Porsche Cayman, la nouvelle lignée
Avec la nouvelle série des Cayman et Cayman S, Porsche poursuit sur sa lancée et ajoute deux nouveaux modèles à sa gamme. Au premier contact, on serait tenté de croire que la Cayman et la Cayman S ne représentent qu’une version à toit fixe de la Boxster, mais la réalité est tout autre et les deux voitures ont des personnalités bien distinctes. Si, tout comme moi, vous êtes d’avis que la Boxster S est la référence en matière de roadsters, vous serez littéralement estomaqué par les performances en tenue de route de la Cayman S…
Sur le circuit très technique de Barber Motorsports Park, localisé près de Birmingham en Alabama, j’ai été tellement impressionné par l’agilité et la vitesse en virages de la Cayman S, que je me suis mis à penser que cette voiture à la tenue de route absolument phénoménale semblait manquer de puissance… En fait, ce n’est pas la puissance du moteur de 3,4 litres de la génération précédente de la 911 Carrera qui est en cause, mais c’est le fait que la tenue de route de la Cayman S est à ce point impressionnante que l’on souhaiterait disposer de plus que les 295 chevaux au programme afin de connaître des sorties de virages encore plus explosives. Lorsque j’ai présenté ces premières impressions à Juergen Kapfer, directeur du programme de développement du moteur de la Cayman S, en lui demandant s’il était techniquement possible de greffer le moteur de 3,8 litres de l’actuelle 911 Carrera S dans une Cayman S, il m’a répondu que la chose était réalisable, mais que Porsche n’emprunterait pas cette voie afin de ne pas porter ombrage à la 911 Carrera, véritable figure emblématique de la marque. Kapfer a par ailleurs souligné que certains préparateurs indépendants allaient probablement se livrer à cet exercice…
Logé en position centrale, le moteur de la Cayman S est dérivé de celui de la Boxster S mais sa cylindrée a été portée à 3,4 litres, et surtout les culasses ainsi que le dispositif de calage variable des soupapes Variocam proviennent du moteur de la 911 Carrera, ce qui représente une première incursion pour cette nouvelle technologie pour un modèle autre que la 911 chez Porsche. Le sprint de 0 à 100 kilomètres/heure ne prend que 5,1 secondes et la vitesse maximale de la Cayman S est de 275 kilomètres/heure. Par ailleurs, la boîte de vitesses a été empruntée à la Boxster S, mais les rapports de la première ainsi que de la deuxième vitesse sont plus courts et sont également dotés de synchronisateurs triples afin de permettre des passages de vitesses plus rapides.
Sur le plan technique, le châssis de la Cayman S est deux fois plus rigide que celui de la Boxster S et cette rigidité est presque égale à celle du châssis de 911 Carrera, grâce non seulement au toit fixe mais aussi à un longeron fixé derrière les deux sièges et reliant les deux côtés de la voiture. D’autre part, je m’attendais à ce que la Cayman S soit beaucoup plus légère que la Boxster S, mais la différence entre ces deux voitures n’est que de 10 livres à l’avantage du coupé. À ce sujet, Jan Roth, directeur du développement de la Cayman S m’a informé que le toit de toile de la Boxster S ne pesait à peu près rien et que son mécanisme d’ouverture était composé de pièces réalisées en magnésium et donc très légères.
Sur les circuits
Le rapport poids-puissance de la Cayman S est donc plus favorable que celui de la Boxster S, le coupé étant plus léger de 10 livres et son moteur livrant 15 chevaux et 15 livres-pied de couple de plus que celui du roadster. Voilà qui fera du coupé une voiture remarquablement agile et très rapide pour les propriétaires qui auront l’occasion de la faire évoluer en piste lors des événements organisés par le Club Porsche, où la Cayman S se frottera certainement à la 911 Carrera (mais pas à la Carrera S) sur certains circuits. La série de tours bouclés sur le superbe circuit de Barber Motorsports Park m’a permis d’apprécier au plus haut point les qualités dynamiques de la Cayman S qui s’inscrit parfaitement sur la trajectoire idéale, virage après virage, avec une précision remarquable. En fait, la conduite de la Cayman S est tellement inspirée que l’on en vient à se demander si une quelconque communication télépathique est établie entre la voiture et son conducteur. Cette étonnante symbiose est d’ailleurs le propre des voitures de la marque qui sont conçues pour être aussi à l’aise sur circuit que sur la route.
À l’intention de ceux et celles qui désirent s’en acheter une pour se livrer à la conduite sur circuit, je vous suggère de commander impérativement deux options figurant au catalogue, et peut-être une troisième… Parmi les incontournables, il y a la suspension PASM (Porsche Active Suspension Management) qui permet de régler les calibrations de la suspension afin qu’elles deviennent plus fermes sur circuit et plus souples pour la route (2 790 dollars canadiens). L’autre must est l’ensemble Sport Chrono Package qui modifie les paramètres de la gestion électronique du moteur ainsi que ceux du système PASM de façon à retarder l’intervention des aides électroniques au pilotage, donnant ainsi plus de « liberté » au conducteur expérimenté sur circuit (1 290 dollars canadiens). La troisième option que l’on peut choisir est celle des freins en composite de céramique PCCB (Porsche Ceramic Composite Brakes) qui permettent de réduire le poids non suspendu, les disques de frein en composite de céramique étant deux fois plus légers que ceux en acier. Toutefois, le prix de cette option demeure prohibitif à 11 400 dollars canadiens…
L’héritage de la compétition
Côté style, La Cayman S se démarque des autres modèles de la marque en adoptant un style évoquant certaines voitures qui ont fait la renommée de la marque à travers le monde. Ainsi, la Cayman S est directement inspirée de la 904 Carrera GTS de 1963, mais surtout de la première voiture de compétition sortie tout droit de l’usine du constructeur allemand, soit la mythique 550 Coupé de 1953. Le succès de la 550 ne s’est pas fait attendre puisqu’une version spécialement configurée en roadster remporta la première course à laquelle elle était inscrite sur le célèbre circuit du Nürburgring, rien de moins…Par la suite, la 550 Coupé triompha dans la catégorie des voitures de 1 500 cc aux
24 Heures du Mans, pour ensuite gagner à la fois une course de 1 000 kilomètres à Buenos Aires en Argentine, ainsi que la célèbre Carrera Panamericana reliant le Mexique du sud au nord, un périple de cinq jours et 3 000 kilomètres, lors de la même année.
Certains qualifieront le style de la Cayman S de « rétro », mais personnellement, je trouve que l’intégration des éléments de design empruntés à la mythique 550 ainsi intégrés au nouveau coupé est particulièrement réussie. À ce titre, le profil des ailes arrière est plutôt frappant puisque ces dernières sont surélevées d’un demi-pouce par rapport à celles de la Boxster S afin de mieux rejoindre la ligne de la lunette arrière. Par ailleurs, il est amusant de constater que les bas de caisse remontent vers l’arrière où la jonction avec les prises d’air ressemble à un étalage de bâtons de hockey… Les rétroviseurs latéraux ont été empruntés à la Carrera GT et l’aileron arrière se déploie automatiquement lorsque la voiture atteint les 120 kilomètres/heure pour se rétracter complètement à l’arrêt, histoire de ne pas gâcher le look de la Cayman S. Le coefficient aérodynamique de la Cayman S est également meilleur que celui de la Boxster S : 0,29 vs 0,30…
En montant à bord, on retrouve immédiatement cet environnement typique des autres modèles de la gamme, mais la Cayman S séduit aussi par son côté pratique puisque le volume de chargement est de 410 litres, si on tient compte de la capacité du coffre avant jumelée à celle du volume accessible juste derrière les sièges. Aux fins de comparaison, ce volume de chargement est égal à celui du coffre d’une Honda Accord, ce qui est un exploit remarquable compte tenu de la vocation sportive de la Cayman S ce qui ne manquera pas de séduire les gens qui en feront ainsi leur voiture de tous les jours…
Le « modèle de base »…
Règle générale, un constructeur automobile présente toujours la version la moins performante de son nouveau modèle en premier, pour ensuite lui adjoindre une version aux performances plus relevées. Ce n’est pas le cas chez Porsche qui a choisi de procéder à l’inverse puisque l’arrivée de la Cayman S est survenue plusieurs mois avant le début de la simple Cayman. Le « modèle de base » faisant appel à un moteur de 2,7 litres qui développe 245 chevaux, les performances ne sont évidemment pas aussi relevées, sans parler du fait que plusieurs options disponibles sur la Cayman S ne figurent pas au catalogue de la simple Cayman. Laquelle choisir ? Dans le cas de la Cayman, comme pour tous les autres modèles de la marque, je réponds sans hésitation que les modèles « S » sont toujours à privilégier. Après tout, lorsqu’on a fait le choix de s’offrir une voiture aussi exceptionnelle, autant opter pour la version la plus performante. « Go big, or stay on the farm », comme disent les Américains…
feu vert
Tenue de route phénoménale
Freinage performant
Puissance du moteur
Exclusivité assurée
feu rouge
Voiture trois saisons
Coût des options
Pas de pneu de secours