Affaire VolTswagen : Volkswagen doit s’excuser
Connaissez-vous l’adage « les blagues les plus courtes sont les meilleures »? On dirait bien que Volkswagen va l’apprendre à ses dépens.
Pour ceux qui ont manqué ce qui s’est passé en début de semaine, voici un petit résumé. Volkswagen aurait mis en ligne « par accident » un communiqué de presse annonçant que la division américaine de la compagnie changeait de nom pour « Voltswagen » afin d’illustrer le sérieux de la marque à passer aux véhicules électriques. Le communiqué a été retiré quelques minutes après sa publication, puis republié pour de bon le lendemain.
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En temps normal, on aurait cru à une blague du Poisson d’avril. Mais on n’était pas le premier avril, et même si ça avait été le cas, l’annonce ne laissait aucunement entendre à une blague.
Certains argumenteront qu’une compagnie chargée d’histoire comme Volkswagen n’aurait jamais changé son nom, mais précisions qu’il s’agissait un changement local, aux États-Unis, et les motivations derrière ce changement avaient un certain sens.
Quoi qu’il en soit, quand Volkswagen a été contacté par plusieurs agences de presse, des compagnies sérieuses qui n’ont pas de temps à perdre avec les blagues, des représentants de la compagnie ont assuré que c’était vrai, que le changement aurait bel et bien lieu.
Or, on a appris un peu plus tard que « c’était une blague », un coup de marketing lié à l’arrivée prochaine du véhicule électrique ID.4 sur les routes nord-américaines.
Une faute grave
On rit (ou pas), mais réalisez-vous que Volkswagen, dans le but de faire parler d’elle, a délibérément menti à des agences de presse et des journalistes?
Des médias crédibles comme Automotive News, USA Today, l’Agence France-Presse (AFP) et même nous, au Guide de l’auto, avons mordu à l’hameçon devant cette communication « officielle ». Le directeur de l’information de l’AFP a d’ailleurs porté plainte à Volkswagen, décriant un « abus de confiance très grave » à l’endroit des médias.
L’équipe éditoriale du Guide de l’auto abonde dans le même sens. Les agissements de Volkswagen dans cette affaire sont graves, essentiellement pour trois raisons.
Problèmes éthiques, légaux et moraux
D’abord, cette fausse blague de Volkswagen est un grave manque d’éthique professionnelle envers les médias. Volkswagen a sciemment usé de l’influence, de la portée et de la crédibilité des médias, dont le nôtre, pour essentiellement avoir de la publicité gratuitement.
Il y a également un aspect légal important à cette affaire. Annoncer des changements dans le genre peut avoir une certaine influence sur le prix des actions d’une compagnie, et mentir dans le but de faire varier le cours d’une action est une forme de fraude financière. Le cours de l'action de Volkswagen a bondi cette semaine, et il est possible que cette affaire y soit pour quelque chose.
Finalement, il y a un aspect moral à tout ça qui a fait grandement sourciller. S’il y a bien une compagnie qui devrait se retenir de mentir publiquement, même dans le cadre d’une campagne publicitaire, c’est bien Volkswagen.
Il y a à peine plus de cinq ans, le fameux « dieselgate » nous apprenait que Volkswagen a menti pendant des années sur les réelles émissions polluantes de ses moteurs diesel. Volkswagen a reconnu avoir truqué plus de 11 millions de véhicules afin que ceux-ci puissent émettre davantage d’émissions polluantes au profit de meilleures performances. Un mensonge grave qui a coûté des milliards d’euros au constructeur, mais qui a surtout causé des émissions polluantes importantes susceptibles de nuire à la santé de milliards d’humains.
Volkswagen a menti avec le « dieselgate » et cette drôle de campagne publicitaire nous laisse croire que le constructeur n’a pas retenu sa leçon.
On a peut-être affaire ici à une blague bien intentionnée qui a dérapé, mais le constructeur doit assumer les conséquences de ses actes et admettre l’irresponsabilité de cette campagne. Volkswagen doit s’excuser.