je peux avancer sans trop me tromper qu’il fait l’affaire dans 95% des cas. Ce qui est décevant, c’est que, peu importe le moteur, la capacité de remorquage est la même, soit 4 500 livres (2000 kilos). Ceci enlève un avantage potentiel à l’Ecoboost.
La transmission est une automatique à six rapports au fonctionnement doux et sans reproches. Elle offre un mode manuel dont on se lasse vite si on n'a pas à remorquer dans des régions montagneuses. À 100 km/h, elle permet au moteur de ne tourner qu’à 1 600 tours/minute (2 000 à 120). Imaginez la consommation s’il fallait que le moteur « révolutionne » davantage! Cette boîte relaie le couple aux quatre roues grâce à un rouage intégral. Aux États-Unis, la version de base, doté du V6 régulier peut être dotée de la traction. De notre côté des méchants douaniers, nous n’avons pas cette version qui, de toute manière, ne se vendrait à peu près pas. Et comme le MKT ne risque déjà pas de se vendre beaucoup, on comprend facilement la décision de Ford de ne pas l’offrir!
Véhicule abordable, pneus dispendieux
En conduite le moindrement agressive ou lorsque la chaussée est moins coopérative, le système de la stabilité latérale intervient inopinément et de façon fort bruyante. Mais il faut avouer que notre MKT était un modèle de pré-production et qu’il est fort probable que les unités actuelles ne présentent plus ce défaut. Parlant de défaut, le MKT a droit à de superbes jantes entourées de pneus de 20 pouces. L'ensemble est très esthétique mais aussi très, très coûteux à remplacer…
Le Lincoln MKT joue dans la même ligue que les Acura MDX, Audi Q7, BMW X5, Mercedes-Benz Classe R, Volvo XC90 et autres imposants multisegments de luxe. Moins dispendieux que ses comparses et souvent plus confortable, ses lignes vraiment à part ne suffiront sans doute pas à lui assurer des chiffres de ventes très élevés, ce qui, de toute façon, n’est pas dans son mandat. Après une semaine d’essai, je ne m’étais toujours pas habitué à sa carrosserie pour le moins particulière. Mais pour le reste, je serais preneur demain matin!