La pandémie ne freine pas l’élan de Tesla
NEW YORK | Tesla, le fabricant de véhicules électriques dirigé par le tumultueux Elon Musk, est parvenu à gagner de l’argent pour le cinquième trimestre de suite, de juillet à septembre, une période pourtant marquée par la pandémie de coronavirus et les difficultés économiques.
Son bénéfice net a plus que doublé, à 311 millions de dollars, tandis que son chiffre d’affaires s’envolait de 39 %, à 8,8 milliards de dollars.
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Sur la même période, les constructeurs traditionnels comme General Motors ou Ford ont, eux, vu leurs ventes se replier.
Mais Tesla parvient à tirer son épingle du jeu, car les acheteurs de ses voitures, aux prix relativement élevés, sont plus aisés et donc « un peu moins exposés aux tendances qui dominent l’économie américaine actuellement », estime Nick Shields, analyste pour Third Bridge.
Le groupe profite aussi, selon lui, de l’intérêt croissant pour les véhicules électriques, un secteur sur lequel Tesla « a clairement pris le dessus pour l’instant ».
Tesla a par ailleurs su rebondir rapidement après la fermeture temporaire de ses usines provoquée par la pandémie, en Chine d’abord puis dans le reste du monde.
« Ils ont fait face à de gros problèmes de production il y a quelques années avec le Model 3 (...). Il semblerait qu’ils aient retenu la leçon et qu’ils l’appliquent maintenant pour la montée en puissance de la production du Model Y », remarque M. Shields.
Le groupe a même affirmé que son objectif de livrer 500 000 véhicules en 2020, fixé avant la propagation de la COVID-19 dans le monde, restait intact.
M. Musk avait été un peu plus évasif lors de la récente assemblée générale annuelle du groupe en estimant que les livraisons devraient s’afficher en hausse de 30% à 40% par rapport à l’an dernier, soit entre 477 750 et 514 500 véhicules.
Mais Tesla a bien confirmé mercredi ses estimations initiales, en y ajoutant néanmoins quelques précautions.
« Atteindre cet objectif dépendra principalement de l’augmentation d’un trimestre à l’autre des ventes de son Model Y et de la production (dans son usine de) Shanghai », précise le groupe.
Il faudra aussi, indique Tesla, parvenir à des améliorations dans la logistique et la livraison.
Nouveau système d’aide à la conduite
Tesla pourra se servir de cette expertise quand il débutera la production de ses futurs modèles, dont le semi-remorque Semi, le pick-up Cybertruck ou la voiture à 25 000 dollars récemment promise par Elon Musk.
Le prix de base de son modèle le moins onéreux, sans les subventions aux voitures décarbonées, est actuellement de 38 000 dollars.
« On continue à grandir du mieux qu’on peut tout en se concentrant sur le coût et en améliorant la qualité », a souligné M. Musk lors d’une conférence téléphonique mercredi. Le but, a-t-il ajouté, est de faire les meilleurs produits « à un prix accessible ».
Le dirigeant a aussi confirmé le lancement, mardi soir, de tests pour son nouveau système d’aide à la conduite baptisé « Full Self-Driving ».
« On commence doucement et avec beaucoup de précautions, car le monde est un endroit complexe et imprévisible », a souligné M. Musk.
Au troisième trimestre, outre des livraisons en hausse de 43 %, Tesla a profité des revenus générés par le crédit carbone: ceux-ci ont presque triplé à 397 millions de dollars.
Ses dépenses opérationnelles ont dans le même temps bondi de 35 %, alors que le groupe a engagé la construction de deux nouvelles usines, à Austin au Texas et près de Berlin, en Allemagne, et étendent celle de Shanghai.
Mais même sans les recettes du crédit carbone, la marge brute du groupe dépasse les attentes, remarque Dan Ives de Wedbush.
« Ce niveau continu de rentabilité est un élément clé pour les investisseurs qui parient sur le titre et reflète une stratégie qui permet au groupe de rester dans le vert malgré la tempête sans précédent provoquée par la COVID-19 », note le spécialiste.
À Wall Street, l’action prenait plus de 3 % dans les échanges électroniques suivant la clôture de la séance officielle.
Elle a plus que quadruplé en Bourse depuis le début de l’année et Tesla est devenu cet été le groupe automobile le plus cher en Bourse dans le monde, devant Toyota et Volkswagen, alors même que ses ventes et ses bénéfices sont bien moins élevés.