L'oasis Ferrari
En conduisant fiston au camp de jour l’autre matin, je croise dans mon quartier une jeune et jolie blonde au volant de sa Ferrari 458 Spider de couleur blanche.
Tout simplement magnifique, la voiture vrombissait et brillait comme un diamant brut pendant que la parfaite queue de cheval de sa conductrice se soulevait tranquillement à mesure que la voiture accélérait, pour tranquillement effleurer le cheval cabré brodé à même l’appuie-tête du siège de couleur crème.
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Eh oui, cette dernière image est bien sûr le fruit de mon imagination! Mais vous aurez compris par cette envolée lyrique que le seul fait de croiser ce genre de voiture en y apercevant de surcroît le stéréotype de la jolie jeune femme issue des magazines fait rêver. Comme s’il s’agissait d’une publicité vacance, où tout est toujours parfait.
Deux fois plutôt qu’une au cours des dernières semaines, j’ai justement pu me tremper un orteil dans l’océan Ferrari, ayant fait acte de présence à la seule concession au Québec. Un endroit qui fait rêver, au même titre que les voitures qui s’y trouvent. Parce que c’est ce que vend Ferrari. Du rêve. Un rêve qui s’amorce à l’instant à vous mettez les pieds dans cette concession, qu’importe votre classe sociale ou l’épaisseur de votre portefeuille, mais que seule une infime partie de la population pourra un jour réaliser.
Je m’y suis d’abord présenté pour aller jeter un œil à la nouvelle et ô combien splendide Ferrari Roma.
Un coupé sport de luxe passablement différent de ce à quoi Ferrari nous a jusqu’ici habitués, mais qui brille par une rare élégance et un habillage clairement plus sobre que celui de cette 458 Spider. Équipé d’un petit V8 turbocompressé, ce coupé cible clairement l’acheteur d’une Aston Martin, ce qui est ironique, sachant que le propriétaire de cette concession a aussi annoncé qu’il investissait massivement chez ce constructeur anglais.
Vendue à un prix d’entrée dépassant tout juste le quart de million de dollars, la Roma sera disponible dès la fin de l’année, constituant le sixième modèle d’une gamme qui s’agrandit d’année en année. Sachez également que cette expansion est loin d’être terminée, puisque Ferrari annonce l’arrivée prochaine de son premier VUS, le Purosangue. Un véhicule qui pourrait sans doute faire doubler les ventes du constructeur, comme ce fut le cas chez Lamborghini avec l’Urus. Or, Ferrari ne semble pas vouloir jouer la carte du volume à tout prix. Une stratégie honorable, qui explique d’ailleurs pourquoi les voitures conservent toujours une bonne valeur de revente, ce qui n’est certainement pas le cas chez Aston Martin.
Merci, Dame nature!
À ma seconde visite en concession, j’étais toutefois plus fébrile. Je m’y rendais dans l’optique de l’essai de la F8 Tributo, digne évolution des 458 et 488. Un essai qui n’a hélas pas eu lieu, Dame Nature ayant choisi de me faire languir un peu plus longtemps.
Ce sera donc partie remise. Tout de même, c’est à ce moment que j’ai pu prendre le temps d’observer plus attentivement l’environnement dans lequel je me trouvais. Un environnement exclusivement Ferrari (puisque Maserati n’y est plus), où la variété de voitures et de couleurs est mise en valeur dans une salle d’un blanc miroitant, du plancher au plafond. Un endroit parsemé d’images du fondateur de la marque et de Gilles Villeneuve, où l’on exhibe cette rangée de sièges qu’il est possible de choisir à la carte, au même titre que les cuirs, étriers de freins, écussons et j’en passe.
Quel était mon coup de cœur? De façon incontournable, cette Daytona 1972 de couleur rouge, vendue à 799 000 $ US. Or, mon œil était aussi attiré vers cette 488 Spider bleu foncé, couleur distinctive, mais et qui à mon sens, met en valeur chacune des lignes sensationnelles de cette voiture.
Je l’avoue, je me suis imaginé l’instant d’un moment vendre la totalité de ma collection de voitures pour n’obtenir qu’à peine 30% de la valeur de cette Ferrari, que j’aurais donné en mise de fonds. Or, en effectuant un calcul mental très approximatif, j’en arrivais tout de même à des mensualités d’environ 4 000 $ par mois sur cinq ans, ce qui dépasse largement le coût de mon hypothèque. Puis, lorsque le vendeur m’a mentionné que la très grande majorité des acheteurs payent leur voiture comptant, j’ai tout de suite compris qu’il valait mieux continuer de rêver.
Maintenant, la passion Ferrari se fait aussi sentir par la bouche des représentants, qui baignent dans un monde où chaque voiture est unique. Le plaisir de construire chaque fois un bolide personnalisé pour le client fait partie d’un processus de vente, incomparable avec celui des voitures de grande série. Tenus au secret professionnel, les vendeurs ne divulgueront jamais l’identité d’un client, mais peuvent néanmoins vous glisser quelques anecdotes relatives à un véhicule ou une transaction. Des histoires certainement plus exotiques que celle d’un Nissan Rogue qui a débuté sa carrière chez Enterprise, pour ensuite se retrouver chez un marchand de véhicules d’occasion après être passé par l’encan!
Chose certaine, à une époque où les Mercedes-Benz sont presque aussi communes que les Dodge ou les Mazda, il fait bon rêver. Et Ferrari, qui propose des voitures inaccessibles pour la plupart des gens, nous permet de le faire mieux que quiconque. Le tout, dans un environnement pensé pour la clientèle, comme pour ceux qui rêvent d’en faire partie. En espérant seulement que le futur VUS de la marque ne vienne altérer cette image que l’on s’efforce de préserver depuis maintenant 80 ans.