Stellantis : l'électrique avant tout
par AFP
Fusionnés dans Stellantis, Peugeot et Fiat-Chrysler se donnent de nouvelles ambitions dans les véhicules électriques et vont revoir leur stratégie en Chine.
Le directeur général du groupe, Carlos Tavares, a dévoilé mardi lors d'une première conférence de presse sa « vision » pour le groupe, avant de présenter sa stratégie complète dans quelques mois.
« Rendre les véhicules électriques abordables pour les classes moyennes sera l'enjeu des prochaines années », a souligné Carlos Tavares. Le groupe propose déjà 29 modèles électrifiés via ses 14 marques et lancera 10 véhicules supplémentaires d'ici la fin 2021.
En s'appuyant sur l'avance de PSA dans le domaine, chaque modèle lancé d'ici 2025 aura sa version électrifiée. Le groupe va également renforcer ses offres dans la mobilité à travers ses marques Leasys et Free2Move.
Peugeot en Amérique du Nord?
De Chrysler à Fiat en passant par DS, Dodge, et Opel, le groupe rassemble 14 marques, dont certaines, comme Lancia, sont mal en point. Mais Carlos Tavares assure que chaque marque « doit être capable de se projeter dans l'avenir ».
« Les marques vont avoir des occasions de rebondir grâce à l’efficacité de nos synergies », a souligné ce passionné de sport automobile, rappelant que sa première voiture était une Alfa Romeo.
Y aura-t-il une nouvelle Citroën à moteur Maserati? « On peut rêver à tout, dès qu'on assure notre pérennité par la récurrence de nos résultats », a répondu Carlos Tavares.
Il n'exclut pas non plus le retour d'une marque comme Peugeot aux États-Unis, mais il préfère dans un premier temps « creuser le sillon » des marques qui s'y vendent bien, comme Chrysler, Dodge ou Jeep.
Le groupe doit encore définir ses ambitions dans le sport automobile, où il est présent en Formule 1 notamment avec Alfa Romeo et en Formule E avec DS. « Nous avons besoin du sport automobile, c'est un vecteur de validation de l'innovation », a souligné M. Tavares.
Bilan social
Stellantis, basée à Amsterdam, devrait compter près de 300 000 salariés après le désengagement de PSA dans l'équipementier Faurecia.
Avant de partir à la rencontre de ses nouvelles équipes à travers le monde, le directeur général de Stellantis a voulu les rassurer sur les conséquences sociales de ce mariage. Lui qui se dit « concentré, lucide et excité » par cette fusion qu'il a menée à bout, considère que c'est l'absence de fusion qui aurait été « grave du point de vue social ».
Il devra notamment convaincre cette semaine les salariés transalpins du groupe: ils réclament des garanties pour l'emploi et un rôle plus fort de l'État italien, alors que l'État français détient 6,2% de Stellantis.Le nouveau groupe vise à terme 5 milliards d'euros d'économies par an, non via des suppressions de postes, mais en « diluant les investissements sur une base plus large », notamment dans la recherche, et en « achetant les composants à un volume plus important donc à des conditions de coût plus compétitives », a souligné M. Tavares.
Dans le cadre de ces synergies, deux tiers des véhicules vendus seront construits sur deux plates-formes (châssis) communes.
Objectif Chine
Les deux groupes ont fusionné samedi dans un grand jeu de chaises musicales: le directeur de Peugeot a remplacé le directeur d'Alfa Romeo qui est parti diriger Chrysler. Mike Manley, l'ex-directeur général de FCA, a pris la tête du groupe en Amérique du Nord.
Cette union permet aux deux groupes de rééquilibrer leur présence internationale, entre un FCA fort en Amérique et un PSA concentré sur l'Europe.
Un groupe de travail s'attelle déjà à une des priorités du groupe, a souligné Carlos Tavares: en Chine, premier marché mondial, « les deux familles ne sont pas satisfaites de leurs performances » et on peut s'attendre à une « remise à plat complète de la stratégie du groupe » d'ici la fin 2021.
Dans le Royaume-Uni post-Brexit, le groupe devrait prendre des décisions importantes sur ses implantations « dans les prochaines semaines », a ajouté M. Tavares.