Hydrogène : Hyundai veut vendre des camions en Amérique du Nord

Le constructeur coréen Hyundai a confirmé son intention de commercialiser son camion à hydrogène XCIENT en Chine et en Amérique du Nord, après un lancement européen qui débute cet automne.

Hyundai a entamé cette semaine la livraison des premiers exemplaires du XCIENT. Pour le moment, sept unités du véhicule commercial ont été livrés à des clients en Suisse, et on affirme que 50 véhicules sillonneront les routes de ce pays d’ici la fin de l’année 2020.

D’ici 2021, Hyundai estime pouvoir produire jusqu’à 2000 unités de son camion commercial afin de répondre à une demande qu’on dit grandissante en Chine et en Amérique du Nord.

Comme un camion au diesel

Aux dires des responsables du projet chez Hyundai, la technologie à hydrogène est tout indiquée pour le monde des camions lourds. La capacité de remorquage peut être similaire à celle d’un camion traditionnel alimenté au diesel, tout ça en abaissant radicalement les émissions polluantes, les véhicules à hydrogène ne rejetant que quelques gouttes d’eau.

Pouvant être « rechargé » en une quinzaine de minutes, le XCIENT pourrait ainsi permettre à de nombreux transporteurs d’abaisser leurs émissions polluantes sans compromettre leur efficacité. À condition, bien sûr, qu’une infrastructure soit mise en place pour favoriser le ravitaillement en hydrogène de ces véhicules.

En Chine, le gouvernement souhaite compter un million de véhicules à hydrogène sur ses routes d’ici 2030. Aux États-Unis, les ambitions sont beaucoup plus limitées; Hyundai espère voir 12 000 camions à hydrogène sur les routes américaines d’ici 10 ans.

Aucun mot sur les ambitions du constructeur chez nous, mais on sait que le Gouvernement du Québec semble intéressé à emprunter cette voie. On compte désormais une station de ravitaillement à Québec et le gouvernement s’est même porté acquéreur de quelques Toyota Mirai.

L’hydrogène, une solution viable?

Alors qu’on parle de l’hydrogène depuis plusieurs années déjà, les avancées en la matière ne semblent pas refléter les nombreuses promesses des constructeurs et des gouvernements. Les bornes de ravitaillement en hydrogène demeurent quasi inexistantes au Québec, alors que les bornes de recharge pour véhicules électriques se comptent désormais par milliers. De plus, le coût de l’hydrogène n’est pas avantageux par rapport à celui de l’essence ou du diesel, et encore moins par rapport à la recharge d’un véhicule électrique.

Cela dit, aux yeux de plusieurs, la technologie électrique demeure incompatible avec la réalité des camions lourds, qui doivent remorquer des charges importantes sur de longues distances. « Les batteries s’améliorent, mais il y a une limite physique à ce que nous pouvons atteindre », nous a expliqué un cadre de Hyundai dans le cadre d’une conférence en lien avec le XCIENT. Qui plus est, Hyundai s’attend à ce que le prix de l’hydrogène baisse considérablement au cours des prochaines années, alors que certains pays capables de le produire à moindre coût en feront l’exportation.

Pour Daniel Breton, Président et Directeur général de Mobilité électrique Canada, l’hydrogène pourrait avoir un potentiel intéressant pour les véhicules lourds de longue distance. Cependant, pour les camions de marchandise de plus courtes distances et pour les voitures de promenade, l’électrique semble être une voie nettement plus logique. « Ce qu’on nous fait miroiter depuis de nombreuses années chez certains constructeurs […], c’est loin d’être la panacée pour les véhicules légers », a-t-il avancé récemment lors d’une entrevue accordée à l’émission du Guide de l’auto, sur QUB Radio.

Pourtant, certains constructeurs continuent de croire que l’hydrogène peut également représenter une alternative intéressante pour les véhicules routiers. C’est le cas de Hyundai, qui commercialise le Nexo dans certains marchés. On peut également penser à Toyota, qui commercialise cette année une nouvelle génération de la Mirai.

Chez Hyundai, on nous assure que la technologie à hydrogène intégrée dans le XCIENT bénéficie grandement des véhicules à hydrogène comme le Nexo et le Tucson FCEV qui l’a précédé.

Reste à voir si la réponse des entrepreneurs canadiens se fera entendre… et si le réseau de bornes prendra finalement de l’ampleur.

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