Fiat 124 Spider - Dolce vita à la japonaise
Dans l’espoir de raviver l’attrait des produits de la marque italienne Fiat en Amérique du Nord, les dirigeants du consortium Fiat Chrysler Automobiles (FCA) ont fait renaître la 124 Spider. Ce cabriolet emblématique, lancé il y a un peu plus de cinquante ans, a été vendu à plus de 170 000 exemplaires sur ce continent en près de 15 ans. Pour concevoir cette 124 Spider du 21e siècle, FCA a choisi la voie du partenariat en s’alliant au constructeur japonais Mazda. Le fruit de leurs efforts a donné une variante de la MX-5 que certains surnomment, avec un brin d’ironie, « Fiata » (contraction de Fiat et Miata).
En soi, la formule n’est ni nouvelle ni mauvaise. La popularité, toute relative soit-elle, des Ford Escape et Mazda Tribute d’antan, et des Subaru BRZ et Toyota 86 actuelles le confirme. En outre, elle permet à un constructeur de lancer une nouveauté à moindre coût. D’ailleurs, il faut saluer l’initiative de Fiat qui n’a pas hésité à réaliser une carrosserie distincte pour habiller le châssis bien né de la Mazda. Si bien que la 124 Spider, qui ne partage aucun panneau de carrosserie, ni même les pare-chocs de la MX-5, est anecdotiquement plus longue de 140 mm !
Deux moteurs turbo
Assemblée dans la même usine de Hiroshima, la 124 Spider reçoit cependant des mécaniques signées Fiat. Il s’agit de deux variantes du 4 cylindres turbo MultiAir de 1,4 L. La première, que partage le petit utilitaire 500L, sert aux versions Classica et Lusso. Forte de ses 160 chevaux, elle livre 184 lb-pi de couple à 2 500 tr/min. L’autre variante qu’on réserve à l’Abarth, la version la plus chère, lui procure 4 chevaux de plus seulement, mais elle produit le même couple maximum à plus haut régime, soit 3 200 tr/min. Un argument pour l’amateur de conduite sportive. Toutefois, ces moteurs souffrent d'un temps de réponse du turbo à l'accélération, un défaut que ne partage pas la MX-5 puisque son moteur est atmosphérique.
Comme pour la Mazda, les deux boîtes de vitesses proposées comptent six rapports. La manuelle, qui bénéficie de rapports courts, est précise et très amusante à exploiter avec le moteur de l’Abarth sur une route sinueuse d’arrière-pays. Par ailleurs, l’automatique, rend la conduite en ville moins astreignante, surtout dans le trafic des heures de pointe.
Alors que les formes élégantes de la carrosserie distinguent l’italienne de sa cousine nipponne, l’intérieur y contribue très peu. À part les cadrans et certains éléments de finition (moulures et revêtements des sièges), c’est bonnet blanc et blanc bonnet. Pour certains acheteurs, ces « nuances de gris » suffiront à justifier le choix de l’une ou l’autre de ces deux décapotables. Car il faut rappeler que Mazda a l’exclusivité d’une perle rare : sa MX-5 RF à toit rigide escamotable.
En prenant le volant de la Fiat, exercice comparable à de la gymnastique, on retrouve beaucoup de particularités familières à la MX-5, bonnes et mauvaises. La servodirection d’une précision chirurgicale, la rigidité étonnante du châssis et cette capote de conception exemplaire avec une lunette en verre et une structure permettant de la rabattre sans effort (d’une seule main même), sans réduire le volume utile du coffre. Voilà autant de qualités de la Mazda qui rejaillissent sur la Fiat.
Spécificités italiennes
Cette dernière a, par ailleurs, des réglages de suspension qui lui donnent un roulement un peu plus doux. D’ailleurs, son coffre de format « bikini et brosse à dents » procure tout de même 10 précieux litres additionnels de volume utile. Enfin, l’échappement à quadruples embouts de l’Abarth a un son guttural à l’accélération qui réchauffe le coeur. Certains en prendraient davantage !
En revanche, on se passerait volontiers du coffre à gants logé à l’extrémité de la console centrale, dans un espace forçant conducteur et passager à se contorsionner pour y accéder, ou encore de ces porte-gobelets (heureusement amovibles) dont la conception évoque une improvisation de dernière minute. Il y a aussi cette commande à pression et à mouvement rotatif servant d’interface pour l’écran central, sur laquelle le poignet droit se pose trop souvent accidentellement en maniant le levier de la boîte manuelle avec pour effet de distraire le conducteur. C’est sans compter cette déformation importante du plancher côté passager qui impose à ce dernier tant d’inconfort lors de longues randonnées. Évidemment, ces irritants de la MX-5, la 124 Spider les partage également.
Mais l’acheteur typique d’un de ces cabriolets n’a que faire de ces irritants. Pour lui, le plaisir ressenti lors d’une balade dominicale, cheveux au vent, les rend bien secondaires. Après tout, ces voitures sont des objets de loisirs, parfois même de fraternisation. On les achète pour se faire un cadeau. Pour certains, ils servent aussi de prétexte à des rencontres ouvrant sur d’agréables découvertes de nature touristique. Au volant d’une 124 Spider, on pourrait appeler ça la dolce vita à la japonaise.
Feu vert
- Très bonne tenue de route
- Boîte manuelle amusante
- Toit souple facile et rapide à manipuler
Feu rouge
- Suspension trop ferme de l’Abarth
- Temps de réponse trop long du turbo
- Coffre à gant mal placé
- Porte-gobelets mal conçus