Ford Bronco 2021 : entre un Wrangler et un 4Runner
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Il a fallu presque une année entière entre le dévoilement du nouveau Ford Bronco et la sortie des premiers exemplaires de l’usine en juin dernier. Mais avec les problèmes de logistique et d’approvisionnement qu’a occasionné la pandémie, difficile de le reprocher à Ford.
Alors que l’on commence à apercevoir les premiers modèles circuler sur les routes du Québec, nous avons pu prendre le volant d’un Bronco à quatre portes durant une semaine.
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Lorsque l’on magasine le VUS américain, il est possible de choisir six versions différentes, du Bronco de base jusqu’au modèle Wildtrack au sommet de la gamme. Chaque niveau de finition est disponible avec une carrosserie à deux ou quatre portes. Les prix s’échelonnent de 40 499 à 59 994 $ sans les options.
Moins de moteurs que chez Jeep
Sous le capot, pas de V8 comme dans les anciens Bronco, mais deux mécaniques turbocompressées bien connues chez Ford. Le moteur de base est un 4 cylindres de 2,3 litres dont les performances culminent à 300 chevaux et 325 lb-pi. Ce dernier peut être jumelé à une boîte manuelle à 7 rapports ou à une automatique à 10 rapports.
Le moteur optionnel, livré de série dans le modèle Wildtrack, est un V6 suralimenté de 2,7 litres qui développe 330 chevaux et 415 lb-pi de couple. Quelle que soit la version, le V6 est obligatoirement associé à la boîte automatique.
Avec deux blocs disponibles, l’offre mécanique est beaucoup moins diversifiée que celle du Jeep Wrangler qui propose des mécaniques à essence (4 cylindres et V6), mais aussi un V6 diesel, un V8 et une version hybride rechargeable.
Notre modèle d’essai était un Bronco quatre portes Wildtrack équipé de certaines options, dont l’ensemble Sasquatch (livré de série à ce niveau de gamme). Ce dernier ajoute des élargisseurs d’ailes spécifiques, une suspension à plus grand débattement, des pneus adaptés au hors route et des jantes de 17 pouces parées de verrous de talon. Un système qui permet de plaquer adéquatement le talon du pneu contre la jante. Pas tellement utile sur la route, il permet d’éviter les déjantages quand on roule dans des endroits difficiles avec une basse pression dans les pneus.
Ajoutez les ensembles Lux et High, un nécessaire pour le remorquage, un pare-chocs optionnel, quelques ajouts ici et là et vous obtenez une facture de 71 289 $ (transport et préparation inclus). Une somme tout de même conséquente pour un VUS ce cette trempe.
Nostalgie et modernité
Débutant en 1966, la première carrière du Bronco a duré 30 ans jusqu’en 1996 après cinq générations successives. La sixième, qui fait son retour après une ellipse de 25 ans, s’inspire directement du premier Bronco. C’est surtout vrai pour la partie avant, dont les phares et la calandre ressemblent beaucoup au modèle 1966.
Dans une industrie automobile qui fait la part belle à la nostalgie, ce n’est pas étonnant et plutôt malin de la part de Ford. Esthétiquement, le Bronco 2021 est costaud, surtout s’il est doté de l’ensemble Sasquatch. Possédant toutes les caractéristiques prisées des amateurs de VUS hors route, son prix élevé ne devrait pas rebuter les acheteurs si l’on compare avec Jeep qui vend très bien son Wrangler qui n’est pas donné lui non plus.
À l’intérieur, la planche de bord droite et massive ressemble beaucoup à celle d’un Wrangler. L’écran central de 12 pouces (optionnel) intègre le système multimédia Sync4 qui se distingue toujours par sa facilité d’utilisation.
Ford a conservé des boutons de commande physiques sous l’écran central et un levier de vitesse traditionnel. En revanche, la commande du rouage intégral et des différentes gammes de vitesses (haute et basse) utilise une molette rotative. Et lorsque l’on conduit dans des conditions difficiles, il est possible de verrouiller les différentiels avant et arrière et de retirer le contrôle de traction grâce à des boutons au sommet du tableau de bord. L’ergonomie d’ensemble donne satisfaction, que ce soit sur la route ou dans les chemins.
Grâce à sa forme très carrée, l’espace pour les occupants est très bon, tout comme la visibilité latérale et vers l’arrière, ce qui devient de plus en plus rare dans l’industrie automobile.
Sur la route… et en dehors
Sur le marché actuel, le Bronco n’a que deux rivaux directs : le Jeep Wrangler et le Toyota 4Runner. Sur l’asphalte, Ford a décidé de se placer entre ses deux concurrents. Alors que nous avons conduit le modèle Wildtrack, le plus typé hors route, les premiers tours de roue ont montré à quel point le Bronco est plus conciliant qu’un Wrangler Rubicon.
On le remarque surtout par sa direction plus précise et de son train avant moins flou qui se montre plus accrocheur dans les virages serrés. Ajoutez des mouvements d’essieux mieux jugulés et vous comprenez pourquoi le VUS de Ford impose moins de compromis qu’un Jeep au quotidien.
En revanche, il faudra composer avec un niveau sonore tout aussi élevé à haute vitesse, les bruits de vent venant littéralement envahir l’habitacle sur l’autoroute. De son côté, le Toyota 4Runner adopte une conduite moins typée que le Bronco et demeure également (un peu) plus silencieux à vitesse élevée.
Concernant les performances, le moteur V6 de notre modèle d’essai était amplement suffisant pour mouvoir le Bronco. Accélérations vigoureuses, reprises énergiques, le bloc participe pleinement au plaisir de conduite du véhicule. La boîte automatique à 10 rapports fait du bon travail dans l’ensemble. Dommage qu’il persiste quelques à-coups à basse vitesse en ville.
Au moment de passer à la pompe, le sourire du conducteur s’estompe. Performant, le V6 se montre aussi gourmand. Il faut dire que l’aérodynamique du Bronco est plus proche d’une armoire que d’une voiture… Sur la route, la consommation n’est jamais descendue sous les 13 L/100 km, grimpant à plus de 16 L/100 km en ville. Étant donné le prix de l’essence au moment d’écrire ces lignes, prévoyez un budget conséquent…
Avant de conclure, précisons que nous avons emmené le Bronco sur des chemins boueux et caillouteux parsemés de trous. Considérant l’équipement hors route monté sur notre modèle d’essai, il n’a évidemment eu aucune difficulté à surmonter ces obstacles qui n’étaient que de petits soubresauts pour lui. Sans avoir pu l’emmener dans des chemins plus escarpés et difficiles, nous préférons attendre un essai dédié au hors route avant de rendre notre verdict sur ce point.
En conclusion, Ford réussit son retour avec son Bronco, en se plaçant entre un 4Runner fiable et robuste mais vieillissant, et un Wrangler à la conduite plus fatigante sur la route. Cela pourrait être la clé du succès dans le segment… à condition que Ford résolve rapidement les petits pépins qui ont émaillé le lancement du Bronco.