Toyota Tundra - Le grand oublié
Si Ford, GM et FCA peinent à suffire à la demande grandissante pour les camionnettes pleine grandeur sur le marché nord-américain, Toyota doit certainement souhaiter un meilleur sort pour le Tundra, qui a pourtant été conçu pour les Américains et qui se trouve même assemblé au Texas, le royaume des camions.
En fait, comme nous tous, la marque japonaise doit savoir exactement pourquoi les ventes ne sont pas au rendez-vous. La génération actuelle du Tundra a été introduite pour le millésime 2007, et malgré plusieurs changements apportés au fil des ans, les acheteurs de grandes camionnettes réalisent que celle-ci ne date pas d’hier. Il y a aussi d’autres raisons.
Six moteurs sont disponibles dans les Ford F-150, Chevrolet Silverado et GMC Sierra, répondant aux divers besoins et préférences des acheteurs de pickups. Toutefois, les clients de Toyota doivent se contenter d’un seul: le vénérable V8 i-Force de 5,7 litres qui développe 381 chevaux, jumelé à une boîte automatique à six rapports. On a éliminé le rouage à propulsion du catalogue pour 2021, ce qui n’est pas une grosse perte puisqu’une seule déclinaison en était préalablement équipée.
Fanatique des stations-service
Si la puissance est tout à fait convenable par rapport aux moteurs V8 de la concurrence, celui du Tundra a pris un sérieux retard en ce qui a trait à la consommation d’essence. Sa moyenne mixte ville/route de 16,3 L/100 km est de loin la pire dans ce segment, alors que le Silverado, muni de sa cylindrée de 5,3 L, affiche une cote de 12,6 L/100 km. On compense quelque peu avec, de série, un immense réservoir de 144 litres afin d’espacer les visites à la station-service, mais on y restera plus longtemps et les factures seront salées. Habituellement, les modèles Toyota figurent parmi les plus écoénergétiques dans leur catégorie respective, c’est tout le contraire pour le vétuste Tundra.
Même son de cloche quant à la capacité de remorquage, avec un maximum de 4 400 kilogrammes (9 700 livres), alors que le Ram 1500 est capable de tirer jusqu’à 5 783 kg et le nouveau moteur V6 hybride du F-150 pourra traîner une charge supérieure à 5 443 kg. Même si peu de propriétaires ont besoin d’une telle capacité sur une base régulière, la vantardise compte pour beaucoup dans le monde des camionnettes. Ce n’est guère mieux en comparant la charge utile, alors que Toyota et Nissan se partagent le bas du classement à 739 kg. Tout un contraste vis-à-vis des 1 352 kg que peut transporter le F-150 SuperCab.
TRD à la rescousse
Sur papier, le Tundra n’est évidemment plus dans le coup, néanmoins cela ne l’empêche pas de proposer quelques variantes intéressantes. C'est le cas de la TRD Pro, avec son apparence agressive et ses capacités hors route rehaussées par l’ajout d’amortisseurs Fox, une garde au sol relevée de deux pouces, des plaques de protection de sous-carrosserie, sans oublier des jantes BBS de 18 pouces. Si l’on trouve le Tundra TRD Pro trop cher, on peut également se rabattre sur les éditions TRD Hors Route et TRD Sport, moins habiles hors des sentiers battus, mais arborant un style robuste. On a également ajouté une version Trail pour 2021, disposant d’une calandre chromée, de jantes spécifiques ainsi que des sièges noirs avec surpiqûres beiges.
Quant à la déclinaison Platinum, plus luxueuse, elle profite d’une sellerie en cuir, de sièges chauffants et ventilés à l’avant, de phares à DEL et d’une chaîne audio JBL à 12 haut-parleurs. De son côté, l’édition 1794 apporte un décor « western » à peu de frais. Toutefois, nous sommes loin du niveau d’équipement maintenant disponible chez Ram et Ford. Un volant chauffant ne serait pas de refus; le Tundra n’en offre pas.
Toutes les versions du Tundra misent sur un système multimédia avec un écran tactile de huit pouces ainsi que l'intégration Apple CarPlay et Android Auto. Bien que l’interface soit peu compliquée à utiliser, elle n’est pas aussi impressionnante ou bourrée de caractéristiques que les systèmes Uconnect du Ram 1500 et SYNC 4 du F-150.
Sur la route, le sautillement de la suspension trahit l’âge du Tundra, qui ne peut rivaliser avec les avancées technologiques de ses adversaires. Même chose en ce qui concerne l’insonorisation de la cabine. Au moins, on profite de sièges confortables et d’une bonne ergonomie des commandes.
En fait, il y a un aspect non négligeable permettant au Tundra de se démarquer des autres grandes camionnettes, et c’est sa fiche de fiabilité quasi impeccable. À cet égard, l’écart est grand entre le Toyota et ses rivaux. Un avantage de choisir un modèle de conception ancienne, c’est que les pépins ont été réglés il y a longtemps. Est-ce assez pour séduire les acheteurs de camions nord-américains? Sûrement pas. Vivement une refonte pour le Tundra, le grand oublié de sa catégorie.
Feu vert
- Apparence et habiletés de la version TRD Pro
- Bon confort et ergonomie de l’habitacle
- Fiche de fiabilité
Feu rouge
- Consommation ridicule
- Qualité de roulement perfectible
- Nombre limité de configurations