Nissan Frontier 2022 : le sens du timing
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Tranche de vie. Alors que je n’étais encore qu’un jeune blanc-bec dans ce métier, j’assistais à la présentation média de la précédente génération de la camionnette Nissan Frontier et ce, à peine quelques jours avant la naissance de ma fille.
Un souvenir encore bien frais dans ma mémoire, puisque j’avais ensuite utilisé ladite camionnette pour me rendre à l’hôpital et pour en revenir. C’est donc à bord d’une camionnette Nissan que ma fille aura eu droit à sa première balade sur route. L’ironie, c’est qu’au moment d’écrire ces lignes, ma fille fête son 17e anniversaire. Tout ce temps passé, sans que la camionnette de Nissan n’ait évolué. Est-ce donc les enfants qui grandissent trop rapidement, ou est-ce que Nissan a mis trop de temps avant de renouveler sa camionnette?
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La réponse se trouve certainement quelque part entre les deux. Parce que s’il est vrai que nos enfants poussent comme de la mauvaise herbe, il est aussi vrai que 17 ans est un cycle de vie extrêmement long pour un véhicule. Remarquez, la stratégie de Nissan n’aura pas été si mauvaise, puisque si les camionnettes intermédiaires avaient encore la cote au milieu des années 2000, elles étaient beaucoup moins populaires au tournant des années 2010. C’est d’ailleurs à ce moment que Ram, Ford et Mazda abandonnaient leur modèle respectif. GM faisait aussi de même, mais en la relançant deux ans plus tard.
Puis, c’est suite à l’engouement entourant la renaissance du duo Chevrolet Colorado/GMC Canyon que le segment des camionnettes intermédiaires s’est refait une santé. En 2015, on assistait d’ailleurs à la refonte partielle de la camionnette Toyota Tacoma, au retour du Honda Ridgeline, alors que les rumeurs d’un nouveau Ford Ranger commençaient à circuler. C’est aussi en 2015 que les ventes du Nissan Frontier, alors âgé de dix ans, recommençaient à grimper, profitant de ce nouvel engouement.
Jusqu’en 2020, les ventes du Frontier auront d’ailleurs été stables, bien qu’elles se soient situées en deçà de celles de la compétition. Un produit qui pour Nissan, était non seulement facile à vendre, mais également très lucratif, les coûts de développement étant absorbés depuis des lunes.
En 2020, le Canada disait non
Fait intéressant, Nissan Canada a abandonné sa camionnette Frontier pour le millésime 2020, alors que les Américains la conservaient. C’est qu’on avait pour 2020 implanté un nouveau moteur V6 de 3,8 litres sous le capot de cette dernière, qui allait permettre au modèle de survivre encore quelque temps, jusqu’à l’arrivée de la nouvelle génération initialement prévue pour 2021. Nissan Canada, considérant la courte durée de vie de cette camionnette de transition, n’avait donc pas cru bon de l’homologuer, ne sachant toutefois pas la pandémie allait occasionner des retards de développement et chambouler toute l’industrie.
Bien que les concessionnaires aient pu vendre des modèles Frontier 2019 jusqu’au troisième quart de 2020, ceux-ci sont néanmoins demeurés sans camionnette pendant une année complète, alors que la compétition ne fournissait pas à la demande. Alors, aurait-on pu faire des affaires d’or avec une Frontier 2020 et 2021 durant cette période? Assurément. Or, qui aurait pu prédire ce qui allait arriver.
Fort heureusement, cette période transitoire est terminée et les concessionnaires ont aujourd’hui un produit très sérieux à offrir à leur clientèle. Une camionnette fraîchement renouvelée, spécifiquement conçue pour les besoins des acheteurs nord-américains, et que vous ne retrouverez nulle part ailleurs dans le monde. Une camionnette qui reprend certes la structure du modèle de précédente génération, mais qui en matière de raffinement, fait effectivement un bond immense par rapport à sa devancière.
Pour la clientèle de masse
Pour cette nouvelle génération, Nissan abandonne les modèles de base avec moteur à quatre cylindres et ne propose au Canada que des versions 4x4. Il faut dire que les ventes des modèles à deux roues motrices ne représentaient au cours des dernières années qu’entre 7 et 9% des ventes totales, le marché américain étant bien sûr différent.
Seront donc offertes pour 2022 un total de cinq versions, sept de moins que chez nos voisins du Sud. Ainsi, on aura droit à trois configurations King Cab (S, SV et PRO-4X) avec boîte de six pieds, à une version SV à cabine double avec boîte de six pieds et à une version PRO-4X à cabine double avec boîte de cinq pieds. À noter que la version PRO-4X King Cab est exclusive au marché canadien, les Américains ayant toutefois l’avantage d’une version SV à cabine double et boîte de cinq pieds qui, je crois, aurait pu être pertinente pour notre marché.
Chose certaine, les stratèges de mise en marché choisissent avec cette gamme simplifiée de cibler la clientèle de masse. On pourra ainsi satisfaire près de 80% des acheteurs qui se procuraient l’ancien modèle, tout en charmant celle qui se procurait ou qui a l’œil sur des produits de la compétition (Chevrolet, Ford, GMC, Honda et Toyota).
Costaud!
Il fut une époque où l’appellation Nissan Costaud était attribuée à cette camionnette, sur le marché du Québec. Ou encore, le Hardbody pour nos voisins anglophones, nomenclature qui avait été remplacée par Frontier en 1998. Cela dit, jamais la camionnette Nissan n’aura été aussi…costaude. Son look totalement réussi, sa carrure et sa stature font du Frontier un très sérieux rival au Toyota Tacoma, dont la masse musculaire se voit amplifiée au fil des ans par de nombreux artifices esthétiques. Alors non, pas d’équivalent chez Nissan à la camionnette TRD Pro, véritablement conçue par la conduite hors route extrême. En revanche, la nouvelle déclinaison PRO-4X se compare directement aux versions TRD, proposant une meilleure garde au sol, des plaques de soubassement, une suspension Bilstein conçue pour la conduite hors route, un différentiel arrière autobloquant ainsi que des pneumatiques plus agressifs.
C’est au volant de cette version que nous avons pu être initiés à cette nouvelle génération, dont le comportement routier se situe à des années-lumière de celui de son devancier. Un véhicule immensément plus stable, mieux insonorisé, où le sautillement du train arrière est pratiquement éliminé et qui affiche une maniabilité nettement supérieure. Naturellement, les ingénieurs ont complètement repensé suspension et direction afin d’améliorer l’expérience de conduite, de façon à offrir un véhicule plus convivial et agréable au quotidien.
Sous le capot, Nissan nous sert ce nouveau V6 de 3,8 litres introduit aux États-Unis dans l’ancienne génération de la Frontier. Un moteur de 310 chevaux qu’on jumelle à une boîte automatique à neuf rapports, mais qui impressionne surtout par un couple de 281 lb-pi massivement disponible dès qu’on effleure l’accélérateur. Assurément, le moteur le plus agréable du segment, et un gros avantage par rapport à la motorisation de Toyota, parfois poussive et qui n’est certainement pas moins gourmande.
À ce propos, Nissan affirme que le Frontier consomme 12% moins que la précédente motorisation. Une affirmation presque décevante, considérant que le V6 de 4,0 litres combiné à l’automatique à cinq rapports était un véritable gouffre à essence. Prévoyez donc avec cette nouvelle mouture une moyenne combinée de 12 L/100 km, ou environ 18 $ de carburant par tranche de 100 kilomètres, en considérant le prix actuellement affiché.
Le plus confortable
Si Nissan n’excelle pas dans tout, on peut certainement affirmer que leurs ingénieurs conçoivent des sièges qui se démarquent du lot au chapitre du confort. Le Frontier ne fait pas exception à cette règle, proposant désormais les sièges les plus confortables du segment. Une assise suffisamment longue, proposant tout le support nécessaire et qui permet d’obtenir une excellente position de conduite. Chose certaine, vous y serez mieux installé qu’à bord du Tacoma, à bord de laquelle l’assise est courte et basse et qui propose un dégagement à la tête très limité.
Sans être particulièrement impressionnant, le niveau de finition se situe dans la bonne moyenne. L’aménagement est cependant finement étudié pour offrir une ergonomie sans faille. Les espaces de rangement sont donc multiples et la console centrale est extrêmement bien conçue. Puis, à l’inverse du précédent modèle, on profite désormais d’un accoudoir central digne de ce nom. Hélas, Nissan n’a pas cru bon d’y intégrer une colonne de direction télescopique, ce qui risque d’agacer plusieurs acheteurs.
Derrière, on relève l’assise comme avec la plupart des autres camionnettes pour optimiser l’espace de chargement. Dans le cas de la version PRO-4X, un bac de rangement ainsi qu’un haut-parleur d’extrêmes graves (option) se cachent cependant sous cette banquette.
Disponible
Plus silencieux, confortable et performant que par le passé, ce petit camion connaîtra pour 2022 un succès flamboyant. D’une part, parce qu’aucun autre constructeur en compétition ne peut véritablement le prendre en défaut, mais aussi parce qu’à l’inverse de ces derniers, les camionnettes Frontier sont disponibles. Nissan Canada a en effet mis les efforts pour que le consommateur puisse rapidement mettre la main sur une unité, alors que la compétition n’a pas d’inventaire. Une situation qui pourrait même forcer certains acheteurs à se tourner du côté de Nissan, ce qu’ils n’auraient pas fait si GM ou Toyota avaient eu des stocks.
Au-delà de sa disponibilité, cette camionnette n’est aujourd’hui plus à la traîne de la compétition. Elle se distingue par son comportement, par le confort de son habitacle, par le couple et la puissance de son moteur V6 et par une technologie informatique franchement convaincante.