Nissan accélère le tempo dans l’électrification de ses véhicules
Le constructeur automobile japonais Nissan, allié du français Renault et ancien pionnier de l’électrique, a dit lundi viser une part de 50% pour ses véhicules électrifiés (électriques et hybrides) dans ses ventes mondiales à l’horizon 2030, contre environ 10% en 2020.
Nissan compte pour ce faire introduire 23 nouveaux modèles électrifiés, dont 15 électriques, d’ici son exercice 2030-2031, a annoncé le groupe dans le cadre de la présentation de sa stratégie de long terme « Ambition 2030 ».
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Vingt de ces modèles seront mis sur le marché dans les cinq prochaines années, a précisé Nissan, qui vise plus de 75% de ventes électrifiées en Europe d’ici son exercice 2026-2027.
Cette part devrait s’élever à plus de 55% au Japon à la même période, et à plus de 40% en Chine. Aux États-Unis, Nissan s’attend à ce que ses futurs véhicules électriques représentent 40% de ses ventes en 2030-2031.
Une telle vision s’imposait face au « défi imminent et incontournable » de la crise climatique, a souligné lundi le directeur général de Nissan Makoto Uchida lors d’une conférence de presse en ligne.
Le groupe compte investir 2 000 milliards de yens (22,4 milliards de dollars au cours actuel) dans les cinq prochaines années pour accélérer son virage électrique, soit deux fois plus que ce qu’il avait investi dans ce domaine sur la période 2010-2020, a précisé M. Uchida.
Une tendance de fond
Le groupe a dévoilé lundi quatre prototypes électriques: un multisegment aux lignes épurées et futuristes baptisé « Chill-out », ainsi que les premières images d’un cabriolet, d’un véhicule utilitaire léger et d’un camion.
Nissan était l’un des pionniers mondiaux des véhicules électriques, avec son modèle Leaf sorti à partir de 2010. Mais il s’est fait doubler sur ce segment actuellement dominé par l’américain Tesla, et des géants automobiles comme Volkswagen mettent désormais le paquet pour accélérer dans ce domaine en pleine expansion.
Mais la longue expérience de Nissan dans l’électrique est un avantage précieux, a vanté lundi son directeur opérationnel Ashwani Gupta dans un entretien à l’AFP au siège du groupe à Yokohama (sud-ouest de Tokyo).
En 2010 « le marché n’existait pas, les clients ne le réclamaient pas. Donc ce que nous faisons aujourd’hui, c’est d’abord capitaliser sur les atouts que nous avons accumulés ces 11 dernières années [...], pas seulement en matière de technologie, mais aussi au niveau des clients qui ont utilisé nos voitures électriques », a expliqué M. Gupta.
D’autres grands constructeurs ont déjà promis de se désengager progressivement des véhicules thermiques ou de cesser totalement d’en vendre à terme. Renault vise lui une part de 65% des véhicules électrifiés dans ses ventes en Europe en 2025, et de 90% en 2030.
Parmi les autres constructeurs japonais, Toyota, qui mise encore largement sur les technologies hybrides, vise à l’horizon 2030 100% de ventes électrifiées (incluant les hybrides) en Europe, 70% en Amérique du Nord et 100% en Chine en 2035. Honda quant à lui s’est fixé cette année l’objectif ambitieux de ventes mondiales 100% électriques d’ici 2040.
Vers des batteries solides
Nissan a aussi annoncé l’été dernier la construction d’une méga-usine de batteries au Royaume-Uni à côté de son usine automobile existante de Sunderland, en partenariat avec le chinois Envision AESC.
Ce modèle d’usine intégrée doit être répliqué sur les autres marchés clés du groupe, qui compte équiper ses véhicules avec ses propres batteries électriques de nouvelle génération (à l’état solide) à compter de 2028/29, tandis qu’un prototype devrait être mis au point d’ici 2024.
Les batteries solides sont une évolution des batteries lithium-ion actuelles, dont l’électrolyte liquide est remplacé par un matériau solide (un polymère ou des poudres inorganiques semblables à une sorte de céramique).
Cette technologie encore naissante laisse espérer des performances plus élevées pour un poids et des coûts nettement réduits. Elle permettrait aussi de s’affranchir de matériaux critiques comme le cobalt.
Après deux exercices annuels catastrophiques sous l’effet d’une cure d’austérité drastique lancée dans la foulée de l’éviction retentissante fin 2018 de son ancien grand patron Carlos Ghosn, puis de la pandémie, Nissan va mieux.
Malgré la pénurie mondiale de semi-conducteurs et le renchérissement des matières premières, le groupe a triplé début novembre sa prévision de bénéfice net pour son exercice 2021/22 qui s’achèvera le 31 mars prochain, anticipant désormais 180 milliards de yens (environ 2 milliards de dollars).