Rolls-Royce Phantom, où est l'opéra ?
Avant de prendre livraison de la Rolls-Royce Phantom à Montréal, j’ai pris quelques minutes pour revoir la facture du modèle d’essai qui était pourvu de certaines options. Prix de base : 470 000 dollars. Roues chromées en aluminium de 21 pouces : 8 525 dollars. Système de caméras vidéo à l’arrière comme à l’avant : 4 700 dollars. Commandes du système de chauffage/climatisation à l’arrière : 5 100 dollars. Logos R-R sur tous les appuie-têtes : 800 dollars. Tables articulées pour les places arrière : 2 600 dollars. Panneaux laqués : 1 600 dollars. Total de la facture : 502 325 dollars. L’excès : ça n’a pas de prix…
Le nom Rolls-Royce est synonyme de luxe et d’opulence depuis les débuts de la marque qui a toujours visé l’excellence. La Rolls-Royce, c’est aussi la voiture des vedettes, à partir de Charlie Chaplin qui en a eu plusieurs jusqu’à John Lennon des Beatles qui avait poussé l’audace de décorer la sienne de couleurs et de graffitis Peace and Love. Aujourd’hui, c’est la voiture des Shaquille O’Neal, Donald Trump, Elton John et de Ben Affleck qui en avait offerte une à Jennifer Lopez à l’époque de leurs fréquentations.
Construite depuis 2003 à la célèbre usine Rolls-Royce de Goodwood en Angleterre, la Phantom est à la fois britannique et allemande, en vertu du fait que la prestigieuse marque anglaise fait partie du portefeuille des marques du groupe BMW depuis 1998, et que la voiture hérite d’un moteur V12 de 6,8 litres et 453 chevaux développé par le constructeur bavarois. Forte de plus de deux tonnes et demie, la Phantom est tout de même capable d’atteindre 100 kilomètres/heure en 6 secondes avec une livrée de puissance que l’on peut caractériser d’onctueuse, tout en consommant une moyenne de 15,9 litres de carburant aux 100 kilomètres. Au premier contact, on est tout de suite frappé par les dimensions hors normes de la Phantom qui est plus longue que le véhicule sport utilitaire Ford Excursion, et dont le capot avant fait presque six pieds en longueur. Heureusement, notre voiture d’essai était équipée du système de caméras vidéo qui est offert en option et qui comprend non seulement une caméra de recul, mais également deux autres caméras nichées à l’avant qui permettent de voir de chaque côté de la voiture afin de vérifier le flot de la circulation avant de s’engager sur la rue. Les images captées par ces caméras sont reproduites sur l’écran central qui sert aussi à contrôler le système iDrive de BMW intégré à la Phantom, et lorsque le conducteur n’interagit pas avec ce système de télématique, il lui suffit d’appuyer sur un bouton pour que l’écran pivote et qu’une montre analogique apparaisse alors au centre d’un panneau de bois laqué. L’effet produit est très James Bond...
Au volant de la Phantom, j’ai eu peine à croire que la voiture pèse plus de deux tonnes et demie parce qu’elle se conduit très facilement malgré son gabarit et son poids. Cependant, la position de conduite surélevée sert de rappel constant à cet égard parce que l’on a vraiment l’impression de dominer les autres voitures lorsque l’on est immobilisé à un feu rouge. Sur une route sinueuse enfilée à une vitesse plus élevée que la limite permise j’ai noté un roulis important en virage ce qui constitue l’un des points faibles de la voiture, mais je doute fort que l’acheteur typique d’une Phantom roule aussi vite avec sa nouvelle acquisition ou encore qu’un chauffeur malmène propriétaire et passagers de la sorte ! La puissance de freinage tient compte du gabarit de la Phantom et permet à la voiture de s’immobiliser en 40 mètres à partir d’une vitesse de 100 kilomètres/heure !
Passez au salon
L’environnement feutré de l’habitacle s’apparente plus à celui d’un salon mondain et permet de se délecter de certaines excentricités de la Phantom, notamment le fait que les touches de réglage de la position des sièges avant soient cachées dans la console centrale ou encore que les portes arrière, qui sont articulées à contresens et qui sont toutes deux équipées d’un parapluie, se ferment automatiquement à la seule pression d’un bouton par le passager. Les places de choix sont donc celles à l’arrière où les passagers pourront apprécier la sérénité qui règne à bord, la Phantom étant plus silencieuse que la plus luxueuse des Lexus. Le style de la carrosserie peut sembler carrément excessif aux yeux de plusieurs, mais le manège d’apparition du Spirit of Ecstasy au déverrouillage des portières ou son retrait dans la calandre à l’arrêt produit toujours un effet chez les spectateurs, qui s’attendent tous à voir Madonna ou une autre vedette descendre de la voiture.
Dans la boule de cristal
Et que nous réserve l’avenir de la prestigieuse marque britannique ? Au printemps 2007 devrait arriver le modèle cabriolet de la Phantom dont le prix devrait être supérieur à celui du modèle actuel, selon Ian Robertson, chef de la direction de Rolls-Royce Motor Cars. De plus, des rumeurs courent disant que dans un avenir plus lointain, la marque commercialiserait un nouveau modèle coupé qui serait inspiré de la voiture concept 101EX dévoilée au Salon de l’auto de Genève et qui devenait alors seulement la seconde voiture concept de l’histoire de la marque. Plus courte de vingt-cinq centimètres que la Phantom, la 101EX doit explorer une nouvelle dimension plus sportive pour Rolls-Royce afin de concurrencer directement la rivale Bentley. Une nouvelle berline devrait arriver pour l’année modèle 2009, et il y a fort à parier que cette nouvelle Rolls sera développée sur la plate-forme de la prochaine génération de la Série 7 de BMW, et qu’elle pourrait également hériter d’une version plus puissante du nouveau moteur V8 de 4,8 litres du constructeur bavarois. L’avenir à plus long terme laisse envisager la commercialisation de nouveaux modèles dont les dimensions seraient inférieures à celles de l’actuelle Phantom.
feu vert
Moteur V12 bien adapté
Performances surprenantes
Confort et silence de roulement
Exclusivité assurée
feu rouge
Style discutable
Prix exorbitant
Coût des options
Roulis important en virages