Salon de l'auto : plus jamais comme avant?
À Montréal, nous avons récemment assisté au Salon du véhicule électrique, qui fut un grand succès. Malgré la superbe météo et la construction en périphérie du Stade olympique, plus de 25 000 curieux se sont déplacés pour assister à l’événement.
Chose certaine, l’amateur de voiture que je suis était aussi très heureux de retrouver le Stade olympique, le temps de cette exposition, ce qui me rappelait bien sûr les bonnes années du Salon de l’auto, qui s’y tenait dans les années 90.
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D’ailleurs, il ne se passe pas une année sans que l’on nous demande pourquoi le Salon de l’auto de Montréal ne s’y tient plus, étant chaque fois obligé de revenir sur le triste événement qui avait causé l’annulation du Salon en 1999, alors que la toile du toit s’était déchirée sous le poids de la neige pour s’écrouler sur le kiosque de Subaru.
Du Stade au Palais
Depuis ce temps, l’événement a lieu au Palais des congrès de Montréal. Un endroit qui amène son lot d’irritants et de frustrations pour les exposants comme pour les visiteurs. Le manque d’espace de stationnement, l’accès complexe, les travaux qui n’en finissent plus et l’obligation de suivre un trajet à l’intérieur des murs ne sont que quelques exemples.
Le Salon attire néanmoins entre 180 000 et 200 000 visiteurs chaque année. Une raison valable pour que les manufacturiers se prêtent au jeu, malgré des coûts exorbitants. Des sommes qui, pour des constructeurs comme GM, Ford ou Toyota dépassent largement le seuil psychologique des sept chiffres, et ce, pour une seule exposition sur dix jours. Or, parce que le Salon n’a pas eu lieu l’an dernier, les constructeurs ont soudainement réalisé que la tenue de ce genre d’événement leur coûtait une fortune et qu’en fin de compte, les ventes ne se voyaient pas affectées.
Aujourd’hui, l’heure est donc à la réflexion pour plusieurs constructeurs d’importance. Doivent-ils retourner aux Salons de l’auto de Montréal, de Toronto et de Vancouver? Doivent-ils vraiment dépenser plusieurs millions de dollars par événement? Et, qui plus est, dans un contexte où les concessionnaires sont en pénurie de véhicules comme de main-d’œuvre, est-il viable de faire autant d’efforts?
À cette question, quelques fabricants automobiles comme BMW, Honda, Mazda et Volkswagen répondent déjà qu’ils bouderont tout événement de ce genre cette année. Parce qu’ils ont réalisé que le budget normalement accordé à un Salon peut mieux les servir ailleurs, mais aussi parce qu’il est inutile de dépenser des sommes faramineuses en promotion pour vendre des véhicules qui n’existent pas.
Cela ne freine toutefois pas les ardeurs du comité organisateur qui compte néanmoins présenter un événement montréalais en janvier 2022. Un Salon de moindre envergure, mais où il n’y aurait aucune limitation du nombre de personnes admises. Un Salon dans lequel le public pourrait même se glisser à bord des véhicules, et où les restrictions ne se résumeraient qu’au port du masque et au passeport vaccinal dans les aires de restauration.
Les absents ont-ils tort?
Naturellement, l’absence de certains constructeurs décevrait certains visiteurs, qui s’attendent à découvrir tous les modèles sous un même toit. La solution serait de se tourner vers des regroupements de concessionnaires qui pourraient vouloir profiter de l’occasion. Or, jamais leur budget ne pourrait se comparer à celui des constructeurs, ce qui signifie que le kiosque ou la qualité des installations seraient très difficilement comparables avec ce que l’on retrouve chez un manufacturier participant.
On peut par ailleurs imaginer que la démesure des kiosques et les budgets qui en découlent ont tranquillement couru à la perte des grands Salons internationaux, qui doivent obligatoirement se réinventer. À l’opposé, les salons plus régionaux comme celui de Québec, où les kiosques ne se résument qu’à des voitures sur tapis parfois enjolivées de quelques petites structures, ont plus que jamais la cote. On peut donc imaginer que le Salon de l’auto de Montréal, qui avait jadis des visées plus internationales, emprunte cette direction dans un futur pas si lointain. Un Salon qui, selon Denis Dessureault - directeur de la CCAM (Corporation des concessionnaires automobiles de Montréal) - pourrait franchir les frontières du Palais des congrès pour aussi se tenir en périphérie du bâtiment, à travers quelques événements isolés.
Le comité organisationnel admet être en retard face à la planification de l’événement de 2022, tentant de s’ajuster aux constantes nouvelles règles et aux réponses des manufacturiers. Chose certaine, à la lumière de ce que l’on constate actuellement, ne vous attendez plus à vivre un Salon de l’auto comme vous l’avez connu dans le passé. Les Salons demeureront, mais devront clairement être simplifiés pour qu’ils puissent continuer d’attirer les exposants.