Saturn Ion, au bal des mal-aimés
« Il y a de l’espoir caché dans les yeux des mal-aimés », chantait Gerry Boulet. Sans doute que si vous ouvrez le capot d’une Saturn Ion, ce n’est pas un moteur que vous y trouverez mais plutôt de l’espoir ! Cette voiture n’est certes pas la meilleure de sa catégorie mais elle réussit quand même à tirer son épingle du jeu dans un milieu aussi compétitif. Le fait de s’appeler Saturn peut aussi lui nuire. Voyons donc de plus près cette berline à qui la vie n’a pas
toujours souri…
À sa naissance, la Saturn Ion était handicapée par le lourd passé de ses géniteurs. Elle n’avait pour elle que la réputation de la marque concernant le service à la clientèle et une carrosserie en polymère. Avouez que comme bagage génétique, on a déjà vu mieux ! Cette année, la Ion nous revient sans trop de changements. Trois versions sont proposées soit la berline, le coupé mieux connu sous le vocable Quad Coupe et la sportive Red Line. La berline représente la version la plus commune, tandis que le Quad Coupe se veut une intéressante solution technique. Il s’agit d’un coupé quatre portes. Les portes arrière, plus petites que les portes avant sont de type suicide, c’est-à-dire qu’elles s’ouvrent à contresens. Ce type de portes facilite grandement l’accès aux places arrière mais il affecte la solidité du châssis. Nous y reviendrons. Enfin, la Saturn Ion Red Line se prend pour une sportive avec son moteur turbo.
Trois moteurs sont disponibles. On retrouve d’abord un quatre cylindres 2,2 litres de 145 chevaux et 150 livres-pied de couple, standard pour tous les modèles. Accouplé à une transmission manuelle à cinq rapports ou, en option, à une automatique à quatre rapports, ce moteur, sans être un foudre de guerre, se montre honnête. Il est fiable et économique. La plupart des gens ne demandent que ça d’un moteur ! Pour ceux qui en désirent un peu plus, Saturn offre, en option, le 2,4 litres. Ses 175 chevaux et 164 livres-pied de couple donnent un tout autre caractère à la Ion. Ce moteur mérite le surplus demandé (il faut alors choisir la Ion 3… Chez Saturn, les groupes d’option portent des noms compliqués comme 1, 2 ou 3) Tous ces moteurs, et celui de la Red Line que nous verrons plus loin, font partie de la famille Ecotec, devenue synonyme de réussite chez GM. Ça leur arrive tellement peu souvent… Mentionnons que cette année, les 2,2 et 2,4 ont connu une légère hausse de leur puissance et de leur couple.
Du sucre et du sel
Si les moteurs et les transmissions sont réussis, on ne peut en dire autant des autres composantes. Le châssis se débrouille bien sous la berline mais la perte du pilier central de la Quad Coupe lui enlève une partie de sa rigidité. Il y a deux ou trois ans, j’aurais écrit « lui enlève toute rigidité ». Alors, il y a amélioration ! Les suspensions sont calibrées en fonction du confort plutôt que de la sportivité. À l’arrière, on retrouve une suspension semi-indépendante. Ce type de suspension autorise une bonne tenue de route tout en dégageant un bel espace dans le coffre à bagages. En virage, on ressent un généreux roulis mais la Ion s’accroche au bitume avec détermination. Un système de contrôle de la traction est disponible, en option ou en équipement standard selon la version. La direction, ayant sans doute abusé de substances illicites, est totalement déconnectée de la réalité. Soulignons le très faible rayon de braquage, parfait pour « virer sur un dix cennes ». Les freins, par contre, font toujours preuve d’un laxisme éhonté. Au moins, il est désormais possible d’opter pour l’ABS. Auparavant, ce n’était même pas envisageable !
Jusqu’à présent, nous avons été relativement gentils avec la Ion. Pour continuer ainsi, il faudrait que nous passions notre tour sur l’habitacle. C’est très mal nous connaître… La position de conduite se trouve aisément, les sièges avant sont confortables et le tableau de bord fait preuve d’ergonomie, mais on ne peut passer sous silence la piètre finition de l’habitacle, sur notre voiture d’essai du moins. Les places arrière de la Quad Coupe se révèlent très peu confortables mais les dossiers s’abaissent pour agrandir un coffre déjà caverneux.
Et la Red Line ?
Avec son moteur de 2,0 litres surcompressé de 205 chevaux et 200 livres-pied de couple, avec intercooler associé à une transmission manuelle à cinq rapports, inutile de vous dire que les performances de cette voiture sont éblouissantes. Un peu trop même. Il s’agit de beaucoup de puissance pour une traction (roues avant motrices). Curieusement, alors que les versions les plus sages peuvent profiter d’un contrôle de la traction, la Red Line, qui en aurait tellement besoin, est livrée à elle-même. Les pneus avant larges et durs, les suspensions plus ou moins adaptées et l’absence de contrôle de traction amènent souvent une perte d’adhérence du train avant. Mais quiconque sait piloter le moindrement saura éviter ces travers. Les freins de la Red Line, à l’opposé de ceux des autres Ion, autorisent des distances d’arrêt très sûres. L’habitacle de la Red Line diffère un peu des autres. Les sièges Recaro sont tout simplement parfaits et les jauges, toujours situées au centre du tableau de bord, proposent un design différent. Mais les espaces de rangement sont tout aussi inexistants !
La Ion, peu importe la configuration des portières, risque de demeurer mal aimée toute sa vie. Les gens n’en ont que pour les Honda Civic, Hyundai Elantra et Mazda3, toutes infiniment plus raffinées qu’elle. Pourtant, elle a énormément à offrir. À commencer par un prix plus abordable que ses concurrentes. C’est déjà beaucoup.
feu vert
Prix intéressants
Service après-vente vraiment serviable
Grand coffre
Habitacle confortable
Bons moteurs
feu rouge
Direction déconnectée
Freins aberrants (sauf Red Line)
Suspensions dures (Red Line)
Qualité de la finition déplorable
Manque de raffinement général