Le monde de Volkswagen - Les moteurs de demain

Alors que Toyota mets tous ses efforts dans les rouages hybrides, tentant de convaincre les acheteurs nord-américains qu'il s'agit de la technologie de l'avenir et la seule viable, plusieurs autres constructeurs ont des opinions bien différentes. Volkswagen fait partie de ces dissidents. Pour le numéro un européen et le troisième producteur au monde pour l'instant, il y a plusieurs autres façons de réduire la production de gaz à effet de serre et la consommation de carburant. Selon eux, développer des petits moteurs produisant une puissance égale à celle des moteurs de cylindrée parfois double est l'une des solutions. De plus, les moteurs diesels sont plus efficaces la plupart du temps pour réduire la pollution et la consommation que les systèmes hybrides complexes, onéreux, et pas toujours efficaces.

Dans le cadre d'une conférence donnée à Wolfsburg devant les représentants de la presse internationale, le Dr Hermann Middendorf, responsable du développement des moteurs de petite cylindrée chez Volkswagen, a expliqué les grandes lignes de la philosophie du numéro un européen.

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Selon lui, la crise économique qui a frappé le monde entier au cours des derniers mois, ainsi que l'annonce d'éventuelles normes américaines environnementales  beaucoup plus sévères  sont de bonnes nouvelles en quelque sorte pour Volkswagen. En effet, ce constructeur possède déjà une panoplie de moteurs de faible cylindrée capables d'assurer de bonnes performances et une économie d'essence très raisonnable. Prenons par exemple leur système Twin qui incorpore un turbo compresseur et un compresseur sur un même moteur. Cela permet d'avoir une petite cylindrée, 1,4 litre dans le cas qui nous concerne, et une puissance de plus de 160 chevaux Ce moteur, malgré sa puissance quand même élevée, consomme moins de 7 litres au 100 km. Il existe également une version de 1,2 litre du Twin. Et on a même poussé la sophistication un peu plus loin, en utilisant ce moteur avec un moteur électrique constituant un hybride vraiment sophistiqué.

Il faut souligner que, pour l'instant, la stratégie de Volkswagen en Amérique afin  de réduire les émissions de CO2 et la consommation de carburant  est basée sur le lancement d'un plus grand nombre de modèles dotés d'un moteur diesel, notamment le quatre cylindres 2.0 litres TDI et le V6 3,0 litres TDI. Le premier est utilisé sur les Golf et Jetta tandis que le second est dorénavant disponible sur le Touareg. Il est vrai que les acheteurs américains boudent encore le diesel, mais des progrès en la matière sont quand même en voie d'être enregistrés. En effet, les Volkswagen Jetta TDI et Audi Q7 TDI dotés d'un moteur diesel représentent 30 % des ventes de ces deux modèles sur notre continent ce qui est quand même assez impressionnant.

Il est vrai que ce n'est pas aussi impressionnant que de voitures hybrides qui semblent être la Darling des journalistes généralistes qui trouvent toutes les raisons du monde pour vanter ce type de propulsion. Ce dernier a ses mérites, mais il ne faut pas oublier non plus que c'est la Jetta TDi qui a été nommée 'Voiture verte de l'année en 2009', se classant devant la non moins célèbre Prius de Toyota. Comme d'habitude, les Allemands procèdent toujours de façon très logique et très disciplinée. Le seul malheur dans le cas de Volkswagen, c'est que sur notre continent, les gens commencent à s'intéresser au diesel et que cette stratégie risque de demander de la patience. Soulignons au passage, que les acheteurs québécois sont beaucoup plus branchés que les Américains et même le reste du Canada en étant de grands utilisateurs de voitures à moteur diesel. Au Québec, on peste contre Volkswagen non pas parce que la compagnie tente de commercialiser des voitures avec ce type de moteur, mais parce qu'elle elle n'a pas un assez grand nombre de modèles dans sa gamme.
En effet, ce ne sont pas les modèles qui manquent puisque le groupe Volkswagen possède dans ses gammes pas moins de 157 véhicules dont le taux de CO2 est inférieur à 140 grammes par km.

La solution ultime : la voiture électrique

Si les moteurs diesels très propres, ainsi que les moteurs à essence de faible cylindrée dotés de la suralimentation sont des solutions viables à court terme, on est les premiers à reconnaître chez Volkswagen que la voiture de demain sera éventuellement la voiture électrique. D'ailleurs ce constructeur consacre beaucoup d'énergie et d'argent à développer des batteries qui seraient non seulement puissantes, performantes et capables de long rayon d'action, mais également beaucoup plus légères pour que ce soit possible de produire des véhicules électriques en grande série. Mais ce n'est qu'un rêve pour l'instant, la plupart des voitures électriques  produites par Volkswagen au cours des prochaines années seront destinées à des usages plutôt spécialisés, comme les véhicules de parc fermé par exemple. En attendant, Volkswagen a investi dans une compagnie qui a développé un processus pour développer de l'éthanol à partir de fibres cellulosiques et a également investi avec Daimler dans une compagnie qui produit de l'énergie viable à partir de la biomasse.

Parmi les prototypes qui ont été dévoilés lors de cette conférence, il faut souligner la E-Up, une mini voiture quatre places toute électrique qui devrait être commercialisée en 2013. Cette petite citadine est non seulement élégante, mais son habitacle offre la même habitabilité qu'une Golf actuelle. Les ingénieurs allemands travaillent également sur un véhicule hybride à pile à combustible utilisant de l'hydrogène et ce véhicule devrait être commercialisé un jour, mais certainement pas avant une dizaine d'années s'il faut en croire les personnes interrogées. Le système fonctionne très bien, nous avons même eu l'opportunité de conduire une Touareg propulsée par ce système, et c'est impressionnant. Par contre, en plus d'être onéreux, ce mécanisme est beaucoup trop lourd pour l'instant puisque le véhicule essayé pesait plus de eux  tonnes.

Enfin, nous avons également eu la chance de conduire un autre Touareg, mais celui-ci est équipé d'un moteur à essence V6 3,0 litres associé à un moteur électrique, bref une propulsion hybride conventionnelle. Ce modèle devrait être offert dans notre pays d'ici deux ans et dans la nouvelle mouture de la Touareg qui changera complètement en 2010.

On peut le constater, il n'y a pas de super voiture, de solution miracle mais beaucoup d'opportunités pour développer et produire des technologies nouvelles. En guise de conclusion, je m'en voudrais d'ignorer le véhicule concept L1 qui a été l'une des grandes vedettes du dernier Salon de Francfort. Cette voiture biplace ressemblant davantage à un avion dépourvu d'aile utilise un châssis en fibre de carbone qui est à la fois léger et rigide. Toutefois, pour réduire les coûts de fabrication, les ingénieurs ont souligné qu'ils utilisaient dorénavant une technologie de production de pièces en fibre de carbone qui sont relativement économiques à produire. Il s'agit encore une fois d'une version hybride électrique qui fait appel à un petit moteur deux  cylindres associé à un moteur électrique. Non seulement la voiture est très élégante, mais on nous promet une consommation de carburant inférieur à 3,0 litres au 100 km. Il est vrai que ses dimensions, surtout sa faible hauteur, la rendraient probablement vulnérable dans la circulation urbaine et même sur les autoroutes, mais c'est une solution intéressante et attrayante. Ce n'est pas le Pérou, mais c'est beaucoup mieux que les autres véhicules du même genre qui sont étroits et semblent très fragiles en plus d'offrir une habitabilité quasiment inexistante. Dans la L1, deux adultes de grande taille peuvent facilement y prendre place.
Une chose certaine, les petites voitures, les moteurs de cylindrée plus modeste et les groupes propulseurs hybrides ou électriques sont au menu de Volkswagen pour les années à venir.