Infiniti QX56 / Nissan Armada, un psychologue, s.v.p.
Franchement, on ne les attendait pas en 2010, les Infiniti QX56 et Nissan Armada! Pas parce qu’on ne les aime pas (en fait, on ne peut pas dire qu’on s’est beaucoup attaché à eux, mais là n’est pas la question). C’est juste que dans le contexte actuel, ils n’ont plus leur place. On a beau dire que plusieurs automobilistes ont encore besoin d’un véhicule pouvant transporter plusieurs individus, des tonnes de bagages et remorquer une maison, n’empêche que personne n’a le goût de faire vivre les pétrolières, ces pauvres démunies…
Malgré tout ce qu’on pourrait dire, le duo formé par le QX56 et l’Armada est de retour et Nissan doit avoir une bonne raison de lui faire faire un autre tour de piste. Laquelle, ça… Lorsque Nissan a conçu ces deux VUS pleine grandeur, lancés au printemps 2004, le marché américain n’avait d’yeux que pour ce qui était immense. Juste gros n’était pas suffisant. Nissan venait justement de développer la camionnette Titan, dont les dimensions intimidaient les Ford F-150, Chevrolet Silverado et Dodge Ram. De même, le Nissan Armada et l’Infiniti QX56, sa version luxueuse, rendaient quasiment les GMC Yukon, Dodge Durango et Ford Expedition jaloux.
La modération a bien meilleur coût
Cependant, pour déplacer avec une certaine célérité une masse de plus de 2600 kilos (autant que deux Nissan Versa!), il faut un moteur un tantinet puissant… Encore là, Nissan n’a pas raté son coup. Le V8 de 5,6 litres qu’on lui a inséré sous le capot développe 317 chevaux et 385 livres-pied de couple (320 chevaux et 393 livres-pied pour le QX56, question, sans aucun doute, de donner l’avantage de la puissance au modèle le plus huppé, donc le plus dispendieux). Ce moteur réussit à contrer la force d’inertie avec succès et dans une belle sonorité. Cependant, qu’il le fasse en engloutissant facilement 18 litres tous les 100 km vient lamentablement assombrir le tableau. Et ça, c’est sans remorquer ou s’amuser avec l’accélérateur. Remarquez que sur la grand route, à 100 km/h avec un vent de dos, vous pourrez réaliser une moyenne d’environ 12 ou 12,5 litres par 100 km. Le problème, c’est que dès les deux ou trois premiers stops, la moyenne augmente royalement! Sur le site de Nissan, l’Armada est considéré comme un véhicule peu polluant. Je voudrais bien voir ce qu’est un véhicule polluant! Pour faire passer la cavalerie aux roues, Nissan utilise une transmission automatique à cinq rapports, alors que GM et Ford utilisent des boites à six rapports. Même si ce n’est assurément pas la seule explication, soulignons que ces derniers gobent moins d’essence. Et on ne parle pas des versions hybrides de GM!
Pour être en mesure de se défendre contre les éléments, ce duo reçoit un rouage 4x4 très compétent, doté d’une gamme basse qui, combinée à une garde au sol importante (26,4 cm) permet de passer à peu près partout. Partout où un véhicule avec de telles dimensions peut passer… Quand les conditions ne sont pas extrêmes, il est possible de placer le commutateur à la position « auto » et le 4x4 se transforme en une intégrale qui s’occupe de tout. En temps normal et pour économiser (un peu) d’essence, le mode deux roues motrices (à l’arrière) est recommandé. Autant le QX que l’Armada peuvent remorquer jusqu’à 4000 kilos.
Sur la route, on ne peut pas s’attendre à des miracles. Même si la suspension arrière est indépendante, contrairement à la camionnette dont elle est issue, elle amortit très bien les chocs tout en ne faisant pas sautiller l’arrière. Le roulis est bien maîtrisé, ce qui est surprenant. Le diamètre de braquage aussi est impressionnant, mais uniquement parce qu’il se calcule en termes nautiques. La direction répond bien, ainsi que les freins, puissants. Notons toutefois une bonne sensibilité aux vents latéraux. Si l’Armada donne l’impression, justifiée, d’être robuste, le QX56, mieux isolé, donne en plus l’impression, justifiée aussi, de conduire un salon.
XXXL
En affichant des dimensions extérieures aussi impressionnantes, on se doute que l’habitacle est du même acabit. Effectivement, il l’est. Notre dodu duo propose sept ou huit places, selon que la deuxième rangée est constituée d’une banquette à trois places ou de sièges capitaines. Pour avoir voyagé dans ces sièges, nous ne pouvons que les recommander. Quant à la troisième rangée, Nissan (et Infiniti aussi, bien entendu!) parle d’une trois places, mais deux personnes pourront y voyager confortablement. Finalement, ce sont des véhicules six places! Peu importe où on prend place, il y en a de la place! Tous les sièges, sauf celui du conducteur, est-il besoin de le préciser, s’abaissent pour former un immense fond plat. Le fait de pouvoir baisser le siège du passager avant permet quasiment de transporter une hélice d’éolienne! Le conducteur fait face à un tableau de bord complet à défaut d’afficher des matériaux très nobles. Bien entendu, ceux de l’Infiniti s’avèrent beaucoup plus relevés, mais ce n’est pas encore aussi bien que dans d’autres produits de la marque.
Sans doute à l’aube de leur retraite, les Nissan Armada et Nissan QX56 ne viennent pas troubler la suprématie des Américains dans le domaine. Tout d’abord parce qu’ils ne sont pas à leur niveau au chapitre du comportement routier, mais aussi parce qu’ils boivent effrontément… et inutilement serions-nous tentés d’ajouter. Un gros Yukon ou un Expedition, ça fait la job, vous savez!
Feu vert
Espace intérieur immense
Moteur puissant
Comportement routier très correct
Solidité exemplaire
Capacités de remorquage élevées
Feu rouge
Consommation ahurissante
Dimensions pachydermiques
Diamètre de braquage du Queen Mary
Conduite urbaine à déconseiller
Certains matériaux peu nobles