Honda Passport - Dans les arcanes des grandes compagnies
Selon Antidote, un passeport est un « document certifiant l’identité, délivré par une autorité administrative nationale à un ressortissant afin de lui permettre de circuler à l’étranger ». On comprend alors que le Passport est un véhicule qui se veut aventurier! La réponse de Honda au Jeep Wrangler, voire au Toyota 4Runner.
Mais quand on creuse un peu, on se rend rapidement compte que le Passport n'est pas vraiment le véhicule idéal pour partir à l'aventure. Par exemple, il a une construction monocoque, alors que, traditionnellement, les véhicules hors route dignes de ce nom ont un châssis en échelle. Qui plus est, il partage la même plate-forme que le Honda Pilot et que le Honda Ridgeline. Or, tandis que le Ridgeline comprend des pièces renforcées pour le travail, le Passport n’est ni plus ni moins qu’un Pilot avec une troisième rangée de sièges en moins. Le Pilot, aussi compétent soit-il, n’est pas un VUS aventurier. C’est un VUS intermédiaire. Est-ce que lui enlever 2 sièges, relever légèrement la suspension et modifier l’esthétique suffit ?
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4 et 10 fois plus
L’année dernière, il s’est vendu 4 fois plus de 4Runnner que de Passport au Canada. Il s’est également vendu 10 fois plus de Wrangler sur la même période. On parle d’un peu plus de 2 500 Passport écoulés en 2019. Pour une compagnie populaire comme Honda, habituée aux coups de circuit, ce n’est pas beaucoup. Cela dit, il est vrai que c’est un véhicule récent, qu’il n’a donc pas encore fait sa place. Comment se compare-t-il aux véhicules hors route, ou du moins, aventuriers, offerts sur notre marché ?
Premièrement, il est pas mal moins « robuste ». Les véhicules hors route comme le Wrangler et le 4Runner donnent au conducteur l’impression de conduire un véhicule de brousse. Ils sont plus raides, moins doux que ce à quoi les véhicules modernes nous ont habitués. En fait, le Passport est tellement douillet , doux et civilisé, que dans la vie de tous les jours, on a véritablement l’impression d’être au volant d’un VUS confortable, comme un Toyota Highlander.
Ensuite, les capacités hors route du Pilot sont difficiles à canaliser. Dans un VUS comme un Wrangler ou un 4Runner, on peut choisir d’être en mode 2 roues motrices, quatre roues motrices, 4 roues motrices bas, etc. Dans le 4Runner, on a même des systèmes pour se sortir du pétrin, ce que l’on appelle le « crawl control ». Dans le Passport, on a un rouage intégral permanent très similaire au système SH-AWD d’Acura, qui utilise des différentiels avancés pour maximiser la traction, en toute situation. Si ce système fonctionne bien sur la route, qu’en est-il hors route ? C’est surprenant ! Bien entendu, n’allez pas dans la brousse avec votre Passport, mais si vous vous aventurez sur des sentiers enneigés ou encore boueux, rien de plus simple. Oubliez les modes de terrain qu’il y a dans le véhicule. Tout ce qu’ils font, c’est modifier le comportement du système électronique d’aide à la traction. À la place, désactivez les systèmes électroniques et laissez la mécanique travailler!
Finalement, et c’est sans doute le point le plus subjectif ici, il lui manque le look. Quand vous voyez un 4Runner, un Wrangler, un Defender, un Classe-G, un produit AT4 chez GMC, un Silverado Bison, etc., vous comprenez tout de suite que vous avez affaire à un véhicule conçu pour survivre à l’apocalypse. On a des styles distinctifs, recherchés. Le Passport, dans le lot, est trop sobre, trop convenu. Quand on veut sortir des sentiers battus, il faut le faire à tous les niveaux.
Mais bon
Oui, mais bon. Comment le Passport a-t-il vu le jour? Dans les arcanes de Honda, département de la planification des produits, un gourou du marketing s’est levé un matin, et cherchant à faire toujours plus d’argent en exploitant la mode des VUS, a dit à ses employés que ça prenait un nouveau VUS! « Nous ne sommes pas dans le segment des utilitaires robustes », a-t-il probablement aboyé en cognant fermement le bureau avec son poing, créant une danse d’ondes et de vagues à la surface de son café froid, dangereusement déposé près de son ordinateur.
Un jeune stagiaire ambitieux a proposé un Honda Pilot avec une rangée de sièges en moins, et quelques modifications, et voilà! On a un nouveau VUS pour presque rien, mais le résultat n’est pas tout à fait là… si vous recherchez une alternative au Wrangler!
Dans les faits, au quotidien, là où les gens utilisent leurs véhicules la plupart du temps, le Passport fait bonne figure. Il est confortable, bien fini, et son habitacle, s’il n’a que 5 sièges, est spacieux, tout comme l’espace de chargement. Son V6 de 3,5 litres, développant 280 chevaux et 262 lb-pi de couple, est l’un des meilleurs de l’industrie, souple, mais aussi puissant à haut régime.
Ce n’est donc pas un mauvais produit du tout. Juste un véhicule en manque d’identité, qui cherche à conquérir une clientèle pointilleuse, sans lui offrir exactement ce qu’elle veut. Il est aussi vendu beaucoup trop cher quand on le compare au Pilot, et cela explique aussi pourquoi les ventes du Passport peinent à décoller.
Feu vert
- Habitacle spacieux
- Excellent moteur
- Système quatre roues motrices surprenant
- Suspensions confortables
Feu rouge
- Prix élevé
- Moins pratique que le Pilot (5 places seulement)
- Design trop anonyme pour la catégorie