Chevrolet Traverse 2020 : le Québec a dit non!
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Débarqué en 2009 pour reprendre le flambeau du défunt Trailblazer (qui renaîtra ironiquement chez les sous-compacts en 2021), le Traverse a connu un succès instantané. Son look, son confort et sa polyvalence allaient en effet séduire une large clientèle, qui devait alors aussi faire ses adieux à la fourgonnette Uplander.
Hélas, ses nombreux problèmes de fiabilité et sa consommation d’essence élevée allaient affecter sa réputation. Puis, parce que Chevrolet a mis beaucoup de temps avant de le renouveler, les acheteurs ont tout simplement choisi de lancer la serviette.
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Ces conclusions sont tirées des chiffres de ventes du Québec, où le véhicule est de plus en plus boudé. Une réalité bien différente de celle de nos voisins américains, où le Traverse connaissait l’an dernier une année record, avec 147 122 véhicules vendus. Alors, pourquoi est-ce si différent chez nous?
On peut sans doute attribuer une grande partie de cette explication à la promotion faite au pays de l’Oncle Sam, mais aussi au patriotisme des Américains, face à leurs produits. Car même si plusieurs véhicules japonais connaissent là-bas un grand succès, les camions et VUS domestiques dominent toujours.
Or, chez nous, c’est tout le contraire. Toyota Highlander, Volskwagen Atlas et Honda Pilot demeurent champions des ventes, et vous pouvez être sûr que les nouveaux Ford Explorer et Kia Telluride viendront mettre la pagaille dans tout ça.
Avec un produit maintenant âgé de trois ans et qui ne devrait subir sous peu que de petites retouches esthétiques, Chevrolet n’est donc pas en très bonne position pour faire face à cette très forte concurrence. Évidemment, l’insuccès du Traverse sur le marché québécois n’est que peccadille pour General Motors, qui souhaite faire rouler son usine de Spring Hill au Tennessee, à plein régime. Et parce que certains marchés en raffolent, on mise surtout sur ces derniers.
Bon VUS ou pas?
Est-ce que les acheteurs québécois ont raison de bouder le Traverse?
Oui et non. En fait, il est vrai que le modèle de précédente génération était, de façon générale, un cauchemar de fiabilité. Un véhicule comportant plusieurs vices de conception, que GM n’a jamais su régler adéquatement.
Ne serait-ce que pour cette raison, on peut ainsi comprendre qu’une partie de la clientèle se soit désistée. En revanche, le nouveau Traverse se situe à des années-lumière de son devancier en termes de qualité et de rendement. Au point où il aurait peut-être été sage de songer à le rebaptiser.
Chose certaine, le Traverse est un véhicule pensé pour les familles. Capable d’accueillir jusqu’à huit occupants dans un habitacle polyvalent, confortable et facilement modulable, il fournit aussi un bon dégagement aux jambes à la troisième rangée, supérieur à celui de ses rivaux.
Pour accéder à la troisième rangée, il suffit d’ailleurs de replier en un tournemain le siège droit de la rangée médiane, qui coulissera et se repliera automatiquement vers l’avant. Un dispositif tout simple, mais si convivial qu’il mérite d’être pris en exemple. Ainsi, bien que le Traverse ne soit pas aussi pratique qu’une authentique fourgonnette, il s’agit clairement de l’un des plus spacieux du segment.
Pas moins de six versions du Traverse sont proposées aux acheteurs canadiens, ce qui exclut de surcroît le choix de roues motrices avant ou d’un rouage intégral. Bien sûr, l’équipement varie beaucoup d’un modèle à l’autre, tout comme la facture, allant grosso modo de 36 000 $ à 63 000 $.
Comme c’est le cas chez la concurrence, peu d’acheteurs choisissent la version de base, en l’occurrence le modèle LS, qui donne plutôt l’impression d’un véhicule de location. En majorité, on cible plutôt la version LT, décemment équipée, ou encore la version RS profitant d’un habillage sport incluant des jantes noires de 20 pouces.
Au prix de la version RS, l’édition True North semble toutefois en offrir davantage. Pensez notamment à la caméra de rétrovision sur 360 degrés, au toit panoramique et au très pratique rétroviseur-caméra.
Confortable et pratique
Confortable et ergonomique, le poste de conduite est pratique et accueillant. Vous dire que la présentation regorge d’originalité serait mentir, puisqu’il est clair que l’ambiance pourrait y être plus agréable. Néanmoins, la facilité d’utilisation des commandes ainsi que les innombrables compartiments de rangement, incluant celui situé derrière l’écran central, viennent faciliter le quotidien du conducteur.
Sur le plan technique, le Traverse partage ses éléments mécaniques et structuraux avec le Buick Enclave et le Cadillac XT6. Le GMC Acadia fait aussi partie de la famille, faisant toutefois appel à une plate-forme raccourcie également utilisée pour la conception du Chevrolet Blazer. Bref, beaucoup de variations sur un même thème, permettant à GM de réduire les coûts de production.
Profitant d’une structure baptisée C1XX, cette fois plus convaincante que la défunte plate-forme Lambda du modèle de précédente génération, Chevrolet n’adopte désormais qu’une seule motorisation avec le Traverse. Un V6 de 3,6 litres multisoupapes, doté d’un système Arrêt-démarrage, que General Motors exploite à outrance.
Fort de ses 310 chevaux, ce moteur est aujourd’hui éprouvé et impressionne autant par sa souplesse que par sa puissance. Celui-ci fait équipe avec une boîte automatique à neuf rapports dont le rendement se montre parfois hésitant, et qui cherche toujours à économiser du carburant. Soyez cependant rassuré, le rendement de cette dernière demeure efficace, nettement plus que la précédente automatique à six rapports, que GM exploitait jusqu’à tout récemment à bord du GMC Acadia.
La consommation de carburant se voit donc elle aussi grandement améliorée, mais demeure un tantinet plus élevée que la moyenne. Est-ce que les dimensions et la masse de plus de 2 000 kilos du Traverse y seraient pour quelque chose? Vous pouvez en être certain.
Quelques minutes au volant du Traverse viennent confirmer deux choses. D’abord, un gage de qualité qui n’avait précédemment pas lieu d’être, mais aussi un sentiment de sécurité doublé d’une facilité de conduite insoupçonnée. Il faut dire que le Traverse est long, voire intimidant, ce qui pourrait freiner l’intérêt de plusieurs personnes.
Mais en ce sens, il n’y a aucune crainte à avoir. Le diamètre de braquage est court, la maniabilité est étonnante et l’ensemble des outils d’assistance à la conduite viennent faciliter les manœuvres de stationnement. Maintenant, il est vrai que la partie arrière plutôt longue se fait sentir, donnant parfois l’impression de conduire une fourgonnette.
Cela n’a rien de négatif, puisque le confort demeure toujours exceptionnel. Il est évident que la conduite du Traverse n’est aucunement sportive, et ce, même si la version RS plus dynamiquement vêtue tente de nous convaincre du contraire.
Traction intégrale à revoir
Le point le plus décevant? Assurément son rouage intégral, qui oblige le conducteur à activer manuellement les quatre roues motrices, via une molette placée sur la console. GM stipule que cette technologie permet d’économiser à la pompe, alors que le conducteur passera le plus clair de son temps en mode deux roues motrices, mais cette excuse est plutôt mince.
Pourquoi? Parce que la plupart des compétiteurs proposent un système réactif qui agit automatiquement et de façon électronique, ne demandant aucune action de la part du conducteur. En outre, le fait de rouler en mode deux roues motrices engendre un effet de couple parfois prononcé en accélération, qui serait bien sûr évité si les quatre roues motrices se mettaient automatiquement en fonction.
Mais le comble, c’est que Chevrolet vous oblige à opter pour la version High Country de 63 000 $, si vous souhaitez profiter d’un rouage intégral plus performant, ce qui inclut une distribution du couple de façon latérale avec différentiel arrière verrouillable et double embrayage. Pourquoi ne pas l’offrir de série? Après tout, ce dernier aurait permis à GM de mieux rivaliser avec Honda, Subaru et Volkswagen.
Alors oui, Chevrolet déçoit au chapitre du rouage intégral. Un système que le conducteur n’activera pas intuitivement chaque fois que le besoin d’une meilleure traction se fera sentir.
Finalement, il y a le prix. Plutôt salé, puisque Chevrolet vous propose d’ajouter des suppléments qui font grimper la facture vers des sommets presque choquants. Comprenez également qu’en ajoutant plus d’options, l’impact sur la dépréciation ne fait qu’augmenter. Un impact qui sera toujours plus fort que si vous optez pour certains rivaux, qui se revendent mieux et à prix plus élevés, mais pour lesquels vous ne débourserez pas un sou de plus à l’achat.
Conclusion, la concurrence très forte impacte clairement sur le succès du Traverse, qui est loin d’être un mauvais candidat, mais qui n’a certainement pas la faveur du public québécois au même titre que les nouveaux Ford Explorer, Kia Telluride et Toyota Highlander.
Même le Volkswagen Atlas, auquel on peut reprocher plusieurs vices, connaît deux fois plus de succès que le Traverse. Un véhicule qu’il faut surtout considérer pour l’espace et le confort, avec pour conséquence un rouage intégral simpliste et une plus forte dépréciation.