Ford GT - Un avant-dernier tour de piste
C’est en janvier 2015, dans le cadre du Salon de l’auto de Detroit, que Ford faisait renaître pour une seconde fois une de ses légendes : la GT. Avec une formule radicalement différente du modèle introduit au milieu des années 2000, Ford a choqué les âmes les plus sensibles au profit de l’aérodynamisme et des avancées technologiques. Puisque nul n’est éternel, l’aventure de la GT se terminera en 2022. Notons d’ailleurs qu’elle est la seule voiture, aux côtés de la Mustang, se trouvant dans le présent catalogue du géant américain. Signe que les temps changent… et ce n’est pas nécessairement pour le mieux.
Officiellement sur le marché depuis 2017, la GT a été quelque peu bonifiée pour le millésime 2020. LL puissance développée par le moteur V6 biturbo Ecoboost de 3,5 L est passée de 647 à 660 chevaux. Rendu là, est-ce que ça fait vraiment une différence? La question peut se poser. Le tout a été rendu possible grâce aux ingénieurs qui ont notamment optimisé les pistons et les bobines d’allumage. Histoire de continuer à fournir le rendement désiré même lorsque le mercure monte, on a revu la configuration du système de refroidissement. En somme, le débit d’air est désormais plus grand et les refroidisseurs intermédiaires de plus grande dimension.
Parmi les autres nouveautés notables, mentionnons le système d’échappement en provenance du manufacturier slovène Akrapovic. Fait de titane, il est offert de série et sa sonorité, apparemment, déclasse celle des GT des précédentes années. Les ingénieurs ont également radicalisé le mode Piste en raffermissant les amortisseurs. On peut donc présumer que son agilité ne peut qu’être améliorée. Afin de répondre à la demande, nous dit-on, Ford a rendu disponibles des jantes en fibre de carbone. Notons au passage que sa carrosserie est justement constituée de fibre de carbone. Les jantes en aluminium continuent d’être offertes.
Du côté de la transmission, il n’y a rien de nouveau à signaler. On retrouver donc la même boîte automatique à sept rapports. Si la mode pousse les sportives à se doter de quatre roues motrices, Ford mise sur l’authenticité en n’offrant que la configuration à roues motrices arrière. Et on aime ça! Si l’édition Gulf Racing portait le chiffre 6 en 2020, on ignore celui qui prendra sa place pour 2021.
Malgré son prix dépassant l’entendement, il ne faut pas s’attendre à un habitacle où le luxe déborde. En effet, la GT mise d’abord sur les performances et ça se ressent une fois à bord. Bien qu’il soit plus raffiné que celui du modèle du milieu des années 2000, on a carrément affaire à un habitacle digne d’une voiture de course où les commodités présentes sont minimales. Nul besoin d’être un géant pour s’y sentir à l’étroit, c’est ce que nous avait confié l’un des premiers propriétaires de la Ford GT de première génération, alors qu’il ne pouvait pas enfiler un casque une fois assis derrière le volant.
Avoir les poches profondes ne suffit pas
Dans l’univers de la voiture très exotique, avoir le chéquier le plus épais du monde ne suffit pas. Et chez Ford, on contrôle strictement la diffusion de la voiture. Malgré un prix de départ estimé à environ 500 000 $ US qui effraie le commun des mortels, le constructeur refuse la candidature de certains clients potentiels. S’il s’agit de la norme chez certains manufacturiers très prestigieux, c’est loin d’être habituel de Ford. Seulement 250 voitures sont assemblées annuellement, à l’usine de Markham en Ontario, soit dit en passant, et chaque client est soigneusement sélectionné.
Pour mettre la main sur une rarissime GT, Ford recherche des candidats fidèles à la marque, qui ont généralement possédé une GT de précédente génération, qui sont des citoyens impliqués et qui, surtout, ne tenteront pas de la revendre à profit avant même d’avoir parcouru ne serait-ce qu’un kilomètre. Au terme de 2022, Ford mettra fin à l’exercice avec une production qui aura totalisé 1000 exemplaires. On imagine qu’une série d’éditions à tirage hautement limité verront le jour d’ici là.
Une riche histoire
Si vous feuilletez ce livre, il y a de fortes chances que vous ayez visionné le film « Ford contre Ferrari ». Si tel est le cas, la Ford GT40 n’a sans doute plus de secret pour vous. En remportant la prestigieuse course des 24 Heures du Mans en 1966, 1967, 1968 et 1969, elle a mis Ford sur la carte – du monde! – de la course automobile.
À l’exception de l’ovale bleu, de ses roues motrices arrière et de son moteur en position centrale arrière, la GT40 des années 60 n’a rien à voir avec l’actuelle, ni même avec celle du milieu des années 2000. D’ailleurs, à observer la manière dont évolue la valeur de cette dernière, il y a fort à parier qu’un avenir plus que doré attend la GT d’aujourd’hui.
Feu vert
- Exclusivité assurée
- Silhouette à couper le souffle
- Moteur V6 terriblement puissant
Feu rouge
- Processus de sélection complexe
- Prix ahurissant
- Confort assurément minimal