Un « transit » à durée prolongée?
La semaine dernière, je me suis procuré une nouvelle voiture. Ou disons plutôt, une nouvelle vieille voiture, puisque celle-ci date de 1991.
Un modèle qui m’a toujours attiré et dont j’ai rêvé dans ma jeunesse, ce qui a fait en sorte que je n’ai pu résister. Bref, une Volkswagen Corrado.
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« Quoi? Pendant que les gens grattent leur fond de tiroir, toi, tu achètes une bagnole ? » Ouais, je sais. Et en plus, le besoin n’y était vraiment pas... Mais bon, disons que je l’ai fait par désennui et surtout parce que l’auto dont il s’agit est rare, surtout dans cette condition.
Hélas, l’expérience de transaction n’a pas été aussi reluisante que je l’aurais souhaité. Parce que l’annonce initiale me laissait croire à une vente entre particuliers et parce qu’une fois rendu sur place, j’ai réalisé que le vendeur était en fait un commerçant qui négocie des voitures à plusieurs adresses. Ainsi, le type en question avait acheté cette Volkswagen dans le seul but de la revendre, ce qui ne me plaisait pas nécessairement.
Cela dit, j’ai tout de même pu constater que la voiture était une survivante. Une des rares Corrado n’ayant jamais été trafiquées, modifiées ou volées, parmi les quelque 2 800 unités vendues au pays sur une période de cinq ans. Et bien qu’elle ait été négligée au cours des dernières années, un gros cartable rempli de factures d’entretien et me permettant de faire le suivi du kilométrage allait me rassurer.
Un court essai routier m’a ensuite convaincu de l’acheter, puisque la majorité des problèmes que je pouvais constater ne tenaient qu’à des réparations de routine, simples à effectuer. Certaines d’entre elles sont plutôt urgentes, d’autres peuvent attendre. Cela étant dit, pas question pour moi de négliger quoi que ce soit.
Je décide donc de faire la transaction... en négociant à deux mètres de distance! Le vendeur me propose alors de me donner une immatriculation temporaire, communément appelée « transit », soulignant que ce dernier sera valide jusqu’à ce que la SAAQ ouvre ses portes, afin que je puisse l’immatriculer. Un coup de fil aux assurances, et je prends la route avec ladite Volkswagen.
Le lendemain, tandis que je conduis la voiture pour la déposer chez le garagiste qui fera éventuellement les réparations, je me fais intercepter par un policier de la Sûreté du Québec. Ce dernier me suit sur plusieurs kilomètres avant d’activer ses gyrophares. Stationné sur le bas-côté de la route, celui-ci s’approche et me lance comme première phrase : « Dommage que ça ne soit pas une VR6! ». Bref, il est lui aussi un amateur de voitures. Cependant, il m’interceptait pour valider la date de mon immatriculation temporaire, m’apprenant au passage que malgré la situation actuelle, un « transit » ne demeure valide que pour dix jours. Cela allait donc contredire les allégations du vendeur de ma voiture, qui prétendait que je pouvais circuler tant que la SAAQ ne me permettrait pas d’obtenir une réelle immatriculation.
Le policier m’a donc expliqué que puisqu’il n’existe aucune mesure annoncée par le Gouvernement concernant les immatriculations, les lois et règlements en vigueur s’appliquent toujours. Évidemment, je n’avais pas le choix de lui donner raison. Bien sûr, je n’étais pas en infraction, car le petit papier jaune apposé à ma lunette arrière n’avait que 24 heures. Or, cela allait encore me prouver que dans cette crise, on a trop souvent laissé les automobilistes comme les commerçants du monde de l’automobile, sans réponse.
Ironiquement, dans la section « Foire aux questions » du site de la SAAQ, on mentionne clairement qu’une tolérance est exercée dans le contexte actuel, et qu’une fois les risques entourant la COVID-19 réduits, l’automobiliste pourrait alors immatriculer son véhicule en bonne et due forme. Il semble donc que cette information n’ait pas été transmise aux policiers, du moins à celui qui allait m’intercepter pour cette raison spécifique.
Qu’à cela ne tienne, la SAAQ annonçait en début de semaine la réouverture progressive de ses bureaux. Le service n’est pour l’heure offert que sur rendez-vous, lequel peut être pris par téléphone (1 800 361-7620), mais il est néanmoins possible d’immatriculer son véhicule dans les règles de l’art
De ce fait, considérez que l’immatriculation temporaire n’est désormais applicable que pendant dix jours, à partir de la date d’achat du véhicule. Quant à moi, je saute à l’instant sur le téléphone afin d’immatriculer ma voiture. Parce qu’en cette période de confinement où les pertes de revenus tiennent du jamais vu, je me passerais volontiers d’une amende de 300 $, à laquelle s’ajoutent bien sûr des frais toujours de plus en plus salés…