Sur la route du COVID-19
Et puis quoi encore? N’y avait-il pas d’autres sujets qui auraient pu cette semaine faire l’objet d’une chronique automobile? Certainement. Mais je vous avoue que même si mon envie de parler du COVID-19 est aussi grande que celle d’aller me faire faire un traitement de canal, je n’ai d’autre choix que de l’aborder.
Parce que l’impact de ce virus sur l’industrie automobile est à ce point important qu’il pourrait affecter la survie de plusieurs entreprises. Et je ne parle pas que de petits commerces ou de vendeurs de voitures, mais aussi d’usines, qui en cessant leurs activités, pourraient par exemple affecter chaque producteur de pièces.
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Tout récemment, nous apprenions la fermeture temporaire de nombreux concessionnaires automobiles, particulièrement de groupes tel Albi le Géant, pour qui l’impact est gigantesque. Plusieurs dizaines d’usines à travers l’Amérique du Nord, lesquelles produisent des véhicules qui seraient vendus chez nous dans les prochains mois, ont aussi cessé leurs activités.
Cela signifie-t-il donc que l’industrie automobile connaîtra en 2020 une chute historique, elle qui subit une baisse légère depuis déjà quelques années? Est-ce que cela signifie que la valeur des véhicules d’occasion grimpera en flèche? Et est-ce que la surconsommation reliée à l’automobile dans le marché actuel sera verra affectée?
Je ne fais que penser à ces concessionnaires québécois qui ont, depuis des années, développé un modèle d’affaire visant à vendre une camionnette chaque six mois à un même individu, reprenant le modèle « usagé » pour ensuite le vendre aux États-Unis. Inutile de vous dire que toutes ces camionnettes rempliront les stationnements pour une période considérable, surtout en sachant que la plupart des encans automobiles tant canadiens qu’américains ont aussi fermé leur porte.
Alors oui, comme pour tout autre domaine, le COVID-19 aura un impact tel sur l’automobile qu’il encore impossible de le mesurer. Maintenant, si depuis quelques années, toute l’industrie est mise en place dans le seul objectif de « mettre toujours plus de tôle dans le chemin », vous pouvez être certain que cette vision changera et drastiquement.
Personnellement, je suis d'avis qu’il sera désormais plus difficile d’obtenir un financement pour une automobile. Qu’on resserrera sévèrement les règles du surfinancement, donc qu’il sera plus difficile d’ajouter la dette d’un précédent véhicule au financement d’un nouveau. L’immatriculation? Les assurances? Ça aussi, ça pourrait grimper. Bref, on y goûtera.
Conséquemment, il est donc évident pour moi que les gens calmeront leurs ardeurs et qu’avant de s’offrir la grosse Mercedes, on y pensera à deux fois. Plusieurs penseront à un modèle d’occasion (bien désinfecté!), alors que d’autres choisiront peut-être une compacte plutôt qu’un VUS de luxe.
Alors oui, la popularité grandissante des VUS intermédiaires et des camionnettes pleine grandeur verra sa courbe d’ascension changer drastiquement de direction, pendant que les plus petites voitures et les VUS compacts verront leur popularité gagner du terrain.
Comprenez aussi que si le prix de l’essence soulage ces jours-ci le portefeuille de bien des automobilistes, il ne restera pas ainsi. Le litre de carburant pourrait lui aussi voir son prix fluctuer en montagne russe, ce qui pourrait alors réveiller les gens qui ne souhaiteront plus prendre de risques à ce chapitre.
J’oserais donc croire à la lumière de ces observations qui, entendons-nous, ne sont aucunement scientifiques et uniquement basées sur une impression, que les constructeurs qui ont choisi de ne prioriser que les camions et VUS souffriront très sérieusement. Chevrolet pourrait donc regretter l’abandon de la Cruze et de la Volt, alors que Ford pensera peut-être à réoffrir les autrefois populaires Focus et Fiesta, aujourd’hui vendues en Europe.
Mais surtout, attendez-vous à ce que les voitures d’occasion conservent comme jamais une bonne valeur marchande, ce qui justifiera alors plus facilement les dépenses reliées à l’entretien. De ce fait, est-ce que les garagistes, carrossiers, vendeurs de pièces et autres pourraient être les premiers à se sortir la tête hors de l’eau, en relation à cette crise sans précédent? Qui sait.
Chose certaine, l’industrie automobile telle que nous l’avons connue au cours des dernières années est sur le point de faire un virage à 180 degrés.