Les bleus du Prologue et quelques miracles
Désolé de n’avoir guère mis à jour ce blogue au cours des deux derniers jours mais je n’en avais franchement ni la forme, ni vraiment le goût. Parce que je dois vous dire que nous avons fait une sortie de route durant la toute première étape du Prologue dimanche dernier, à Flatrock, en périphérie de St-Jean. Je sais que les règles de la Presse Canadienne affirment qu’on doit seulement écrire ‘St. John’s’, mais j’aime quand même utiliser le nom St-Jean pour la capitale terre-neuvienne à force de voir tous les noms français plus ou moins fantaisistes que comporte le toponymie de cette province voisine du Québec.
Pour en revenir à notre mésaventure, une dépression à l’intérieur d’un virage a provoqué une réaction aussi soudaine qu’imprévisible de notre voiture à grande vitesse. Il faut dire que cette STI Targa est vraiment très, très rapide lorsque la pression de suralimentation du turbo est réglée au maximum.
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Après notre pirouette, j’ai jeté un très bref coup d’œil à notre voiture avant de partir en balade vers St-Jean à bord d’un autre type de véhicule. Une procédure normale pour ce genre d’incident. Je croyais sincèrement que c’en était fait de mon troisième rallye Targa. Or, c’était sans compter avec la détermination de l’équipe de rallye de Subaru Canada. J’ai par exemple appris, un peu plus tard, que le chef-mécano Stewart Hoo et les gars de son équipe, Andrew, Lewis et Nick, avaient même réussi à remettre la STI en état de rouler avant même de l’amener chez Capital Subaru à St-Jean où le patron John Howard leur a immédiatement ouvert les portes de son atelier.
Quelques heures plus tard, au petit matin, la STI Targa était prête à repasser à l’action. Elle portait bien quelques cicatrices du côté droit mais nous étions de retour dans le rallye. Et puisque le Prologue ne ‘compte pas’ (ouais, allez dire à ceux qui ont passé la nuit à réparer la voiture) nous allions pouvoir prendre le départ de la première journée de compétition officielle du rallye Targa 2009 avec une feuille de pointage vierge.
Cela étant dit, un autre défi de taille nous attendait. Le lundi matin, mon copilote Keith Townsend s’est réveillé en ressentant de vives douleurs à chaque fois qu’il essayait de soulever le moindre objet. Sa valise, par exemple, puisque nous nous apprêtions à quitter notre hôtel pour un périple qui allait nous faire sillonner la péninsule dans tous les sens au cours des jours suivants. Keith n’était ni en état de faire son boulot de copilote, ni même de se contorsionner pour grimper à bord de notre voiture de course. Ce n’est que plus tard que nous avons appris qu’il avait deux côtes fêlées, et si vous n’avez jamais subi ce genre de blessure, vous ne pouvez imaginer à quel point cela fait mal. Croyez-moi sur parole.
Nous étions donc à la recherche d’un autre copilote, du moins pour la première étape. C’est du moins ce que nous croyions à ce moment-là. Or, ce n’est vraiment pas une mince tâche de trouver une telle personne au premier jour du Rallye Targa. Puisqu’il était hors de question que Stewart Hoo et son équipe aient fait tout ce travail sur la voiture seulement pour voir l’équipe déclarer forfait, notre chef-mécano a lui-même enfilé la tenue de course toute neuve de Keith sur ses vêtements (ils n’ont vraiment pas le même gabarit) pour jouer les copilotes pour la première fois de sa vie au Targa. Connaissant Stewart, si quelqu’un pouvait relever ce défi, c’était bien lui.
La fameuse devise « Press On Regardless » (continuer à tout prix) des rallyistes prend tout son sens dans l’équipe de rallye de Subaru Canada.
Pour faire une histoire courte (parce qu’on peut en écrire un longue pour chacune des équipes qui participent au rallye Targa Terre-Neuve), Stewart et moi avons terminé la première journée de compétition officielle de l’édition 2009 sans aucune pénalité, comme douze autres équipes. Parmi celles-ci on retrouve la plupart des habitués et quelques nouveaux venus, notamment l’ancien champion coureur néo-zélandais Steve Millen et Mike Monticello au volant de leur Nissan GT-R d’une belle couleur orangée.
Stewart et son équipe avaient déjà accompli quelques miracles à l’atelier, mais Stewart en a lui-même réussi un autre en tant que copilote. Ajoutant au défi, nous avons dû ménager l’embrayage de course de la STI de la deuxième spéciale de la journée à Placentia jusqu’à la septième et dernière spéciale à Easport, en évitant les départs trop brusques et en faisant un minimum de changements de rapports par la suite.
Ce matin, je suis certain que Stewart et son équipe ont résolu les ennuis d’embrayage et apporté les modifications dont mon copilote et moi avions discuté pour rendre la voiture moins nerveuse en virage rapide. Quel autre pilote peut se targuer d’avoir son chef mécanicien assis à sa droite pour discuter des réglages de la voiture au cours des longues étapes de liaison?
La deuxième étape du rallye Targa débute ce matin et nous allons nous en tenir à la même stratégie fort simple: prendre les ‘spéciales’ et les journées une à la fois. Grâce à l’aide inestimable des instructions limpides de Keith, nous serons prêts. Sans jamais toutefois sous-estimer les nombreux défis que comporte le rallye Targa.