Mercedes-Benz Classe G, le ridicule ne tue pas…
On aura beau gratifier l’immense VUS de Mercedes-Benz de tous les noms et crier à tue-tête qu’il est aussi utile sur nos routes qu’un marteau dans les mains d’une couturière, n’empêche qu’il continue son gros bonhomme de chemin… tout simplement parce qu’il se trouve des gens pour l’acheter. C’est la loi, bien simple, de l’offre et de la demande. Eh oui, certaines personnes demandent à être vues à dix kilomètres à la ronde et veulent dépenser autant d’argent pour de l’essence que moi pour mon hypothèque !
Quoi qu’il en soit, ce Mercedes Classe G devrait en être à sa dernière année sous cette forme aussi carrée qu’un réfrigérateur et qui date du temps du disco. En effet, la même année où Donna Summer chantait Bad Girls, que Mère Teresa recevait le prix Nobel de la Paix et qu’un certain Gilles Villeneuve sur sa Ferrari terminait deuxième au championnat du monde de Formule Un, Mercedes-Benz accouchait de cette énormité. Déjà à l’époque, on était bouche bée devant autant de présence (d’insolence serait peut-être plus juste !). Alors imaginez aujourd’hui, alors que l’on commence à s’habituer aux Smart…
Aussi incroyable que cela puisse paraître, le G 500 (en fait, son vrai nom est Gelandewagen mais, pour alléger le texte, nous utiliserons la dénomination G 500), le G 500, donc, n’est pas le plus gros véhicule à fréquenter nos routes. Il est plus petit que les Hummer H2, Chevrolet Suburban, Land Rover Range Rover ou même que le Porsche Cayenne ! Mais son style gossé à la hache le fait paraître plus gros qu’il ne l’est en réalité.
S’il affiche des airs de durs, le G500 peut parfaitement en avoir aussi la chanson. Le modèle de base (quoiqu’un tel qualificatif soit très peu approprié…) se vend la bagatelle de 112 000 $. Pour ce dérisoire prix, le propriétaire a droit à un V8 de 5,0 litres de 292 chevaux et d’un généreux couple de 336 livres-pied à 2 800 tours/minute. Une seule transmission est offerte, soit une automatique à cinq rapports au fonctionnement sans reproches. Évidemment, avec un poids oscillant aux alentours de 2 500 kilos et un coefficient de pénétration dans l’air à peine meilleur que celui de mon cabanon, la consommation d’essence égale celle d’un toxicomane en manque. Et « môssieur » n’exige que du super… Le comble, c’est que cette grosse masse est quasiment aussi polluante qu’une usine tristement célèbre de Valleyfield !
Vous pensiez avoir tout lu ? Eh bien sachez qu’il existe une version plus excentrique du G 500 ! Le G55, préparé par AMG, la filiale sportive de Mercedes, fait preuve de performances étonnantes. Naturellement, avec un V8 de 5,5 litres surcompressé de 469 chevaux et 516 livres-pied de couple, on est en droit de s’attendre à en avoir pour les 152 000 $ investis… Pour ce qui est de la consommation, elle ne figure même pas sur le site Internet du constructeur, sans doute gêné…
On a beau se moquer du G 500 (ou du G 55 AMG, c’est selon), il faut admettre que ses capacités hors route ne sont rien de moins que phénoménales. Il s’agit d’un système 4X4 à prise constante, c’est-à-dire que les quatre roues sont toujours « embrayées ». Le conducteur peut choisir la gamme de rapports qui convient (4Lo) sans avoir à immobiliser le véhicule. Il peut aussi, au simple toucher d’un bouton, bloquer les différentiels avant, arrière et central. À ce moment, la puissance est distribuée de façon égale entre chaque roue. Si vous réussissez à enliser le G 500, c’est que A) vous avez manqué de jugement et même un bulldozer ne serait pas passé là B) que vous ne savez pas vous servir d’un 4X4 malgré vos millions C) les deux réponses précédentes. Il faut aussi mentionner que grâce à ses roues placées presque sans porte-à-faux, les angles d’approche et d’éloignement du G 500 sont très marqués. Il peut ainsi descendre ou monter des pentes fortes sans que ses pare-chocs touchent terre. Bien entendu, le dégagement entre le sol et le dessous du véhicule, recouvert de plaques de protection, est suffisant pour éviter la plupart des bûches et des embûches.
Le pied respectueux
Si le G 500 impressionne dans la boue, il en va tout autrement sur la route. Sa direction à billes est d’une imprécision notoire et les suspensions font preuve d’une trop importante mollesse. À haute vitesse (110 km/h et plus), le sentiment de sécurité fait rapidement place à l’instinct de survie et on lève le pied. Et si jamais vous vouliez défier les lois de la physique, dans une bretelle d’autoroute par exemple, le système de contrôle de la stabilité aura tôt fait de calmer vos ardeurs.
Tout véhicule de plus de 100 000 $ se doit d’être le moindrement luxueux. À ce chapitre, le G 500 ne déçoit pas ! Bois et cuirs choisis côtoient des plastiques de qualité. Les rares options (système audio harman/kardon, cellulaire activé par la voix et aide au stationnement) sont très dispendieuses. Mais il s’agit ici d’un commentaire de journaliste automobile, individu invariablement pauvre ! Le G 55 AMG, pour justifier son injustifiable prix, propose une liste d’équipement de base encore plus complète.
Le G 500, et, surtout le G 55 AMG, sont des véhicules d’une navrante inutilité étant donné que plusieurs autres 4X4 démontrent autant d’aptitudes en hors route, tout en étant plus civilisés sur la route. Le Land Rover Range Rover, par exemple, est moins carré, plus discret et pollue moins. Mais il ne fait pas « suer » le peuple autant qu’un Classe G !
Feu vert
Capacités hors route hallucinantes
Performances étonnantes
Visibilité hors pair
Habitacle de type « église »
Équipement de base relevé
Feu rouge
Comportement routier pauvre
Consommation éhontée
Incroyablement polluant
Design dépassé
Rapport qualité/prix ridicule