Dodge Challenger Hellcat Redeye 2021 : le plaisir à l'ancienne
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Stellantis, nouvelle maison-mère de Dodge, a été très clair avec les motorisations Hellcat : leurs jours sont comptés. Avec des normes antipollution de plus en plus drastiques, les gros V8 surpuissants - et donc très polluants - sont condamnés à court ou moyen terme.
En attendant cette issue désormais inéluctable, Dodge continue de vendre la totalité de sa gamme avec son fameux V8. Un moteur de feu, d’une cylindrée de 6,2 litres et gavé par un compresseur dont la sonorité aigüe est reconnaissable entre toutes. Que ce soit dans la Charger, le Durango ou la Challenger, la puissance dépasse les 700 chevaux.
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Dans notre modèle d’essai, la version Redeye ajoute encore quelques équidés pour aboutir à 797 chevaux! En revanche, contrairement à la Hellcat « tout court », il n’est pas possible d’obtenir la boîte manuelle Tremec à 6 rapports quand on opte pour cette version. Seule l’automatique à 8 rapports peut être montée dans la Redeye, la transmission manuelle ne pouvant probablement pas encaisser une telle cavalerie.
Lorsqu’un acheteur opte pour la Redeye, il peut choisir la carrosserie conventionnelle ou la bien nommée Widebody dont les extensions élargissent encore la voiture.
Nous avons passé une semaine au volant d’une Hellcat Redeye, dépourvue de la carrosserie Widebody, mais dotée de l’ensemble commodités, d’un système audio haut de gamme, des pneus Pirelli PZero (275/40R20) et du système multimédia le plus évolué qui soit disponible. Ainsi équipée, elle coûte 108 535 $, transport et préparation inclus! Un tarif élevé, considérant les origines un peu roturières de la Challenger.
De la SXT à la Hellcat
Même sans l’avoir démarré, le V8 en impose dans le compartiment moteur, avec ses grosses courroies reliant le moteur au compresseur et l’énorme filtre à air en coton directement relié à la prise d’air ornant le capot.
En revanche, l’enthousiasme retombe lorsque l’on ouvre la lourde portière. En dépit de quelques touches de sportivité ici et là, l’habitacle ne se démarque pas vraiment d’une Challenger SXT de base. Plastiques durs ou peu flatteurs, qualité des matériaux moyenne, l’intérieur ne ressemble pas à celui d’une voiture dont le prix frôle les 110 000 $.
Reconnaissons néanmoins à Dodge une ergonomie générale bien pensée, un système multimédia intuitif et des sièges enveloppants et confortables à l’avant. En effet, les places arrière sont à réserver à des enfants ou à des petits trajets. Bien que le dégagement soit correct pour la tête, l’espace dévolu aux jambes s’avère limité, surtout si les occupants assis à l’avant sont grands. Le coffre, d’une contenance de 459 litres, permet d’engloutir suffisamment de bagages et l’ouverture est assez grande. Faites tout de même attention à la peinture du pare-chocs arrière lorsque vous souhaitez loger des objets lourds ou volumineux.
Douceur et violence
Quand on prend le volant d’une Hellcat pour la première fois, sa docilité étonne pour une voiture à la réputation aussi sulfureuse. Si vous vous contentez d’effleurer la pédale de droite, la plus puissante des Challenger se montre plutôt conciliante. Le roulement ferme vous rappelle qu’il s’agit d’une sportive, mais cela demeure acceptable pour une utilisation quotidienne. Il n’y a que sur des routes très abîmées que l’on peste vraiment contre la dureté des amortisseurs. Cela dit, ce n’est pas pire qu’une voiture allemande aux performances équivalentes.
Fort en puissance et en couple, le moteur n’a aucune difficulté à mouvoir la Challenger. Même en se contentant de 10% de la course de la pédale d’accélérateur, les accélérations et les reprises sont amplement suffisantes pour s’insérer promptement dans la circulation. Ça promet!
Tout change radicalement dès que l’on accélère à fond. Dans ces conditions, le ronronnement du gros chat logé sous le capot se transforme en hurlement strident, la furie des 8 cylindres étant partiellement couverte par le sifflement du compresseur. Littéralement collé au siège, le conducteur voit son champ de vision se réduire rapidement tandis que les pneus arrière souffrent le martyre.
Le châssis, soumis à une véritable torture, peine à contenir cette arrivée soudaine de puissance, faisant osciller le train arrière de gauche à droite. Même avec toutes les aides à la conduite activées, les pneus dérapent jusqu’à plus de 100 km/h quand on écrase la pédale de droite, même sur un sol sec! Selon votre tempérament, cette expérience se révèlera intimidante ou totalement grisante. De notre côté, nous avons souri durant toute la semaine d’essai.
Comme vous l’imaginez, la tenue de route se montre plutôt remuante avec cette cavalerie débridée, que la plate-forme (un peu datée) peine à contenir. La direction, sans atteindre des sommets de précision, fait correctement son travail. En revanche, les freins se comportent à merveille étant à la fois puissants, mordants et très endurants. Même en les sollicitant très fortement à plusieurs reprises, ils conservent une force de ralentissement adéquate. C’est d’autant plus méritoire que la Challenger n’a rien d’un poids plume.
La Dodge Challenger Hellcat, peu importe la version choisie, demeure un modèle à part dans la catégorie des voitures sport. Contrairement à beaucoup de véhicules actuels dont la conduite dévoile des sensations édulcorées, la plus performante des Dodge met en avant des qualités et des défauts très prononcés.
En ce sens, elle se place comme la véritable héritière des muscle cars aux moteurs surpuissants qui ont marqué les années 60. Avec la même consommation de carburant en prime, l’indicateur n’étant jamais descendu sous les 14 L/100 km en conduite mixte. En étant plus enthousiaste, tablez sur environ 20 L/100 sur la route et 25 L/100 km en ville. Le prix à payer pour remonter le temps au volant d’une voiture neuve en 2021…