Suzuki Grand Vitara, une évolution réussie
Établi au Canada depuis plusieurs années et reconnu surtout pour ses motos et VTT, Suzuki n’a pas encore réussi à se démarquer sur notre marché. Pourtant, Suzuki est une immense entreprise, très populaire en Asie et en Europe. Ses voitures et petits 4x4 n’ont, malheureusement, pas toujours connu le succès qui leur était dû. Avec le Grand Vitara, entièrement transformé l’année dernière, cela risque moins de se produire. Enfin, Suzuki peut compter sur un véhicule sérieux, joli et bien adapté aux conditions nord-américaines.
Le Grand Vitara s’est donc sérieusement raffiné. Pour lui apporter les qualités routières qui lui manquaient, les ingénieurs de Suzuki ont utilisé, comme c’est la tendance présentement, un châssis monocoque. Et pour préserver ses qualités hors route, ils ont conservé la structure à longeron (à la manière des camionnettes) sur laquelle ils ont fixé le châssis monocoque. Cet ensemble inusité contribue à réduire le poids, donc la consommation d’essence, et le bruit. L’unique moteur est un V6 de 2,7 litres de 185 chevaux et
184 livres-pied de couple.
Lentement mais sûrement
Deux transmissions sont disponibles pour le Grand Vitara. La transmission de base est une manuelle à cinq rapports. L’embrayage est progressif mais ne semble pas plus résistant qu’il ne le faut : après seulement quelques départs canon, question de chronométrer l’habituel 0-100 km/h, l’embrayage sentait le chauffé. J’en profite pour mentionner que nous n’avons pu faire stopper le chronomètre en bas de 12,0 secondes (mais nous étions en décembre, un mois qui n’est pas réputé pour rendre les chaussées très adhérentes ou apporter l’air le plus approprié aux performances). La plupart des acheteurs se procureront cependant l’automatique à cinq rapports, bien étagée et très transparente. Du côté des suspensions, Suzuki surprend encore en dotant le Grand Vitara d’un train arrière indépendant. C’est peut-être moins efficace en conduite hors route mais c’est infiniment plus confortable sur la route. Parlant de conduite hors route, le Grand Vitara propose deux systèmes différents. Le modèle de base est muni d’un mécanisme 4x4 à prise constante 4H, ce qui signifie qu’il est transparent au conducteur. Le véhicule est donc toujours en mode quatre roues motrices. On aimerait un mode 2RM qui n’entraînerait que les roues arrière sur les routes pavées et sèches. Cela sauverait de l’essence et diminuerait le niveau sonore dans l’habitacle. Pour aller jouer plus loin dans la montagne, les modèles JX et JLX présentent un vrai rouage 4x4 à quatre modes (4H, 4H lock, 4L lock et point mort) avec différentiel central autobloquant. Il faut souligner le très court rayon de braquage, qui est fort utile lorsque vient le temps de virer « s’un dix cennes », autant sur un sentier que dans une ruelle du centre-ville.
Le Grand Vitara fait désormais partie des véhicules agréables à vivre au quotidien. Certes, il n’est pas encore parfait mais l’amélioration, par rapport au modèle précédent, est notable. La position de conduite se trouve facilement, la visibilité ne cause pas de problèmes, le tableau de bord est réussi, la qualité des plastiques est correcte (cet adjectif vaut moins que « très bien » mais plus que « pas parfait »…) et l’habitacle fait preuve d’hospitalité. L’espace pour les occupants ne manque pas, même à l’arrière, à moins que les sièges avant soient reculés au maximum. La banquette arrière, un peu dure avouons-le, se replie de façon 60/40 pour agrandir l’espace de chargement. Cet espace est accessible par une porte dont les pentures sont situées à droite, c’est-à-dire sur le mauvais côté. Ce hayon supporte le pneu de secours mais ce dernier n’entame que peu la visibilité arrière. La grandeur de l’ouverture et le seuil de chargement bas encouragent le transport d’objets lourds et encombrants, augmentant ainsi le nombre d’amis au début de l’été, mais vous aurez tôt fait de découvrir qu’il n’y a pas tant d’espace que ça. Une bande de caoutchouc placée sur le dessus du pare-chocs arrière lui épargnerait plusieurs égratignures. Sous le plancher du coffre, on a aménagé des compartiments pour ranger de menus objets. Avant de clore ce paragraphe, il faut souligner le fait que l’on doive attacher les sièges arrière aux dossiers des sièges avant par des courroies lorsqu’on les replie. Ça fait bricolé, tout comme le cache-bagages.
Sur la route…
Sur la route, le Grand Vitara se débrouille étonnamment bien. Les accélérations sont certes peu enthousiastes et se font entendre. Les reprises, particulièrement avec l’automatique, demandent une certaine patience, principalement avec quatre adultes à bord. En ville, par contre, ces déficiences sont moins marquées. Le confort est surprenant et il faut créditer les suspensions indépendantes aux quatre roues. Elles demeurent toujours un peu fermes, surtout avec les roues de 16 pouces, mais il ne faut jamais oublier que le Grand Vitara est aussi fait pour la conduite hors route. La tenue de route s’avère fort relevée même si la caisse penche passablement en courbes. À noter que les freins ABS, le contrôle de stabilité latérale et le système antipatinage de même que les coussins gonflables frontaux, latéraux et rideaux arrivent de série, même sur la version JA, de base.
Le Grand Vitara n’est assurément pas parfait. Mais il s’agit d’un véhicule honnête vendu à un prix fort compétitif. Il manque certainement de raffinement, comparativement aux Honda CRV ou Toyota RAV4 mais ses capacités en conduite hors route compensent même s’il n’est pas encore « Trail rated » comme les Jeep. Reste juste au public d’accepter le nom Suzuki et de cesser d’appeler le Grand Vitara, Viagra…
feu vert
Esthétique moderne
Confort amélioré
Impressionnant en hors route (JLX-cuir)
Habitacle réussi
Comportement routier sain
feu rouge
Moteur peu puissant et bruyant
Valeur de revente basse
Embrayage semble fragile
Poignée du hayon toujours sale en hiver