La Porsche 911 sauvée par le carburant synthétique?
Le célèbre constructeur allemand Porsche a annoncé cette semaine son objectif de devenir carboneutre dès 2030, et ce, pour l’ensemble des phases de son activité.
Pour y parvenir, Porsche mise sur l’éléctromobilité avec, entre autres, la commercialisation de la Taycan et de sa variante Cross Turismo ainsi que l’éventuel successeur du VUS Macan qui sera à motorisation électrique, de même qu’une offre étendue de modèles à motorisation hybride rechargeable.
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Mais les efforts de la marque ne se limiteront pas qu’au concept d’éléctromobilité. Porsche a également investi 20 millions d’euros dans un projet pilote de production de carburant synthétique, appelé « eFuel ».
En marge de la conférence de presse annuelle de Porsche, j’ai pu m’entretenir avec Detlev Von Platen, membre de la direction de Porsche AG et responsable des ventes et du marketing pour le constructeur allemand.
« Nous avons décidé d’établir ce projet-pilote au Chili, là où le vent souffle et le soleil brille 365 jours par année, pour utiliser les énergies renouvelables nécessaires à la production de ce carburant de synthèse. Ce que nous allons produire, dans les premiers temps, sera certainement utilisé dans notre participation aux sports automobiles, dans nos centres d’expérience Porsche à travers le monde […] pour les convaincre de maintenir des compétitions automobiles avec des moteurs à combustion en utilisant ces carburants synthétiques », a expliqué M. Von Platen dans une entrevue réalisée en français. « On ne se voit pas investir dans la production de carburant dans le futur, mais on veut, à travers ce projet pilote, montrer que, à côté de l’électromobilité, le carburant synthétique peut avoir une certaine place », poursuit-il.
L’avenir de la 911 Carrera
Le développement de ce carburant synthétique, qui pourrait rendre des véhicules à moteur thermique aussi propres que des modèles électriques, pourrait permettre à Porsche de poursuivre la production de la mythique 911 telle qu’on la connait.
« Si l’on suppose que la 911 a un long avenir chez Porsche, avec son beau moteur flat-six à combustion, c’est une des raisons pour laquelle nous trouvons que le carburant synthétique peut avoir sa place, puisqu’il permettra, non pas uniquement à la 911 mais aussi à d’autres voitures, comme les classiques et les anciennes voitures si importantes pour nous, de pouvoir être utilisées tout en gardant un bilan de CO2 neutre », explique Detlev Von Platen.
« Cest très important pour nous parce que c’est une question d’acceptabilité sociale qui est aussi très importante pour nos clients. Ils souhaitent pouvoir entendre, de la part d’une marque comme Porsche, que l’on produit des voitures de sport qui sont là pour le côté émotionnel, la passion du sport automobile. Si en plus, ce constructeur de voitures de sport prend ses responsabilités et apporte sa contribution, même jusqu’à investir plus d’un milliard d’euros dans les prochaines dix années, je pense que c’est quelque chose qui va certainement apporter une certaine différenciation dans la valeur que peut représenter la marque Porsche. On a la ferme volonté de faire en sorte que l’icône de Porsche - la 911 - soit encore une icône qui fonctionne grâce à nos investissements en carburant synthétique ».
Une transformation radicale de l’industrie
« Ce qui va se passer dans les cinq prochaines années sera une transformation beaucoup plus importante, peut-être jamais vue, que ce qui s’est passé dans le monde de l’automobile au cours du dernier siècle », poursuit M. Von Platen.
« Les développements se font d’une manière extrêmement rapide, et c’est une transformation qui est très large puisqu’elle ne vise pas uniquement le moteur d’une automobile, mais également les nouvelles technologies avec les batteries, et toute la partie de la numérisation et de la connectivité de l’automobile. Par conséquent, Porsche va devoir investir à peu près 15 milliards d’euros dans les prochaines cinq années pour pouvoir maintenir le rythme ».
À propos de Detlev Von Platen
Detlev Von Platen est le fils de parents allemands, mais il est né à Orléans en France, et il a fréquenté les universités de Tours et de Poitiers dans l’hexagone.
Il parle donc un français absolument impeccable, et il a travaillé en France, en Allemagne ainsi qu’aux États-Unis. « À Atlanta (siège social de Porsche aux États-Unis), j’étais probablement la seule personne avec un nom allemand qui parlait anglais avec un accent français… ».
Detlev Von Platen est devenu président et chef de la direction de Porsche Cars North America en 2008, et il est devenu membre de Porsche AG, responsable des ventes et du marketing, en octobre 2015.