Toyota GR Yaris 2021 : un vrai coup de cœur!
Points forts |
|
---|---|
Points faibles |
|
Lorsque nous avons publié une nouvelle à propos du dévoilement de la Toyota GR Yaris, vous avez été nombreux à nous faire part de votre intérêt pour cette sous-compacte très particulière. Le Guide de l’auto a donc profité d’un passage en Europe pour en faire l’essai.
Bien que le nom Yaris soit connu dans le monde entier, il ne désigne pas toujours la même voiture. Avant sa disparition à la fin de l’année 2020, la Yaris qui était vendue chez nous était en réalité une Mazda2 rebadgée. Rien à voir avec la dernière génération vendue en Europe, qui demeure un pur produit Toyota. Et parmi les différentes déclinaisons disponibles, le constructeur japonais a ajouté un modèle survitaminé : la GR Yaris.
- À lire aussi: La Toyota GR Yaris de 268 chevaux fait fureur au Mexique!
- À lire aussi: Toyota lance une Yaris hybride à rouage intégral... en Europe
GR, qui signifie « Gazoo Racing », c’est la division sportive de Toyota, qui participe notamment aux 24 Heures du Mans ou au Championnat du monde des Rallyes (WRC). Mais ces deux lettres précèdent également le nom des véhicules de route à vocation sportive, comme les GR 86 et GR Supra vendues au Canada.
Un vrai petit kart
En partant d’une Yaris à trois portes, Toyota a profondément modifié sa sous-compacte pour aboutir à une bagnole nettement plus radicale. Basée sur deux plates-formes différentes (celle de la Yaris européenne à l’avant et celle des Corolla et C-HR à l’arrière), l’auto reçoit également des panneaux de carrosserie en aluminium et un toit en composite de carbone forgé.
Selon Toyota, les formes de la voiture ont été étudiées pour améliorer la pénétration dans l’air, en particulier le toit abaissé et les bas de caisse profilés. En regardant le véhicule de plus près, on constate que les passages de roue ont été élargis à l’avant et à l’arrière ce qui lui confère une allure plus trapue qu’une Yaris normale. Cela permet aussi d’augmenter la largeur des voies, au bénéfice de la tenue de route.
Sous le capot, Toyota a opté pour un 3 cylindres de 1,6 litre. Doté d’un seul turbocompresseur, il est annoncé à 261 chevaux en Europe (l’équivalent de 257 chevaux chez nous) et 360 Nm de couple (266 lb-pi). Avec un poids total de 1 280 kg, la GR Yaris est capable de passer de 0 à 100 km/h en seulement 5,5 secondes.
La seule boîte de vitesses retenue est une manuelle qui compte 6 rapports. La puissance est acheminée aux quatre roues grâce à une traction intégrale spécifique appelée GR-Four. En utilisant une commande située sur la console centrale, il est possible de répartir le couple différemment entre l’avant et l’arrière selon le mode de conduite sélectionné (50:50, 60:40 ou 30:70). Enfin, sachez que les GR Yaris équipées de l’ensemble Track reçoivent un différentiel à glissement limité.
De notre côté, nous avons conduit une GR Yaris Premium qui n’en était pas dotée. Néanmoins, elle était pourvue d’un certain nombre d’équipements de confort et de sécurité comme la détection des angles morts, l’alerte de circulation transversale arrière, le démarrage sans clé, un système audio plus évolué et l’affichage tête haute. Avec la peinture « rouge intense » optionnelle (750 euros), on arrive à un tarif de 36 350 euros taxes incluses, ce qui correspond à environ 53 900 $. Une somme importante, à laquelle il faut ajouter un malus écologique de 7 851 euros, ce qui porte le prix total à 44 201 euros (65 515 $) pour les acheteurs qui résident en France.
Sportivité discrète
Bien qu’elle rencontre un beau succès commercial et qu’il soit difficile de s’en procurer une en France, la GR Yaris n’a pas vraiment fait tourner les têtes sur notre passage. Pour beaucoup de gens, il s’agit d’une banale sous-compacte à trois portes, rien de plus. Cela laisse penser qu’il s’agit d’une voiture qui sera davantage reconnue par les puristes, ce qui n’est pas déplaisant.
C’est un peu le même sentiment qui domine à l’intérieur. Pas de démonstration outrancière avec des couleurs criardes ou du carbone à profusion. On retrouve un habitacle plutôt classique, majoritairement noir, agrémenté de surpiqûres rouges sur le soufflet du levier de vitesses, le frein à main, le volant et les sièges. Globalement, la GR Yaris est plutôt bien finie, en dépit de plusieurs plastiques peu flatteurs au toucher ici et là. C’est acceptable dans une Yaris de base, un peu moins dans un modèle vendu aussi cher.
Les sièges, spécifiques à cette version, offrent un bon confort ainsi qu’un maintien adéquat. Pour les conducteurs les plus grands, il est possible que l’assise demeure un peu trop haute même lorsque le siège est abaissé au maximum. L’espace dévolu aux occupants assis à l’avant est bon (y compris pour la tête) pour des adultes de taille moyenne. On ne peut pas en dire autant à l’arrière, où l’on retrouve une assise accueillante, mais un espace symbolique pour les jambes. Ces places sont à réserver à du dépannage ou à de (très) jeunes enfants. De toute façon, la voiture n’est pas faite pour voyager à plus de deux, puisque le coffre n’offre que 174 litres de contenance. Pour vous donner une idée, deux bagages cabine d’avion suffisent à remplir la majorité de l’espace disponible.
À la mise à feu du moteur, c’est la déception. Les moteurs à trois cylindres ne brillent généralement pas par leur sonorité, et c’est également le cas ici. Au ralenti, cela se rapproche plus du grognement que d’une sonorité mélodieuse. Lors des premiers mètres parcourus, la fermeté de la boîte étonne, de même que l’absence quasi totale de visibilité vers l’arrière.
Ce n’est pas tellement mieux à l’avant, avec le rétroviseur central obstruant le champ de vision du conducteur. La GR Yaris se rattrape avec une excellente maniabilité et un diamètre de braquage réduit qui facilitent les évolutions en ville.
Conduite à un rythme tranquille, la petite Yaris à quatre roues motrices se prête bien à une utilisation quotidienne. Comme vous vous en doutez, les accélérations comme les relances sont amplement suffisantes pour s’insérer dans la circulation. Par ailleurs, nous avons relevé une consommation moyenne de 8,3 L/100 km lors de notre essai, ce qui n’a rien d’impressionnant.
À haute vitesse, les bruits de vent et de roulement fatiguent les occupants lors des longs trajets. Sachant que les autoroutes françaises, bien mieux revêtues que les nôtres, atténuent le bruit en provenance des roues, conduire la GR Yaris au Québec ferait sans aucun doute grimper le volume sonore d’un cran dans l’habitacle. Mais ce n’est pas pour ses aptitudes en ligne droite que cette voiture a été conçue. Nous avons donc quitté les voies rapides pour rejoindre les petites routes secondaires.
La reine des routes sinueuses
C’est dans ces conditions que la GR Yaris donne le plus de plaisir à son conducteur. La combinaison de son empattement court, de son poids réduit et de sa puissance plus que respectable fait de cette voiture une reine des parcours sinueux. Le moteur, suffisamment coupleux jusqu’à 3 500 tr/min, montre ensuite la pleine mesure de son potentiel jusqu’à la zone rouge (7 000 tr/min). Et aussi étrange que cela puisse paraître, la sonorité quelconque à bas régime devient soudain rauque et plaisante une fois passé les 4 000 tr/min. Sans oublier le bruit de la soupape de décharge du turbo (le fameux pschiiit) audible à chaque changement de rapport qui ajoute encore à l’ambiance sportive.
Le moteur est efficacement secondé par une boîte manuelle, ferme mais bien guidée, ainsi qu’une bonne progressivité de l’embrayage. On se régale à manier le petit levier du bout des doigts tandis que le moteur hurle à chaque passage de rapport. Nous avons tout de même noté que les pédales sont un peu trop espacées pour pratiquer correctement le talon/pointe. Dommage pour une voiture de puristes comme celle-ci.
Dotée d’une monte pneumatique sportive (Michelin Pilot Sport 4 S) et plutôt généreuse pour une sous-compacte (225/40x18), la GR Yaris dispose d’une réserve d’adhérence absolument phénoménale. Entrées en courbe musclées, changements de direction rapides, virages à grand rayon, rien ne semble pouvoir perturber cette petite furie. La précision de la direction est réjouissante, tout comme le mordant du train avant dans les virages serrés. Et en répartissant la majorité du couple vers le train arrière, ce dernier aide à faire pivoter l’auto à l’accélérateur.
Grâce à la traction intégrale, aucun effet de couple ne vient perturber la direction lors des pleines charges, même sur un sol mouillé. Au moment de ralentir, le conducteur peut compter sur un freinage surdimensionné, à la fois mordant, puissant et endurant. Cette Yaris très spéciale est si compétente qu’il faudrait l’emmener sur un circuit pour réussir à trouver ses limites. Ou sur une spéciale de rallye si le cœur vous en dit…
Au terme de cet essai, il n’a pas été facile de rendre les clés de la GR Yaris. Vendue cher et souffrant de défauts marqués, elle propose en retour une conduite enthousiasmante et un toucher de route qu’on ne retrouve dans aucune sous-compacte. Un véritable coup de coeur!
On reproche souvent à Toyota et Lexus de fabriquer des produits trop aseptisés ou ennuyeux. Avec cette voiture, les ingénieurs japonais ont osé, et sa qualité montre qu’ils ont gagné leur pari.
En descendant de la GR Yaris, nous ne pouvons que regretter qu’elle ne fasse pas le déplacement jusqu’au Canada. Mais rationnellement, en sachant qu’elle se serait vendue en très petite quantité à quelques passionnés, la décision de ne pas importer la voiture au Canada est tout à fait logique. D’autant plus que la Yaris n’étant plus vendue au pays, la GR ne peut même pas servir à augmenter les ventes des modèles de base.
Cela dit, si vous avez craqué pour ce modèle, il sera possible de le conduire au Québec un jour… à condition de vous montrer patient! En effet, les voitures âgées de 15 ans et plus peuvent être importées et conduites légalement au Québec. Il ne vous reste plus que quatorze ans et demi à attendre…