Saab 9-7x, massage suédois
Il y a quelques années, alors même que les rondeurs du coffre arrière repoussaient la plupart des amateurs, j’étais un admirateur incontesté des voitures Saab. Leur silhouette distinctive, les habitacles différents et surtout la conduite toute raffinée que procurait une Saab 900 par exemple, me rendaient tout simplement heureux. À défaut d’avoir les moyens de me payer la voiture, j’avais toutes sortes d’objets de collection la représentant, y compris le porte-clés. Mais les temps ont passé, et les Saab ont perdu un peu de ce lustre et de cette personnalité unique.
J’avoue quand même que chaque fois que je me retrouve au volant de ces voitures suédoises, j’ai bon espoir de ressentir le petit quelque chose que j’éprouvais alors. Dans cet esprit, l’essai du Saab 9-7x, premier VUS et premier véritable V8 de la famille, ne pouvait que me réjouir.
IKEA vs McDonald
Dès l’entrée à bord, et malgré le soin apporté à certains détails, on a moins l’impression d’être au volant d’une Saab. C’est vrai, on a conservé la clé de démarrage entre les deux sièges histoire de respecter la tradition. Les buses de ventilation ont aussi conservé leur petit bâtonnet de direction, à l’image de toutes les voitures de la gamme. Mais du premier regard, on reconnait les origines américaines de cette suédoise. Inspiré clairement du Envoy et du Trailblazer, en fait de l’ancien Bravada disparu l’année dernière, l’habitacle est de bon goût, bien pensé sur le plan ergonomique, et offre un vaste espace pour les passagers de tous les sièges. Mais ce n’est pas exactement un Saab.
Même la silhouette, pourtant bien réussie et d’une sobriété toute suédoise, n’a pas tout à fait réussi à faire oublier son inspiration. Il faut admettre cependant que la partie avant du véhicule est digne de mention. On a intégré la grille de calandre traditionnelle de la marque au design, conférant ainsi un air de famille indéniable. En revanche, toute la partie arrière est une copie quasi conforme de la gamme Envoy, et rappelle davantage l’appartenance à la grande tribu GM. Le mélange des genres n’est pas sans charme, mais n’a pas réussi à attirer l’attention autant que l’on pourrait le souhaiter. Un peu comme si on vous servait des boulettes suédoises chez McDonald’s !
La finition intérieure est cependant tout ce qu’il y a de suédois. Les détails sont soignés (à l’exception de quelques plastiques de piètre qualité), et on a même installé de série un pédalier ajustable électriquement, ce qui rend la position de conduite encore plus facile à trouver pour les conducteurs de toute taille. Notons enfin le confort, ma foi assez étonnant, des sièges qui offrent de surcroît un support latéral surprenant. Une liste d’équipements assez longue, incluant un excellent système audio, constitue l’apanage du 9-7x, liste à laquelle s’ajoutent cette année le système de navigation OnStar et des capteurs de pression des pneus. Ce sont d’ailleurs les seuls changements pour 2007. Et on ne peut oublier tous les aspects de sécurité, incluant des rideaux latéraux et un système antiretournement, qui équipent l’utilitaire suédois.
Plus VUS que Saab
Une fois au volant par contre, le 9-7x a des qualités que l’on ne peut négliger. La première, et non la moindre, c’est l’application du moteur 6 cylindres en ligne de 4,2 litres, dont les capacités sont bien connues. Modifié un peu l’année dernière, il développe désormais 291 chevaux avec une étonnante aisance, et est capable de propulser le véhicule sur les routes pour des accélérations sans hésitation, et des reprises ma foi assez dynamiques. Inspiration américaine et concurrence obligent, le Saab 9-7x est aussi proposé avec un moteur V8 de 5,3 litres (ce sont d’ailleurs les deux seules déclinaisons possibles puisqu’aucun niveau de finition différent n’est au catalogue). Cette fois, c’est une cavalerie de 302 chevaux qui s’anime sous le capot, mais c’est surtout en matière de couple (330 livres-pied) qu’il fait sentir sa différence. En revanche, oubliez la finesse suédoise. La symphonie tout américaine qui s’échappe du moteur n’a rien du raffinement de la famille...
Autre détail non négligeable, le 9-7x n’a pas hérité du traditionnel système quatre roues motrices des autres modèles. On lui a plutôt implanté une traction intégrale plus sophistiquée qui répond mieux aux exigences urbaines du véhicule. En revanche, on ne peut en dire autant de la transmission automatique à quatre rapports, de série sur tous les modèles. On aurait souhaité, au minimum, un rapport supplémentaire, un peu à l’image de la concurrence que sont les Volvo XC90 et que défie clairement la 9-7x.
Les suspensions ont été abaissées et rendues légèrement plus fermes que les autres membres de la famille, inspirées par l’influence européenne. Le résultat sur une route de campagne se rapproche davantage d’un camion que d’une voiture, et provoque un roulis parfois prononcé lors de virages serrés. On ne ressent toutefois pas ce sentiment avec autant d’acuité lorsqu’on roule en zone urbaine, véritable terrain d’appartenance du 9-7x. Le freinage, sans être brusque, est efficace, mais entraîne un plongeon vers l’avant lors d’arrêts d’urgence.
Le 9-7x n’est pas aussi Saab que je l’aurais cru… ou souhaité. Un peu comme si l’Envoy avait reçu un massage suédois. Malgré tout, il a su conserver les caractéristiques que les vrais amateurs de la marque sauront apprécier.
feu vert
Bon moteur V8
Silhouette réussie
Espace intérieur vaste
Finition générale bien conçue
Liste d’équipements complète
feu rouge
Personnalité Saab moins affirmée
Roulis prononcé en virage
Transfert de poids évident en freinage
Matériaux à revoir