Les menteurs de l'automobile
Comme c’est le cas dans tous les domaines, chacun défend son point. Parce que le monde ne serait pas ce qu’il est s’il n’y avait pas place à l’argumentation. Toutefois, depuis que je suis en âge de conduire, je croise des gens qui, lorsqu’ils parlent de leur voiture, en « beurrent épais ». Des gens qui se valorisent, se vantent, à travers les qualités du bolide qu’ils conduisent.
Je me remémore encore la fois où j’avais 17 ans. Je suis installé dans une cantine à savourer mon hot-dog lorsque débarque un gaillard au volant de sa Nissan Sentra 1994. Ce jour-là, je conduisais la voiture de ma mère… identique à la sienne! Le type remarque la Sentra, me demande s’il s’agit de la mienne, et se lance ensuite dans une envolée lyrique qui se conclue par une mention stipulant que cette voiture, et je cite, « pogne facile 220, 230 si tu l’étires! ».
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L’amateur de voiture que je suis, et qui n’idolâtre certainement pas la petite Nissan de sa mère, forte de ses 110 chevaux, se met à rire dans une barbe qui n’a même pas encore lieu d’être. Parce qu’en toute franchise, j’avais au préalable poussé la voiture de ma mère pour voir ce qu’elle avait dans le ventre (et parce que j’étais un jeune irresponsable de 17 ans), ce qui m’a permis de constater que cette Nissan avait donné tout ce qu’elle avait à 175 km/h.
Qu’est-ce que ce type voulait prouver en me disant une pareille idiotie? Et surtout, pourquoi sentait-il le besoin d’affirmer tout ça à un jeune blanc-bec de 17 ans? Chose certaine, ce type n’allait pas être le dernier à m’apostropher en gonflant démesurément la vérité sur les capacités de son bolide.
Évidemment, un « gars de Volks » se moquera toujours d’une voiture japonaise. Un amateur de camion Ford regardera de haut celui qui conduit un Ram ou un Chevrolet. J’ai même déjà croisé un type (un Anglais d’origine), qui m’a juré dur comme fer qu’un Range Rover des années 2000 était le VUS le plus fiable et le plus durable que l’on puisse se procurer. Bref, je les ai toutes entendues!
Évidemment, parce que je suis aujourd’hui identifié à l’automobile, les gens m’interpellent encore plus qu’avant. Et bien sûr, lorsqu’arrive la période des salons automobiles, ma présence sur place me fait discuter avec de dizaines de personnes chaque jour sur différents sujets.
Depuis quelque temps, je constate que les histoires les plus hallucinantes que je puisse entendre proviennent généralement des gens qui possèdent ou qui prônent la voiture électrique. Alors non, je ne mettrai pas tout le monde dans le même panier. Mais à quoi bon me dire que l’autonomie de votre Tesla Model 3 ne baisse pratiquement pas durant l’hiver?
Et comment, en m’insultant au passage, arrivez-vous à conclure que votre Hyundai Kona de 54 000 $ + taxes - 13 000 $ de crédit (donc environ 49 000 $), peut vous faire économiser 6 000 $ par année par rapport à un modèle à essence de 26 000 $, précisant aussi que vous roulez 12 000 km par an? Soyez-en certain, j’ai bien tenté de prouver le contraire à ce type, mais tout en me traitant de cave et de vendu, il ne voulait rien entendre...
Pas plus tard que cette semaine, alors que je faisais l’essai de la Chevrolet Bolt 2020, je mettais en ligne sur ma page Facebook un petit vidéo expliquant que l’autonomie en hiver oscille entre 260 et 280 km, alors que Chevrolet annonce 417 kilomètres en de parfaites conditions. Un résultat honnête comparativement à des voitures comme la Nissan Leaf, qui perdent près de 50% de leur autonomie par grand froid.
Après avoir vu ce vidéo, un membre de ce que j’appelle la « secte des voitures électriques » ne s’est pas gêné pas pour me traiter d’imbécile, prétendant rouler tout près de 400 kilomètres, même en hiver. Et vous savez quoi? À la lecture de cet article, je recevrai sans doute d’autres messages de bêtise de la part d’ardents défenseurs, qui ne veulent surtout pas que l’on écorche le monde des voitures à batterie!
Pourquoi autant de mensonges? Pourquoi se donner l’illusion d’une voiture sans défaut, et qui performe encore mieux que ce que mentionne le constructeur lui-même? Pour justifier le fait d’avoir déboursé 45 000 $ ou 50 000 $ pour une voiture dont le format se compare à celui d’une Honda Fit? Allez donc savoir…
Bien sûr, dans leurs publicités, les stratèges marketing des constructeurs automobiles ont toujours pour mandat de mettre une voiture sous son plus beau jour. D’embellir la vérité, ce qui est totalement logique. J’entends encore ce représentant de GM me souligner que le volume de chargement de la nouvelle Corvette est à peu près similaire à celui de l’ancien modèle.
Et moi, de comprendre qu’en combinant le volume des coffres avant et arrière (puisque la voiture voit désormais son moteur placé en position centrale), on obtient un volume équivalent. Sauf qu’en pratique, on ne peut plus transporter de gros objets, alors qu’avec l’ancien modèle, on pouvait presque parler d’une voiture pratique.
Puis, en analysant les chiffres, je constate aujourd’hui que le volume de chargement, en combinant ces deux espaces, a tout de même baissé de 16%. Alors oui, ce représentant avait embelli la vérité. Sauf que dans ce cas, c’est son rôle.
Je terminerai avec une anecdote. Une connaissance, qui a acheté une Tesla Model S 85 d’occasion il y a trois ans, n’a fait que me vanter les mérites de sa voiture, depuis le jour un de son acquisition. Une merveille, disait-il, à tous les niveaux. Et récemment, après l’avoir vendue pour passer à un Volkswagen Atlas, il m’avouait avoir vécu trois ans de cauchemar.
Problème après problème, avec des factures qui dépassent l’imagination. Pendant trois ans, il s’est donc menti à lui-même et bien sûr, à tous ceux qui lui parlaient de sa voiture, avant d’admettre que son histoire d’amour lui avait coûté les rénovations de son chalet, un voyage dans le Sud et une paire de billets de saison du Canadien.
Remarquez, sur ce dernier point, il n’a pas perdu grand-chose…