Cadillac CT5-V 2021 : que de chemin parcouru!
Points forts |
|
---|---|
Points faibles |
|
Le segment des berlines de luxe est la chasse gardée des constructeurs allemands depuis de nombreuses années. Leur image de marque les précède, et pour la clientèle de ce genre de voitures, le blason compte énormément.
Je me souviens encore de la réaction d’un propriétaire de BMW à qui j’ai fait essayer une Kia Stinger. Il avait adoré la conduire mais n’était pas certain de vouloir franchir le pas et s’offrir une Kia… Il a d’ailleurs racheté un VUS allemand quelques mois plus tard.
- À lire aussi: Cadillac CT4-V et CT5-V Blackwing : encore plus puissantes que prévu!
- À lire aussi: GM veut éliminer les véhicules à essence d’ici 2035
Face au dynamisme et à la conduite plus « européenne » prônée par les Allemands, les constructeurs américains leur ont longtemps opposé de grands bateaux, dotés de moteurs V8 souples, mais pas franchement économiques et surtout beaucoup moins performants. Sans parler de la tenue de route, dont le confort était le seul point fort.
Si l’on remonte 30 ans en arrière, il y avait un monde entre les Cadillac Eldorado, Seville, Deville ou Fleetwood qui semblaient encore appartenir à la décennie précédente, et les BMW Série 3, 5, ou 7 qui se voulaient autrement plus modernes.
Les temps changent
Trente ans plus tard, l’image de Cadillac a beaucoup changé. GM a réussi à rajeunir et à moderniser la perception de la marque, réussissant à se débarrasser du cliché du « char de retraité ».
Aujourd’hui, l’arrivée de la Cadillac CT5 dans un marché dominé par les VUS montre l’ambition du constructeur américain d’attaquer BMW, Audi et Mercedes-Benz sur leur propre terrain.
Contrairement aux années 1980 et 1990, la réplique se fait aussi dans le domaine de la sportivité. La preuve la plus tangible étant cette CT5-V, modèle sportif qui sera bientôt rejoint par la redoutable version Blackwing et son V8 de 668 chevaux.
Le Guide de l’auto a récemment pu mettre à l’essai une Cadillac CT5-V, munie de quelques options comme la traction intégrale, des jantes de 19 pouces, un volant recouvert de suède, un toit ouvrant, une peinture rouge optionnelle ainsi que tous les équipements de sécurité disponibles. Ainsi équipée, l’auto coûte 67 723 $, transport et préparation inclus.
Un prix plutôt élevé dans l’absolu, mais qui se rapproche d’une BMW M340i dotée d’options similaires.
Repositionnement de la série V
Dans la gamme Cadillac, les modèles V représentaient la crème de la performance, le véhicule le plus sportif. Avec l’apparition des versions Blackwing, Cadillac replace la CT5-V en milieu de gamme. On a donc affaire à une auto dynamique mais dont la vocation n’est plus de disposer d’une puissance énorme.
Sous le capot, le V6 de 3 litres biturbo développe 360 chevaux et 405 lb-pi de couple. Des valeurs légèrement inférieures à celles d’une BMW M340i (382 chevaux) mais qui sont amplement suffisantes pour faire sourire le conducteur.
S’il ne vous écrase pas dans votre siège comme les anciennes Cadillac portant l’écusson V, le V6 de la CT5-V propose une bonne disponibilité en bas du compte-tours, des accélérations et des reprises toniques ainsi qu’une belle allégresse à haut régime. Sans oublier la sonorité (artificiellement amplifiée dans les haut-parleurs) qui ajoute encore à l’ambiance.
De son côté, la boîte de vitesses à 10 rapports seconde bien le moteur, offrant une expérience plutôt douce au quotidien, et suffisamment rapide en conduite sportive.
Lors de notre essai réalisé en hiver, la consommation de carburant oscillait entre 13 et 15 L/100 km de moyenne en fonction de la conduite adoptée. Le moteur doit être alimenté à l’essence super, comme ses concurrentes germaniques.
Une conduite à deux visages
La première chose qui étonne lorsque l’on prend le volant, c’est la docilité de l’auto et surtout la souplesse de ses suspensions. Plus conciliante qu’une Mercedes ou une BMW sur une route mal revêtue, la CT5-V conviendra bien à une utilisation quotidienne.
Mais au moment d’aborder une série de virages avec les modes de conduite les plus sages, la souplesse des suspensions surprend, l’auto laissant entrevoir des mouvements de caisse marqués et un train avant moins bien guidé que ce que l’on attendait.
Que les amateurs de conduite enthousiaste se rassurent : une simple pression sur le bouton V sur le volant permet à la CT5-V de changer d’attitude. Grâce à ses suspensions électroniques à contrôle magnétique, l’auto devient plus ferme, le guidage du train avant nettement plus précis et la tenue de route beaucoup plus efficace.
Un petit bémol pour la direction, trop lourde en mode Sport. Les nombreux ajustements disponibles permettent heureusement de paramétrer la conduite avec les suspensions en mode Sport mais avec la direction moins lourde.
Un combat inégal
Joliment dessinée, bien finie, performante et suffisamment spacieuse pour quatre occupants, la Cadillac CT5-V cumule les bons points. Cependant, elle risque de souffrir face à l’armée de VUS qui lui barrent la route. On ne peut que féliciter Cadillac pour sa persévérance à développer et à vendre des berlines alors que le marché n’a d’yeux que pour les VUS.
En dépit du fait qu’elle n’ait rien à envier à une auto allemande au chapitre de la conduite, il y a de grandes chances que les ventes de la CT5-V demeurent très faibles au Québec.
Si toutefois vous décidez de sauter le pas pour rouler avec une auto différente, gardez à l’esprit que la dépréciation de la CT5 risque d’être forte dans les années à venir. C’est dommage car ses qualités sont bien réelles.