Saab 9-3, pas juste pour les « saabistes »
Oncle Sylvain, irréductible vieux garçon et conservateur jusqu’au bout de ses bas, ne s’approcherait pas à moins d’un mètre d’une Saab sauf s’il y était forcé. Et encore, je crois qu’il profiterait de ce moment pour faire une crise cardiaque. Une voiture dont la clé de contact se trouve sur la console ne mérite même pas un regard. De toute façon, jamais une automobile ne sera aussi belle et confortable que son Pontiac Bonneville 1989… Au moins, les gens de Saab savent que leurs véhicules s’adressent davantage à un public libéral, plus ouvert aux subtilités qu’aux Sylvain de ce monde…
Contrairement aux 9-2x et 9-7x, des véhicules à rouage intégral développés à partir de la Subaru Impreza (9-2x) et de la défunte Oldsmobile Bravada (9-7x), la 9-3 est une Saab à part entière. Comme le veut la logique, la Saab 9-3 vient s’insérer entre la 9-2x (de regrettée mémoire) et la 9-5, autant au chapitre des dimensions extérieures qu’à celui du prix ou de la puissance.
Drôles de noms pour une voiture sérieuse…
La 9-3 se décline en trois modèles. Outre la berline, on retrouve une pratique familiale, appelée SportCombi, un nom qui égratigne toujours mes fragiles tympans, et une décapotable, baptisée, de façon plus orthodoxe, Convertible. Les modèles abritant un V6 se nomment Aero (décidément…), tandis que ceux munis du quatre cylindres ne reçoivent aucune dénomination particulière. Et dire qu’auparavant, il y avait les Linear et Arc. L’an dernier, Saab a heureusement simplifié les choses.
La 9-3 propose deux moteurs. Il y a tout d’abord un quatre cylindres turbocompressé de 2,0 litres qui développe 210 chevaux et
221 livres-pied de couple. La puissance est là mais nous préférons le V6, beaucoup plus souple et doux. Ce moteur turbo de 2,8 litres offre une belle écurie de 250 chevaux et 258 livres-pied de couple. Même avec toute cette cavalerie, la 9-3, une traction, ne présente pas trop d’effet de couple. C’est-à-dire que, lors de fortes accélérations, le volant n’a pas tendance à vouloir inopinément tirer à gauche ou à droite comme c’est souvent le cas avec les tractions puissantes. Par contre, nous déplorons le temps de réponse du turbo, trop long, surtout avec l’automatique et la sonorité quelquefois agaçante du V6 à vitesse constante, sur autoroute par exemple. Les Européens, les chanceux, ont droit à une version diesel et à une autre, très populaire en Suède, la BioPower qui fonctionne à l’éthanol. Si la demande est là, il se pourrait qu’un de ces moteurs, les deux espérons-le, trouve sa voie jusqu’en Amérique.
Les modèles à quatre cylindres reçoivent soit une transmission manuelle à 6 rapports, soit une automatique à cinq rapports. Les V6, eux, ont droit aussi à des transmissions manuelles ou automatiques à six rapports. Cette dernière transmission automatique fonctionne doucement et propose un mode manuel qui n’apporte rien de plus à la conduite même si le passage des rapports se fait rapidement. Quant à la manuelle, sa course est un peu longue et semble reliée à un élastique. Mais ce n’est rien de dramatique.
La Saab 9-3 repose sur un châssis très rigide. Les suspensions indépendantes ont été magnifiquement réglées entre sport et confort, et le comportement de la voiture en virage inspire toujours confiance, peu importe la vitesse. En revanche, la direction se montre un peu trop légère quoiqu’assez précise. En situation d’urgence, les freins stoppent la
bagnole sur une distance plutôt courte mais l’action de l’ABS se fait très bien sentir.
Trois choix
En toute logique, c’est la version berline qui recueille le plus de ventes. L’espace habitable est bon même si on a déjà vu mieux dans la catégorie. Les places arrière sont confortables si les occupants avant ont la délicatesse d’avancer leurs sièges. Les dossiers des sièges arrière s’abaissent de façon 60/40 pour agrandir l’espace de chargement (déjà bien nanti) mais ils ne forment pas un fond plat. Notre véhicule d’essai nous a accueillis avec de superbes sièges en cuir blanc, très confortables. Mais du blanc, ça ne demeure pas blanc longtemps…
Pour les gens à la recherche d’une voiture plus polyvalente, Saab propose la familiale SportCombi. En plus d’offrir beaucoup d’espace, la 9-3 possède de petits compartiments situés sous le plancher du coffre et destinés à recevoir de menus objets. Un gros caisson de graves niche dans le pneu de secours et emplit les oreilles d’une sonorité riche et profonde. Saab a pensé aux amateurs de plein air et de détente en concoctant la version décapotable. Lorsque le toit est ouvert, la ligne de la 9-3 est irrésistible. Le coffre par contre, voit sa capacité passer de 351 litres à 235, lui qui n’a déjà pas une ouverture très grande. Malheureusement, il pleut à l’occasion et il faudra vous faire mouiller pendant seulement 20 secondes avant que le toit électrique ne se referme (ou s’ouvre quand le soleil revient). Disponible en trois couleurs (noir, bleu ou crème), ce toit était source de bruits de vent sur notre exemplaire. Quelques autres journalistes, essayant d’autres 9-3 décapotables, n’ont pas eu ce problème. Quoi qu’il en soit, les places arrière sont réservées à de très jeunes enfants n’ayant pas encore compris la notion de confort.
Malgré certaines commandes tellement complexes à comprendre qu’on les croirait développées par IKEA, la Saab 9-3 demeure une des plus belles réalisations du constructeur de Trollhättan en Suède. Encore très typée, cette voiture n’a rien pour rebuter l’acheteur nord-américain traditionnel. Mais elle ne peut rien contre la mauvaise volonté…
feu vert
Confort de première classe
V6 souple
Fiabilité toujours à la hausse
Cabriolet bien pensé
Comportement routier inspiré
feu rouge
Triste valeur de revente
Certaines commandes pour génies seulement
Direction trop aseptisée
Prix des décapotables déprimant
Image de la marque à refaire