Genesis GV80 2021 : de la mine dans le crayon
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Il fut une époque pas si lointaine où chaque VUS qui débarquait sur le marché était assuré d’un certain succès. On doit d’ailleurs à plusieurs d’entre eux la survie ou la renaissance d’une marque, ainsi que les changements de perception de la clientèle face à un emblème qui avait perdu de son plumage.
Maintenant que le marché est bien installé, les choses se déroulent de manière différente. Certains VUS constituent de véritables échecs commerciaux, alors que d’autres déçoivent amèrement. Pensez par exemple au Jaguar E-Pace, au Ford Ecosport ainsi qu’au Cadillac XT6. Des produits en queue du segment et que les clients boudent, parce que les offres sont aujourd’hui très nombreuses.
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Conscient de cette situation, Genesis débarque donc avec un premier VUS, le GV80. Un véhicule qui se situe dans le lucratif créneau des intermédiaires de luxe (Acura MDX, BMW X5, Mercedes-Benz GLE, etc…). Populaire et d’une importance capitale pour les constructeurs y proposant des produits, ce segment compte pas moins d’une quinzaine de modèles, ce qui exclut alternatives électriques.
Pour Genesis, l’objectif n’est guère de surpasser les meneurs. D’abord, parce qu’il est évident que de convaincre les acheteurs de produits européens est un exercice de longue haleine, mais aussi parce qu’on souhaite offrir un service personnalisé, entouré d’un produit de grande valeur. En clair, pas question de liquider des modèles à la manière de Cadillac ou Infiniti, affectant ainsi l’image de marque et la valeur du produit. Le GV80 constitue ainsi l’alternative à un produit allemand, utilisant en quelque sorte une stratégie rappelant celle de Lexus, à ses débuts.
Cela dit, force est d’admettre que le GV80 en met plein la vue. Et cette fois, pas question de piger dans la boîte à outils de Hyundai pour accoucher d’une variante d’un modèle de grande diffusion. Par exemple, pas de Ford Edge endimanché en Lincoln Nautilus. Ici, tout est authentiquement Genesis.
À l’écoute du client
Parce qu’il faut bien débuter quelque part, Genesis avait jusqu’ici confié le mandat de ventes et du service à des concessions Hyundai. On avait aussi instauré quelques boutiques, parfois temporaires, histoire de tâter le marché. Or, l’exercice nébuleux a prouvé aux stratèges de la marque que le modèle d’affaires utilisé depuis des décennies convenait encore et toujours à une grande partie de la clientèle. Ainsi, Genesis annonçait cette semaine son intention d’instaurer de gracieuses boutiques, parfois annexées à des concessions Hyundai, parfois non. Des endroits ayant toutes les allures d’une concession comparable à celles des grandes marques de luxe, à la différence que les inventaires sont directement gérés par Genesis Canada. Et pour cause, un choix optimal pour le client, résultant en une livraison plus rapide.
Évidemment, Genesis propose également la possibilité d’une transaction en ligne avec livraison à domicile, qui a déjà fait sa renommée. Une formule qui, vous en conviendrez, a pris tout son sens lors des derniers mois. À cela s’ajoute le service de voiturier pour l’entretien du véhicule, lequel est inclus pour la totalité de la période de garantie de cinq ans. Bref, chez Genesis, le client est roi et maître. Et parce que les histoires d’horreurs se multiplient toujours du côté des marques de prestige bien connues, le constructeur coréen compte y tirer son épingle du jeu.
GV = grande valeur ?
Le GV80 affiche un prix d’entrée de 64 500 $, que vous pouvez faire grimper jusqu’à 85 000 $ en optant pour le plus cossu des modèles. Cela dit, Genesis convainc d’emblée avec un produit qui en offre beaucoup pour le prix. Certainement plus que la majorité de ses rivaux, chez qui les options sont aussi nombreuses que nécessaires. Parce qu’ici, la seule option que vous pourriez avoir est un choix de teintes, sans supplément. Même les frais de transport et de préparation sont inexistants chez Genesis, étant inclus dans le prix d’ensemble.
Maintenant, si cela s’ajoute à la longue liste d’avantages de ce produit, encore faut-il vouloir l’apprivoiser. Et à ce compte, les stratèges de la marque l’admettent : le GV80 ne plaira esthétiquement pas à tous. Soit on aime, soit pas.
Mais pour l’heure, sachez d’emblée que si vous n’êtes pas du type chrome, vaut mieux l’oublier. Jantes, ornements, moulures de bas de caisse, ceinture de fenestration, lettrage, ouïes latérales et longerons de toit. Autant d’éléments qui éblouissent l’œil, sans oublier cette imposante calandre à grillage en diamant et qui, elle aussi, joue la carte d’un chrome scintillant. À quand une version « ensemble noir » jouant une formule similaire à celle des Acura « A-Spec » et Audi « S-Line »? Patience…nous disent les gens de Genesis.
Chose certaine, l’irréprochable finition extérieure contribue à rehausser l’image d’un produit de luxe. Fait intéressant, seules les jantes permettent d’ailleurs de distinguer esthétiquement les versions. D’une dimension de 19 pouces sur la version Select, elles passent à 20 pouces sur la version Advanced, puis à 22 pouces (oui oui!) sur les modèles équipés du moteur V6.
Bienvenue au paradis
Littéralement somptueux, l’habitacle s’inspire carrément de ceux des produits Bentley. Avec du cuir à surpiqûres et motifs de diamant, avec de magnifiques boiseries et avec un souci du détail se retrouvant même dans le design des commutateurs. Puis, le soir venu, les occupants se laissent impressionner par cet éclairage d’ambiance qui en met franchement plein la vue.
Ajoutons également que l’impression tactile des divers éléments transpire la qualité, venant ajouter à l’expérience sensorielle déjà exceptionnelle. Mais surtout, difficile de ne pas souligner les efforts effectués par les designers relatifs au mariage des teintes. En effet, un choix de cinq combinaisons de teintes est offert, le plus ostentatoire étant le vert olive sur brun noyer. Tellement inhabituel qu’il m’est encore difficile de me prononcer à son sujet. Chose certaine, aucun autre constructeur commercialisant des véhicules à moins de 100 000 $ n’est en mesure d’offrir une telle variété de teintes, doublée d’une grande qualité d’exécution.
Énumérer la très longue liste de gadgets se trouvant à bord serait interminable. Cela dit, Genesis réussit de belle façon à rendre l’environnement chaleureux, confortable et ergonomique, malgré ce haut niveau de technologie. Ainsi, accordons une bonne note pour l’expérience tactile des contrôles de chauffage/ventilation ainsi que pour l’écran central de 14,5 pouces, sur lequel on peut aussi naviguer via cette roulette fonctionnant à la façon de celle des premiers iPod.
À l’inverse, l’instrumentation des modèles à moteur à quatre cylindres est visuellement moche, au même titre que le design du volant. Mince consolation, sachez qu’en grimpant hiérarchiquement dans la gamme, vous avez droit à une instrumentation 3D, vous permettant de d’abord cibler l’essentiel pour ensuite rechercher facilement la balance de l’information. Bien sûr, à cela s’ajoute la visualisation tête haute, reflétant au pare-brise quelques données que vous auriez vous-même sélectionnées.
Sept passagers?
Oui, disons! D’abord, sachez qu’il faut inévitablement opter pour une version à moteur V6 pour accéder à une troisième rangée de sièges. Celle-ci n’est hélas pas facile d’accès et n’est réservée qu’à de jeunes enfants, hypothéquant de surcroît le volume cargo, même lorsque la banquette est abaissée. Ne considérez pas donc pas le GV80 si vous comptez utiliser cette banquette sur une base régulière. Heureusement, les occupants des premières et deuxièmes rangées profitent pour leur part d’un traitement royal, tant en matière d’espace que de confort.
Les offres mécaniques du GV80 sont simples. Un quatre cylindres turbocompressé de 2,5 litres produisant 300 chevaux, ou un V6 biturbo de 375 chevaux. Dans les deux cas, rouage intégral et boîte automatique à huit rapports sont de mise. Hybrides? Électriques? Pas pour l’heure.
À première vue, le quatre cylindres semble un tantinet faiblard, sans doute parce que l’habitude dans ce segment est associée à des V6. Cela dit, une version 2.5T saura vous étonner par sa souplesse, ses reprises et sa puissance très linéaire. Une puissance qui au passage, est supérieure à celle des quatre cylindres des Q7, GLE et XC90 T5, par environ 50 chevaux.
De son côté, le V6 est évidemment plus doux et encore plus souple, bien que les 75 chevaux en renfort ne nous transportent pas dans une autre dimension. À se demander si l’option du V6 en vaut la chandelle. Il faut dire qu’en optant pour ce dernier, vous ajoutez un poids d’environ 150 kilos. Une masse qui se fait sentir à l’avant et qui affecte la dynamique de conduite. Or, considérez aussi que les jantes de 22 pouces offertes de série sur ces versions constituent un affront à nos routes, lesquelles affectent à la fois la maniabilité et le confort.
Nos impressions sur la route? Un véhicule qui n’offre certainement pas la dynamique d’un BMW X5, mais qui propose un bel équilibre d’ensemble et qui impressionne par son niveau d’insonorisation exceptionnel et sa très grande qualité de fabrication. Pas de craquement ni de bruits de caisse, malgré la présence de trois rangées de sièges et d’un toit panoramique de série. Aussi, un avantage notoire pour les versions 2.5T, plus amusantes et maniables, bien que certains gadgets attrayants et exclusifs au modèle 3.5T Prestige n’y soient pas.
Audacieux et d’un chic indéniable, le GV80 n’est certainement pas à la traîne de la compétition. Au contraire, il donne une leçon d’humilité aux plus prestigieux VUS de ce segment, avec une technologie, une qualité et un service qui saura certainement séduire à une partie de la clientèle. Et bien que la réputation de la marque soit à bâtir, celle-ci à l’avantage de ne pas devoir être reconstruite, comme dans le cas de Cadillac, Infiniti ou Lincoln. D’ores et déjà, on peut donc affirmer que Genesis est en bonne position, et que les prochaines années seront cruciales.
Sur une note plus personnelle, je me permets en terminant de souligner que le GV80 constitue un vent de fraîcheur dans un segment où la monotonie et le gris-noir-blanc sont omniprésents. Un produit qui en met plein la vue, qui ose, et qui est supporté par un constructeur aussi sérieux qu’ambitieux.