Infiniti QX50 - Beaucoup de bruit pour pas grand-chose
Depuis dix ans, chaque fois que Lincoln lance un modèle, on évoque la renaissance de la marque. L’accomplissement d’innombrables années d’efforts. Et puis… rien. Les ventes demeurent symboliques, signe que le problème ne se trouve peut-être pas seulement dans les produits. Chez Infiniti, il en va de même. D’une part, parce que les ventes plafonnent malgré un marché grandissant, mais aussi parce qu’en dépit des nouveautés présentées depuis quelques années, le cheval de bataille reste le même : le QX60. Un Pathfinder endimanché apprécié uniquement pour des raisons d’ordre rationnel.
Le QX50 devait donc être le sauveur. Celui que certaines personnes de l’industrie qualifiaient de véhicule de la dernière chance. Parce qu’il se situe dans un segment où un véhicule de luxe sur trois est vendu, mais aussi parce qu’il adopte de nouvelles technologies, supposément révolutionnaires. Hélas, après un an de commercialisation et après d’innombrables efforts marketing, le QX50 ne convainc pas. À mots couverts, un vendeur Infiniti m’a à ce propos avoué avoir constaté une augmentation significative de l’achalandage en concession depuis l’arrivée de ce modèle. Or, les gens ne l’achètent pas.
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Alors, que se passe-t-il?
Chose certaine, les gens ne se butent pas à un design hideux. Qu’importe l’angle sous lequel on l’observe, le QX50 a le mérite d’être mille trois cent soixante-dix-huit fois plus élégant que le Lexus NX, un de ses principaux rivaux. Un design inspiré de l’Audi Q5, qui évoque à la fois élégance et performance.
À bord aussi, la présentation est de bon goût et soignée, dans la mesure où vous n’optez pas pour la version Autograph dans laquelle on marie maladroitement le brun, le marine, le beige, le noir et les garnitures en bois et métalliques. Ouais… un peu trop! Cela dit, la finition est irréprochable. On apprécie les sièges qui, malgré l’absence d’une assise à longueur réglable, fournissent un confort remarquable. Puis, autre bonne note, l’assise arrière coulissante permettant d’augmenter au choix l’espace pour les jambes ou le volume de chargement.
Hélas, l’ergonomie demeure le problème majeur de l’habitacle, où les deux écrans superposés affichent une information distrayante, parfois même dédoublée. Un problème souvent rencontré dans d’autres produits de la marque Infiniti, qui refuse toujours d’offrir une solution simple aux utilisateurs, en l’option de l’intégration Apple CarPlay et AndroidAuto. Au lieu de ça, un système de navigation archaïque contrôlé via une molette placée à droite du levier de vitesses. Mais attention, certaines des commandes de navigation se trouvent aussi dans l’écran tactile inférieur. Un cauchemar…
Trop de variables
Pour un plaisir variable, une boîte automatique à rapport continuellement variable et un quatre cylindres turbocompressé à compression variable. Voilà ce que nous sert le QX50 qui jadis, hébergeait un performant V6 et une boîte automatique à sept rapports. Bien sûr, les résultats illustrés sur papiers sont littéralement élogieux. On évoque des performances foudroyantes, une optimisation de la puissance et un rendement énergétique optimal.
Or, ces affirmations deviennent rapidement nuancées lorsque vient le temps de prendre la route. Surtout parce que l’on réalise que tous les efforts déployés pour accoucher de cette motorisation supposément révolutionnaire n’ont guère porté fruit : cette mécanique déçoit par ses performances, sa sonorité et sa consommation d’essence qui, au final, est équivalente à celle de la concurrence. Ça, c’est sans compter l’effet d’élasticité désagréable de la boîte automatique, ressenti en accélération comme à l’audible, le tout pour une expérience qui n’a franchement rien d’enivrant...
Il est vrai que le QX50 est confortable, stable et silencieux à vitesse de croisière, mais il s’agit sans doute de l’utilitaire le plus décevant à conduire du segment. Encore une fois en raison de la boîte qui ici, n’a clairement pas sa place, mais aussi parce que la direction n’est aucunement communicative. À ce compte, vous serez drôlement mieux servi par l’Acura RDX, lui aussi renouvelé, et qui a su convaincre presque trois fois plus de gens que le QX50, au cours des quatre premiers mois de 2019.
En clair, c’est un véhicule élégant, innovateur et possédant quelques bonnes cartes dans sa manche, mais qui semble avoir été imaginé et développé par des gens n’ayant jamais conduit. Voilà sans doute pourquoi plusieurs acheteurs potentiels ont rebroussé chemin, préférant choisir une valeur sûre comme l’Audi Q5 ou le BMW X3, très intéressants en location. Ces derniers, contrairement à notre sujet, sont amusants à conduire, plus efficaces, et savent flatter l’ego de leur propriétaire. Et si les véhicules allemands ne vous sourient pas, vivement l’Acura RDX, tout simplement plus compétent.
Feu vert
- Joliment tourné
- Prix concurrentiel
- Confort étonnant
- Espace plus généreux que la moyenne
Feu rouge
- Centralisateur informatique à revoir
- Rendement énergétique ordinaire
- Agrément de conduite quelconque
- Boîte CVT qui n’a pas sa place