Une virée sur l'autobahn en Audi R8 V10 Performance 2020
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En octobre 2019, je me suis rendu en Allemagne pour faire un tour de la célèbre boucle nord du circuit du Nürburgring, soit le Nordschleife, à bord d’un prototype de l’Audi RS Q8 piloté par Frank Stippler, pilote-essayeur pour Audi Sport et vainqueur des 24 Heures du Nürburgring sur Audi R8 GT3.
À la descente d’avion à Francfort, un superbe coupé Audi R8 V10 Performance de couleur Kemora Grey était à ma disposition pour le trajet vers le circuit, trajet comportant une longue section de l’autobahn A3 avec des tronçons sans limites de vitesse…
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Rouler en Allemagne est un pur plaisir. Les automobilistes sont généralement plus consciencieux et plus attentifs au volant, le réseau routier est en très bon état, et la signalisation est toujours très efficace.
Cependant l’attrait principal, c’est évidemment les célèbres autobahn, soit les autoroutes allemandes, où des limites de vitesse sont imposées dans certains secteurs névralgiques, mais qui comportent aussi des tronçons sans limites, lesquels sont identifiés par un panneau circulaire blanc traversé en diagonale par cinq bandes noires.
Conduire dans cet environnement singulier est une expérience hors du commun, surtout lorsque l’on est au volant d’une voiture performante. Ça tombe bien, le mot Performance fait justement partie de la désignation de la Audi R8 dont le moteur V10 atmosphérique de 5,2 litres développe 612 chevaux et 428 livres-pied de couple avec les spécifications européennes.
Un moteur d’anthologie
Lorsque ce V10 tourne à sa limite de révolutions de 8 700 tours/minute, chacun de ses dix pistons couvre une distance équivalente à plus de 26 mètres chaque seconde… Comparé à un V8 de cylindrée identique, ce V10 est équipé de pistons moins grands et plus légers, ce qui permet d’atteindre des régimes plus élevés.
Par rapport à un moteur de type V12, le V10 comporte moins de pièces mobiles, réduisant de ce fait la friction et la complexité sur le plan mécanique. Une chose est certaine, les frissons sont garantis et les sensations sont viscérales lorsque le V10 atmosphérique donne dans la haute voltige, le son à pleine charge n’étant pas étouffé, comme c’est souvent le cas, avec les moteurs turbocompressés, mais plutôt libéré par un échappement qui devient moins restrictif à haut régime. Tout simplement génial!
La motorisation est complétée par une boîte à double embrayage, ainsi que par le rouage intégral comportant un embrayage multidisque qui permet de livrer jusqu’à 100% du couple à l’essieu arrière ou avant. Bien évidemment, ce rouage confère une très grande stabilité à la R8, même à plus de 280 kilomètres/heure, où l’aérodynamique étudiée de la voiture joue également un rôle de premier plan à ce chapitre.
Un environnement de type cockpit
Le volant en alcantara comporte une base horizontale et regroupe une kyrielle de commandes, notamment le bouton de démarrage en rouge et le sélecteur des modes de conduite, en plus des autres touches servant à commander la téléphonie et la chaîne audio, sans parler des paliers de changement de rapport.
À lui seul, ce volant donne à l’habitacle une très nette impression d’être dans un véritable cockpit, d’autant plus que la R8 n’est dotée que d’un seul écran couleur à affichage paramétrable remplaçant le traditionnel bloc d’instruments.
Parmi les affichages, on remarque celui du mode Dynamic, avec le lecteur des forces G en temps réel à gauche, le tachymètre en plein centre ainsi que les indicateurs de puissance et de couple.
Une stabilité impériale
Lancé tel un missile sur l’autobahn, le coupé R8 Performance inspire confiance puisque les réglages du châssis permettent de bien ressentir la route en toutes circonstances, que la direction est un modèle de précision et que la tenue de cap à haute vitesse demeure impériale. À cela, il faut ajouter que les freins en composite de céramique autorisent des décélérations massives et très stables lorsque la situation l’exige.
Exemple : en Allemagne, les poids lourds roulent à 90 km/h et se suivent dans la voie droite sur les autoroutes à deux voies. Il n’y a pas de « courses d’éléphants » comme chez nous, alors qu’un camion met de longues minutes et plusieurs kilomètres pour en doubler un autre. Toutefois, il est possible qu’un automobiliste circulant à 120 ou 130 km/h passe de la voie de droite à celle de gauche pour dépasser un poids lourd sans bien juger de la vitesse d’approche d’une voiture encore plus rapide.
C’est dans ces moments-là que l’on apprécie au plus haut point la stabilité de la R8 dont les mouvements de la caisse sont remarquablement bien maîtrisés, même en décélération intense. Bref, on sent que la voiture est tout à fait capable de composer avec les vitesses élevées, qu’elle est en phase avec l’environnement dans lequel elle évolue, et nous voici déjà arrivés au Nürburgring, avec beaucoup d’avance sur l’horaire prévu par Google Maps…
Détour sur Aachen
Après la balade en RS Q8 sur le Nordschleife, je mets le cap sur Aachen avec comme objectif de visiter le siège social et, surtout, le Musée de Minichamps, constructeur de voitures de modèles réduits. Manque de chance, le Musée est fermé les lundis!
J’en profite pour faire une photo de la R8 devant l’édifice et, après un lunch rapide vers 15 heures au centre-ville d’Aachen, c’est le départ pour un retour sur Francfort à la tombée du jour. Le soleil se couche à l’horizon, c’est l’heure du crépuscule, puis le début de la nuit. Comme les phares de la R8 sont très puissants et que le faisceau est remarquablement bien découpé, le rythme demeure élevé malgré l’avancée de l’obscurité.
Je rattrape une M5 qui se met alors à rouler plus vite qu’auparavant, mais je me contente de la suivre en me disant que son conducteur doit mieux connaître cette autoroute et le relief sur lequel elle se déroule que moi! Tout comme un pilote de ligne, je ralentis l’allure pour l’approche finale à Francfort…
La suite des choses pour la R8
Le modèle actuel de la R8 est celui de deuxième génération, mais qu’en est-il pour la suite des choses pour la plus performante des voitures de la marque d’Ingolstadt? Une chose est claire, la R8 de troisième génération se devra d’être conforme aux normes environnementales européennes, lesquelles seront plus strictes dans un avenir rapproché.
Ces conditions font en sorte que la marque allemande pourrait adopter une certaine forme d’électrification, laquelle viendrait seconder le moteur thermique. Par ailleurs, ce moteur thermique pourrait prendre la forme d’un V8 avec suralimentation par turbocompresseur, selon les rumeurs actuelles.
Verdict
L’Audi R8 V10 Performance est une voiture au potentiel de performance délirant qui fait preuve d’une stabilité incomparable, et qui permet de faire le plein de sensations à la vitesse grand V, la signature vocale de son V10 atmosphérique tournant à pleine charge valant à elle seule le prix exigé. Conduire cette voiture exceptionnelle dans son pays d’origine est une expérience mémorable. À ce sujet, un conseil.
Si vous avez toujours eu l’envie de rouler sur les autoroutes allemandes sans limites de vitesse, je vous invite à ne pas tarder à le faire, puisqu’il y a fort à parier que le gouvernement allemand succombera éventuellement aux pressions exercées par certains groupes militant en faveur de l’instauration d’une limite de vitesse à l’échelle nationale.
Bref, les jours des tronçons sans limites sur les autobahn sont très certainement comptés, avis aux intéressés…