Cotes de sécurité des véhicules : on vous explique tout!
Vous regardez une publicité pour votre prochain véhicule et celui-ci présente une cote de sécurité de 5 étoiles. Fantastique! Euh… mais qu’est-ce que cela veut dire? Et surtout, est-ce vraiment pertinent?
La sécurité fait vendre!
Il fut un temps où le simple fait de mentionner une ceinture de sécurité faisait peur à la clientèle. Époque heureusement révolue. Les acheteurs d’aujourd’hui sont mieux informés et s’intéressent grandement à la sécurité de leur auto.
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Bonne nouvelle, tous les véhicules vendus sur le marché doivent passer un minimum de standards de sécurité (résistance au choc, équipements de sécurité comme les coussins gonflables, l’ABS ou le contrôle de stabilité) et il n’existe plus vraiment de voiture neuve dangereuse (voyez le tests de collision plus bas, cela fait froid dans le dos!).
Ce sont deux organismes qui sont responsables de réaliser des tests de collision et de donner des cotes de sécurité. L’un dépend du gouvernement américain (la National Highway Traffic Safety Administration ou NHTSA), l’autre est géré par une association d’assureurs (l’Insurance Institute for Highway Safety ou IIHS). Et chacun utilise ses propres protocoles, méthodes d’évaluation et système de cotation. Nous allons maintenant démêler tout ça.
NHTSA
La NHTSA réalise 4 tests de base :
-frontal : barrière fixe avec impact à 35 mph (56 km/h) pour deux passagers avec ceintures; simule le crash frontal de deux véhicules de même poids.
-latéral : véhicule arrêté frappé de côté par une masse de 3015 livres roulant à 38,5 mph (64 km/h) avec deux passagers côté conducteur, à l’avant et à l’arrière; simule un accident à une intersection.
-poteau : véhicule jeté en angle contre un poteau de 25 centimètres de diamètre à 20 mph (32 km/h), simule une glissade contre un poteau de téléphone.
-retournement : test statique basé sur les dimensions du véhicule.
Dans le cas des 3 premiers tests, le système d’étoiles indique la probabilité (P) d’une blessure sérieuse de la façon suivante :
1 étoile : 40% ≤ P
2 étoiles : 20% ≤ P < 40%
3 étoiles : 15% ≤ P < 20%
4 étoiles : 10% ≤ P < 15%
5 étoiles : P < 10%
Le test de retournement indique la probabilité (P) d’un retournement de la façon suivante :
1 étoile : 40% ≤ P
2 étoiles : 30% ≤ P < 40%
3 étoiles : 20% ≤ P < 30%
4 étoiles : 10% ≤ P < 20%
5 étoiles : P < 10%
La cote générale du véhicule est une moyenne pondérée des 4 tests.
IIHS
L’IIHS réalise 5 tests de base :
-frontal avec chevauchement moyen : barrière fixe avec impact à 40 mph (64 km/h) sur 40% de la largeur du véhicule pour conducteur avec ceinture; simule le crash frontal décalé de deux véhicules de même poids.
-frontal avec chevauchement réduit : barrière fixe avec impact à 40 mph (64 km/h) sur 25% de la largeur du véhicule pour conducteur ou passager avec ceinture; le test est effectué deux fois : une fois du côté conducteur, une fois du côté passager. Il s'agit du test le plus difficile à passer pour un véhicule.
-latéral : véhicule arrêté frappé de côté par une masse de 3 300 livres roulant à 31 mph (50 km/h) avec deux passagers côté conducteur, un adulte à l’avant et un enfant à l’arrière; simule un accident à une intersection.
-résistance du toit : une épaisse plaque est enfoncée en angle à vitesse constante dans le toit; le véhicule doit pouvoir résister au moins à 4 fois son poids.
-sièges et appuie-têtes : un mannequin est installé sur le fauteuil sur lequel est simulé un crash arrière; les forces sur le crâne sont mesurées.
Pour chacun de ces tests, l’IIHS attribue une cote Good (en vert), Acceptable (en jaune), Marginal (en orange) et Poor (en rouge). L’institut teste aussi les phares et les supports de siège pour enfants et utilise la même méthode de cotation. Enfin, il teste les systèmes d’évitement de collision de véhicule à véhicule et de véhicule à piéton. La cotation est Basic (de base), Advanced (avancée) et Superior (supérieure). Elle n’attribue pas de cote moyenne pour chaque véhicule, mais donne des prix « Top Safety Pick » et « Top Safety Pick + » pour les véhicules qui réussissent le mieux dans l’ensemble des tests.
Des essais qui ont de l’impact
Tous les véhicules ne sont pas testés, car ces essais sont lourds à préparer, à réaliser (3 véhicules sont détruits par la NHTSA pour un modèle testé, 5 par l’IIHS) et très coûteux (les organismes achètent eux-mêmes les autos à démolir). Dans le cas de plates-formes communes (par exemple le Ford Explorer et le Lincoln Aviator), les cotes peuvent être attribuées par analogie.
Le facteur poids est extrêmement important. Les comparaisons de résultats de crash tests frontaux ne sont valides que pour des véhicules de poids similaire (une Honda Accord et une Hyundai Sonata par exemple). Dans le cas d’un choc entre une sous-compacte et un pick-up pleine grandeur, ce sont encore les passagers du camion qui risquent de s’en sortir le mieux. En ce qui concerne les essais latéraux, on peut comparer tous les véhicules entre eux puisqu’ils sont soumis exactement au même impact.
Enfin, il est important de vérifier le millésime exact du modèle que vous souhaitez acheter, car des changements arrivent régulièrement en cours d’année et des véhicules qu'on pense identiques peuvent obtenir des cotes différentes d’une année à l’autre. En effet, de mauvais résultats à des tests de collision de la NHTSA ou de l’IIHS obligent souvent les constructeurs à modifier la structure des autos concernées.
Mais les manufacturiers restent généralement plus réactifs que proactifs. Par exemple, lorsque l’IIHS a instauré le test frontal à 25% en 2012 (un test qui est très exigeant sur le châssis), elle a remarqué des progrès au fil des années, mais les données sur le terrain indiquaient des problèmes du côté passager. L’institut s’est aperçu que certains constructeurs renforçaient les véhicules (renforts de caisse, tôles plus épaisses…) uniquement du côté conducteur. C’est pourquoi elle a imposé des tests à 25% des deux côtés en 2017. Choquant, non?
IIHS ou NHTSA?
Lequel devez-vous vérifier? Idéalement les deux. Mais des voix s’élèvent, notamment Consumer Report en 2019, pour dire que les tests de la NHTSA commencent à être dépassés. Pratiquement tous les véhicules ont 4 ou 5 étoiles, ce qui ne veut plus dire grand-chose. L’administration promet des changements depuis des années, mais n'a été profondémment modifié pour l'instant.
De son côté, l’IIHS revoit régulièrement ses critères d’accès aux prix « Top Safety Pick » (ils viennent d’être durcis pour 2020) et réalise de plus nombreux tests. Sur le site internet de la SAAQ, on peut lire : « La référence est l'Insurance Institute for Highway Safety (IIHS). Les données recueillies peuvent être utilisées au Canada, puisque nos véhicules sont très semblables ».
Les cotes sont présentées (en anglais seulement) sur les sites des organismes :
NHTSA : www.nhtsa.gov
IIHS : www.iihs.org
Pour finir, un rappel crucial. Si les capacités de protection d’une auto sont importantes, le comportement du conducteur l’est encore bien plus. En 2015, une étude de la NHTSA a montré que 94% des accidents étaient imputables au conducteur. Et les erreurs d’inattention et de distraction sont largement en tête des causes, suivies d’erreurs de jugement. À bon entendeur…