Lexus ES350 2020 : contre vents et marées
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Inutile de le rappeler, les berlines intermédiaires perdent chaque jour des adeptes qui préfèrent se tourner vers l’incontournable VUS. Et il en va de même pour les berlines pleine grandeur, qu’il s’agisse ou non d’une voiture de luxe. Notre sujet d’aujourd’hui, la Lexus ES, chevauche les catégories, rivalisant autant avec l’Acura TLX qu’avec la Chrysler 300 et la Lincoln MKZ. Mais cela ne lui donne hélas pas plus de chances de succès.
Quoi qu’il en soit, la Lexus ES tire bien son épingle du jeu. En fait, ses ventes canadiennes demeurent relativement stables, même chose du côté des États-Unis. Néanmoins, rares sont les Québécois qui l’adoptent, comme en témoigne une part de marché de seulement 10% à l’échelle canadienne.
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L’insuccès de cette voiture chez nous s’explique par le désintérêt des Québécois envers les berlines de ce genre, encore plus lorsqu’elles sont dépourvues du rouage intégral. Voilà d’ailleurs un obstacle qui ne semble pas gêner la population américaine, elle qui se procurait en 2019 pas moins de 51 000 unités de la Lexus ES. Au Canada, 2 154 unités étaient vendues pour la même période, dont seulement 236 dans la Belle Province.
Nécessaire, le rouage intégral?
Inutile de vous dire qu’après avoir goûté à la traction intégrale, il est difficile de s’en passer. C’est pourquoi la clientèle de Subaru est à ce point grandissante et très fidèle. Maintenant, une semaine passée au volant de cette Lexus en plein hiver m’a permis de constater que le mariage de bons pneus et d’un système antipatinage particulièrement bien calibré permet de circuler sans réelle contrainte.
Vous ne décollerez bien sûr pas au feu vert comme le ferait un Grand Cherokee SRT, mais la clientèle type de cette berline n’en a évidemment rien à faire. J’ajouterais également que malgré une puissance de 302 chevaux, cette Lexus n’affiche qu’un très faible effet de couple en accélération, même sur une surface glissante. Voilà un autre signe qui témoigne de son raffinement et de son équilibre.
Les gens de chez Lexus sont conscients qu’un rouage intégral sur ce modèle pourrait être un atout. Et il est clair qu’avec l’ajout de cette caractéristique sur l’Avalon et la Camry 2021, Lexus pourrait aussi être en mesure de l’offrir sur sa berline ES. Rappelons que les Avalon et Camry partagent leurs éléments mécaniques et structuraux avec notre sujet, mais que seules les versions non hybrides avec moteur à quatre cylindres auront le rouage intégral.
Lexus se montre avare de commentaires, mentionnant qu’une majorité de ses produits le proposent. Alors oui, l’option du rouage intégral pourrait techniquement être envisagée sur la ES. Or, considérant le faible volume de ventes, serait-il financièrement viable pour Lexus de l’offrir?
Le V6 à l’avant-plan
Bien que la berline ES soit offerte comme la Camry avec une motorisation hybride, dans sa livrée ES300h, la clientèle favorise en grande majorité l’option du moteur V6. Un choix traditionnel, généralement effectué par une clientèle relativement âgée, qui apprécie encore la souplesse et la douceur de ce genre de mécanique et qu'aucun quatre cylindres turbocompressé ne peut revendiquer.
Ainsi, même si moins de 5% des acheteurs de Camry choisissent le V6, ceux qui optent pour la ES l’adoptent à plus de 70%. Il faut dire qu’en plus de faire preuve d’une douceur et d’une puissance remarquables, ce moteur impressionne aussi par son rendement énergétique qui, sur route, oscille autour de 7 L/100 km. Prévoyez cependant environ 9 L/100 km en combinant conduite urbaine et autoroute.
L’expérience que procure la Lexus ES est unique. Feutrée jusque dans les moindres détails, et ce, même si vous optez pour la version F-Sport, laquelle chausse des pneus de 19 pouces, dont l’impact sur nos chaussées dégradées est amenuisé par une suspension adaptative. Sans être ouaté, le comportement de cette berline vous procure une étonnante impression de contrôle, vous isolant également du monde extérieur.
Un sentiment à la fois très agréable et rassurant, puisque l’on ne cherche pas à constamment corriger sa trajectoire comme avec certaines autres berlines traditionnelles.
Le seul fait de fermer la portière de cette berline donne l’impression d’un environnement scellé sous vide! L’insonorisation est exceptionnelle, et digne d’une berline vendue à trois fois le prix. Reposant sur un siège au confort royal, le conducteur vit à bord une expérience sensorielle très positive. Les matériaux sont riches, méticuleusement assemblés, et la présentation contemporaine plaît toujours à l’œil.
Dans le cas qui nous concerne, notre version ES350 F Sport proposait une sellerie en cuir rouge reflétant un certain élan de jeunesse. Sièges sport, surpiqûres rouges et appliques métalliques se mettaient aussi de la partie pour dynamiser l’environnement, loin d’être banal.
Bien que la présentation graphique du poste de conduite soit sans reproche, on ne peut en dire autant de l’ergonomie entourant l’écran multimédia. Un menu complexe, déroutant, et contrôlé via un pavé tactile dont l’imprécision se voit amplifiée à mesure que la voiture gagne de la vitesse. Un système à revoir complètement, assurément l’un des pires de l’industrie. Mais bon, Lexus a eu la décence d’ajouter Apple CarPlay à l’équation en 2020…
L’avantage Lexus
Face à la Lincoln MKZ, sa plus proche rivale, la Lexus remporte clairement la manche. Car même si Lincoln offre aussi l’option d’une version hybride et l’avantage du rouage intégral, une tiède odeur de fin de carrière émane avec la MKZ. On lui attribue d’ailleurs plusieurs rides, elle qui n’a pas été rafraîchie depuis maintenant sept ans.
Mais par-dessus tout, impossible de comparer la qualité de ces deux voitures, Lexus remportant chaque année des prix de fiabilité et de coût de possession à long terme. Car il faut aussi mentionner qu’en dépit d’un segment à la dérive, la Lexus ES est la seule voiture de sa catégorie à conserver une enviable valeur de revente.
Ajoutez à cela un service après-vente supérieur à la moyenne, des coûts d’entretien en deçà de la compétition, et vous avez là l’explication du succès de cette berline à l’échelle nord-américaine.
Ainsi, si vous êtes en mesure de passer outre cette grille de calandre, capable de donner le haut-le-cœur à un non-voyant, et que le rouage intégral n’est pas une priorité, voilà une berline de grande qualité qui pourra vous accompagner fidèlement, de longues années durant.