Alfa Romeo Giulia 2020 : bellissima!
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Pour les besoins de cet essai, j’ai dû recourir au service d’un concessionnaire qui a bien voulu me prêter une automobile, afin que la Giulia obtienne un brin de visibilité. Pour votre gouverne, ce sont normalement les constructeurs eux-mêmes qui prêtent les voitures aux journalistes, dans le but de mettre leur modèle en lumière.
Or, il semble que FCA ne désire aucunement promouvoir sa berline Giulia qui, après son arrivée en 2017, n’a semblé faire que de la figuration dans le segment des berlines sport. Et pourtant, cette voiture mérite un bien meilleur sort…
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Il est facile de comprendre pourquoi FCA déploie davantage d’efforts sur les marques Jeep et Ram, qui sont ses vaches à lait. Or, est-ce que les marques italiennes faisant partie du giron de FCA méritent à ce point d’être boudées?
Parce que même Maserati et Fiat sont aussi reléguées aux oubliettes. Une situation particulièrement fâcheuse pour les concessionnaires qui ont déboursé des sommes colossales afin d’aménager des salles d’exposition propres à ces marques.
Vous en conviendrez, certains des modèles offerts notamment par Fiat sont tout sauf compétitifs et qui plus est, trop chers. On se demande d’ailleurs ce qui peut inciter un acheteur à payer près de 40 000 $ pour un Fiat 500X, alors qu’une Mini Countryman nettement plus convaincante est vendue parfois moins cher.
Cela dit, la berline Giulia et l’utilitaire Stelvio sont tous les deux des produits sérieux, qui ne méritent pas le sort qu’ils subissent actuellement. Et pour cause, à peine 242 Giulia et 458 Stelvio ont été vendus l’an dernier au pays, les deux modèles ayant subi des baisses de vente de l’ordre de 50%.
Giulia : un look d’enfer
Il n’existe à mon sens pas plus élégant que cette berline, du moins dans le segment des autos sport de luxe. Une ligne racée, authentiquement italienne, et qui se distingue facilement de celle de ses rivales. On aime également l’approche stylistique bien distincte entre les modèles classiques, comme cette TI Lusso AWD mise à l’essai, ou encore le modèle Sport avec son devant plus agressif, son diffuseur arrière, ses jantes de 19 pouces et ses contours de fenêtre noirs.
À bord, l’acheteur peut cependant être refroidi par un environnement qui n’est clairement pas aussi moderne que ce que l’on retrouve chez Audi ou BMW. Certes, des cuirs émane une odeur unique, mais l’expérience sensorielle ne transmet certainement pas l’impression de qualité d’une bagnole allemande.
En revanche, ce même acheteur ne pourra qu’apprécier la position de conduite, la simplicité ergonomique et l’excellente prise en main du volant. Voilà donc une voiture vraiment pensée pour le conducteur et pour le plaisir au volant.
Fait intéressant, Alfa Romeo apporte quelques modifications à son modèle 2020. D’abord, l’ajout des désormais essentielles applications Apple CarPlay et Android Auto, ainsi qu’une nouvelle console centrale de plus belle facture, et qui intègre un nouveau levier de vitesses, emprunté notamment à certains modèles Maserati.
Les plus connaisseurs auront d’ailleurs remarqué en observant les images qui accompagnent cet article, que le modèle mis à l’essai n’est pas millésimé 2020, comme en témoigne cette console d’ancienne génération.
Avantage à la version Sport
Plus de 80% des rares acheteurs canadiens se tournent vers la version Sport. Pour l’approche esthétique plus charmante, mais aussi parce que cette dernière implique une assise avant offrant plus de support. Un siège dont la longueur de l’assise est également réglable, contrairement aux modèles de base et Lusso. Ajoutons que le cuir plutôt glissant des sièges de la version Lusso ne permet pas d’optimiser le plaisir que procure cette berline sur la route.
La Giulia est livrée de série avec une boîte ZF automatique à huit rapports, très efficace. Contrairement à la plupart de ses rivales, on propose ici le choix d’un modèle propulsé ou à quatre roues motrices. Inutile de vous dire qu’au Canada, les modèles à roues motrices arrière se font plutôt rares, exception faite bien sûr de l’exotique version Quadrifoglio qui, avec ses 505 chevaux et sa facture deux fois plus élevée qu’une version de base, mérite un article à elle seule.
Le moteur de série de la Giulia, qui se retrouve aussi sous le capot du Stelvio et de certaines versions des Jeep Cherokee et Wrangler, est un quatre cylindres turbocompressé de 2 litres produisant 280 chevaux. Une mécanique très bien adaptée à la Giulia, mais peut-être un peu moins chez Jeep, où l’effet de grognement n’avait rien de raffiné.
Cela dit, Alfa Romeo surpasse ici la concurrence avec une motorisation offrant de 30 à 40 chevaux de plus que ses plus proches rivales. Voilà un sérieux avantage, considérant son poids réduit d’environ 80 kilos par rapport à une Audi A4 ou une Mercedes-Benz Classe C. Ainsi, la voiture effectue le 0-100 km/h plus rapidement que les concurrentes, avec un sprint bouclé en 6 secondes tout juste.
Il faut cependant mentionner que le réel plaisir de la Giulia se situe surtout dans la conduite. Un comportement qui implique le conducteur émotionnellement dans la conduite tant sportive que quotidienne, ce qui constitue une expérience sensorielle unique. Puis, bien qu’un certain creux se fasse parfois sentir dans la plage de puissance, il est toujours agréable d’exploiter la nervosité de cette mécanique.
Dieu merci, on fait fi de cette désagréable sensation de gestion de puissance par l’électronique comme du côté des voitures allemandes, particulièrement chez Audi, où le délai à l’accélération est un réel irritant.
Direction précise, châssis rigide, suspensions bien calibrées et sensations de conduite de voiture poids plume contribuent ainsi au plaisir de conduire. De plus, la présence de série du système DNA, vous permettet de choisir entre trois modes de conduite, selon l’humeur du moment.
Sachez toutefois que la Giulia ne se distingue pas comme une Volvo S60 en matière de confort. Les sièges ne sont ici pas aussi moelleux que chez cette rivale suédoise, et il est clair que le niveau sonore est ici plus élevé que chez Lexus. Un irritant? Non. Et de toute manière, l’acheteur de cette berline n’est certainement pas en quête d’un coussin nuageux…
Quelques mots sur la GTA
Inspirée par la voiture du même nom qui - en 1965 - remportait plusieurs titres dans le monde du sport automobile, la nouvelle Giulia GTA 2020 (Gran Turismo Alleggerita) constitue également un hommage aux 110 ans de la marque. Une Giulia poussée à l’extrême, allégée à 1 520 kg, pour une puissance de 540 chevaux. Cette berline au look tapageur boucle d’ailleurs le 0-100 km/h en 3,6 secondes.
Au menu, une utilisation plus intense de la fibre de carbone, des jantes de 20 pouces, des voies élargies de 50 mm et une suspension complètement repensée, digne d’une voiture de course. D’ailleurs, quelques unités baptisées GTAm auront aussi droit à la suppression de la banquette arrière, à deux baquets de course avec ceintures à six points d’ancrage et à une cage de protection.
Seulement 500 unités seront ainsi produites à travers le monde, pour un prix qui n’a hélas toujours pas été dévoilé.
Parlons finances
Au moment d’écrire ces lignes, Alfa Romeo Canada tente de liquider plusieurs modèles 2019 restants. Des rabais octroyés de 7 500 $, mais à des taux de financement loin d’être avantageux... Par contre, ces rabais chutent à 2 500 $ si vous optez pour la location, dont le taux est abaissé à 0,99% pour 48 mois.
Néanmoins, la valeur résiduelle très basse vous obligera tout de même à débourser autour de 900 $ par mois pour le modèle mis à l’essai, tout dépendamment des options que vous choisirez. Et si vous craquez pour un modèle 2020, ce montant sera majoré d’environ 110 $ par mois. Ouf…
Alors non, Alfa Romeo n’est pas compétitif en location. Un point majeur qui explique l’insuccès du modèle, considérant qu’une très grande majorité des acheteurs choisissent la location dans ce segment de marché. Il est vrai que les prix ne sont pas particulièrement attrayants non plus, bien que celui des options soit raisonnable.
Or, on peut aussi expliquer la chose par le faible réseau de concessionnaires, qui n’est évidemment pas aussi bien établi que celui d’Audi ou de BMW. Et puis non, la voiture n’est pas parfaite. Loin de là. Mais ce sont justement ces imperfections qui font partie de son charme. Un charme à l’italienne qui ne se retrouve certainement pas chez les rivales allemandes et japonaises.
Quant à ceux qui chantent haut et fort que la fiabilité hasardeuse de cette italienne engendre un blocage psychologique, j’affirmerais ceci. Il est vrai que le bilan de la Giulia n’est pas sans tache, des problèmes de freins et d’ordre électronique m’ayant notamment été rapportés par quelques propriétaires.
Or, est-ce que la fiabilité des Audi, BMW, Cadillac, Jaguar, Mercedes-Benz et Volvo peut réellement être mise en avant-plan? Alors oui, donnons l’avantage à Lexus, à Acura, mais en vous procurant n’importe quelle voiture du genre, vous vous exposez à des caprices et à des frais d’entretien considérable, surtout hors garantie.