Infiniti Q60 2020 : rayon de soleil oublié
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Il faut remonter pratiquement 20 ans derrière pour se remémorer les premiers pas de la Q60 au sein de la gamme Infiniti.
Jadis baptisé G35/G37, ce coupé sport a su s’illustrer de belle façon, jouissant d’une enviable popularité. Malgré une qualité de finition souvent critiquée, cette voiture constituait initialement une belle alternative aux coupés de Série 3 de BMW, alors que la concurrence japonaise n’avait tout simplement rien à offrir.
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Le marché s’étant considérablement transformé, les ventes du coupé G, devenu Q60 en 2014, ont tranquillement chuté. Au point où l’an dernier, seulement 522 unités trouvaient preneur au pays, pendant que 5 043 Q60 prenaient la route vers nos voisins du Sud. Ainsi, en excluant les quelques unités restantes des véhicules déjà disparus (QX30, Q70), la Q60 se veut aujourd’hui le moins populaire des produits de la marque. Est-ce que cela signifie que son avenir est compromis?
2 850 kilomètres
Difficile d’imaginer la gamme Infiniti sans voitures, bien que plusieurs constructeurs comme Lincoln aient emboîté le pas. Or, ce n’est clairement pas avec le duo Q50/Q60 que la marque nipponne redorera son blason, alors que les acheteurs ciblent majoritairement les VUS.
Peut-être pour une dernière fois (qui sait?), j’ai donc choisi de prendre la route avec la plus huppée des Q60, pour un périple de plus de 2 800 kilomètres. Ce trajet allait d’abord me permettre l’aller-retour de Montréal vers Muskoka Lake en Ontario, empruntant les jolies routes sinueuses situées plus au nord. Puis, après quelques jours de va-et-vient dans la métropole, un traditionnel aller-retour Montréal-Québec.
Vous aurez donc compris que mon essai fut complet, pouvant exploiter la voiture en ville et sur l’autoroute, mais aussi sur de belles routes en lacet me permettant de découvrir les véritables qualités et défauts de cette auto.
D’abord le pot, le temps de dire que cette voiture exige souvent une correction de sa trajectoire, surtout sur les damnées routes du Québec où les vallons dans l’asphalte sont davantage présents. Une question attribuable à la géométrie de suspension, à la largeur des pneus, et à la direction électronique, certes précise, mais trop peu communicative. Cette dernière affecte d’ailleurs un brin l’agrément de conduite, les sensations n’étant pas au niveau de celles d’une BMW.
Également, une vilaine tape sur les doigts du concepteur de ce régulateur de vitesse soi-disant intelligent, qui vous freine brusquement à une distance déraisonnable du véhicule qui vous précède. Un fonctionnement à ce point irritant qu’on lui préfère un régulateur de vitesse… sans intelligence! Il faut dire que la Q60 n’hérite pas de la technologie ProPilot Assist de Nissan, dont le principe de fonctionnement est nettement plus évolué. Heureusement, là s’arrêtent les reproches attribuables à la conduite, si l’on fait fi du fait que cette Nissan Skyline au noble logo commence à démontrer quelques rides au chapitre du raffinement.
Maintenant, les fleurs! Assurément, sa motorisation. Un V6 biturbo de 3,0 litres qui produit, selon la version, 300 ou 400 chevaux. Rien de moins. Une mécanique fiable, éprouvée, aussi précise que nerveuse, et qui fait équipe avec une boîte automatique à sept rapports des plus efficaces. Certes, on lui aurait préféré une boîte séquentielle à double embrayage plus rapide au chapitre du passage manuel des rapports, laquelle aurait aussi pu contribuer à une meilleure économie de carburant. Or, il faut ici prendre en considération l’âge de la voiture qui, assurément, est en fin de carrière.
Avec 400 chevaux sous le pied droit, la voiture accélère promptement et avec une fougue remarquable. Appuyez à fond et vous entendrez un sifflement des plus envoûtants, témoignant des capacités de cette mécanique. Fort heureusement, celle-ci peut également se montrer docile, proposant ainsi le meilleur des mondes. Puis, activez le mode Sport pour encore un peu plus de verve, mais cela se fera au coût d’un confort affecté par un amortissement plus ferme.
La Q60 n’est pas légère ni particulièrement acérée. À ce compte, il est vrai que certaines de ses rivales européennes la devancent. Or, les effets de l’électronique ne se font ici aucunement sentir, notamment au chapitre de l’accélérateur qui affiche une réponse instantanée. La voiture est donc vive, proposant une puissance linéaire et toujours à la hauteur. Puis, lorsque vient le temps de freiner, elle ne bronche aucunement. Il faut dire que la Q60S Red Sport mise à l’essai hérite de freins Brembo à haute performance , capables de composer avec les effets des 100 chevaux supplémentaires.
Toujours aussi belle
Quoi que l’on dise, la Q60 est toujours aussi svelte et élégante. Tout comme la berline, d’ailleurs. A-t-elle quelques rides? Certes, ce qui ne lui enlève rien de sa grande beauté. En fait, seuls les acheteurs en quête d’un effet de nouveauté lui lanceront des pierres, puisqu’à l’aube d’une huitième année de carrière, la voiture n’a guère changé.
Offrant de série le rouage intégral, la Q60 se décline aujourd’hui en quatre versions. Pure et Luxe à moteur de 300 chevaux, puis en version Q60S 3.0t Red Sport I-Line avec ou sans technologie ProACTIVE. Avouez que comme nomenclature, on a déjà vu plus simple! Cela dit, ces deux dernières sont à choisir si vous êtes en quête de haute performance.
À bord, les signes de vieillesse sont hélas plus évidents. Bien que les sièges soient confortables, enveloppants et revêtus d’un cuir magnifique, on peut trouver la présentation un brin trop classique, voire vieillotte. Surtout en ce qui concerne l’instrumentation, où le graphisme nous ramène des années en arrière. Au centre, les deux écrans superposés ont pour leur part toujours constitué un irritant majeur de cette voiture. Pour la complexité de leur utilisation et parce que l’information y est souvent dédoublée.
Or, depuis l’ajout d’Apple CarPlay/Android Auto, c’est soudainement plus agréable. Au point où les critiques du passé n’ont plus lieu d’être, bien qu’en raison de ces écrans, les espaces de rangement sont extrêmement restreints. En fait, ces écrans tactiles s’accompagnent d’une molette rotative logée derrière le levier de vitesses, laquelle est quasi inutile. Or, comme son retrait permettrait justement de bénéficier d’un petit vide-poches, on se demande bien pourquoi Infiniti la conserve.
Inutile de le mentionner, mais cet habitacle n’accueille que deux adultes sans contraintes. Tentez de glisser quelqu’un derrière, et les ennuis commenceront. En effet, le manque de dégagement aux jambes et surtout, à la tête, limite cet accès à de jeunes enfants. Ce pour quoi, Infiniti propose également dans sa gamme la berline Q60, capable d’offrir les mêmes sensations routières.
Parlons finance
Assurément, la Q60 est probablement la voiture sport de ce créneau affichant le plus bas coût de possession à long terme. Du moins, en ne considérant pas sa dépréciation, passablement élevée. En effet, cette dernière offre l’avantage d’une fiabilité exceptionnelle, de coûts d’entretien minimes et de primes raisonnables au chapitre des assurances. Également, considérez sa garantie de base de 4 ans ou 100 000 km et de six ans ou 110 000 km sur le groupe motopropulseur, comme un net avantage par rapport à la concurrence européenne.
Pourrait-on ainsi parler d’un achat jugé pragmatique? Bien sûr que non. Parce que ce genre de voiture est d’abord une question passionnelle, mais aussi parce que sa dépréciation vient hélas gâcher le bilan. Comme celui de la plupart des bagnoles de luxe, qui voient leur valeur chuter plus fortement que celle des VUS.
Ainsi, la Q60 mise à l’essai et qui affiche un prix frôlant les 70 000 $, se décroche pour à peine la moitié de cette somme, au bout de trois ans. Voilà qui porte à réfléchir, et qui explique pourquoi Infiniti facilite davantage le financement que la location.
Certains concessionnaires à pointer du doigt
Bien sûr, le désintérêt de la clientèle pour ce genre de produit peut expliquer une telle dépréciation. Or, il faut à mon sens aussi jeter le blâme sur certains concessionnaires Infiniti. Ceux qui ont maladroitement choisi de stocker des inventaires trop lourds (au grand bonheur de Nissan Canada) pour ensuite les offrir à prix choc. Je parle ici bien sûr de la Q60, mais aussi et surtout de la berline Q50. Des produits qui, en raison de cette stratégie loufoque, ont vu leur image et leur valeur négativement affectées.
On pourrait d’ailleurs en dire autant pour l’ensemble des produits de la marque, qui amassent malheureusement et trop souvent la poussière chez les concessionnaires. Des produits comme le QX50, non pas sans reproche, mais que l’on ne devrait certainement pas publiciser à 499 $ par mois, dans le seul espoir d’attirer au final l’acheteur d’un Ford Escape ou d’un Toyota RAV4. Parce que si la marque Infiniti est actuellement dans l’eau chaude, ce n’est pas une question de produits, mais bien d’image. Un problème également bien connu chez Cadillac et surtout, Lincoln.
Des gènes de future Z…
Il faut donc considérer la Q60 pour ce qu’elle est. Une brillante auto sport, certes vieillissante, mais qui mérite l’attention et qui, à l’inverse de plusieurs coupés de renom, vous sera fidèle et fiable pendant de longues années. Une voiture aussi rapide qu’une Audi S5 ou qu’une Mercedes-AMG C43, qui se démarque avec brio dans le paysage automobile, et qui ne vous exigera pas de suppléments pour d’innombrables options pour lesquelles vous pourriez craquer.
En terminant, cette Infiniti m’a permis de m’imaginer les performances de la future Nissan 400Z (remplaçante de la 370Z), laquelle héritera vraisemblablement de cette mécanique. Et à voir ce que ce V6 a dans le ventre, je ne peux que jubiler à l’idée de penser que ce dernier nichera dans une voiture propulsée et plus légère de presque 300 kilos!