40 000$... et toujours plus
Cette semaine, on apprenait que le prix moyen d’une automobile neuve vendue au Canada dépassait le seuil psychologique des 40 000 $, pour s’établir à 40 490 $. Un constat que je qualifierais d’alarmant considérant le taux d’endettement de plus en plus élevé des ménages, qui n’ont souvent pas conscience du prix du véhicule qu’ils se procurent.
Vous serez d’accord avec moi, la plupart des gens sont parfaitement conscients du fait que chaque mois ou chaque deux semaines, un montant est prélevé de leur compte bancaire, afin de payer la location ou le financement de leur véhicule. Or, peu de gens sont conscients qu’un montant de 565 $ par mois sur 84 mois, à un taux de 5%, ça représente une dette totale de 40 000 $.
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Évidemment, les vendeurs et directeurs financiers des concessionnaires ont depuis longtemps compris cette logique, et vous proposent ainsi des produits, des options et des protections qui ne coûtent par exemple que 14 $ par mois. Non pas 899$ + taxes, financé à 5% sur 84 mois, ou 1 033,85 $...
C’est donc dans cet esprit que plusieurs automobilistes choisissent de se procurer leur prochaine voiture. Un nouveau véhicule sur lequel pourrait s’ajouter une dette encourue par un véhicule antérieur, et qui pourrait éventuellement amener le client vers une trop forte équité négative.
La folie des VUS
Maintenant, comment expliquer le fait que le prix moyen des véhicules vendus au Canada ait grimpé à ce point rapidement? Parce que les acheteurs canadiens n’en ont que pour les VUS et que les concessionnaires les poussent de plus en plus. Des VUS qui, la plupart du temps, coûtent plus cher à l’achat, mais pas nécessairement plus lorsque vient le temps de les louer sur une période de 36 ou 48 mois. Cela s’explique par la plus forte dépréciation des voitures ou, si vous préférez, en raison d’une valeur résiduelle plus basse des automobiles au terme de la location.
Pour vous donner un exemple, prenons le cas d’une Hyundai Sonata Luxury, toute neuve, vendue à 34 999 $. Une voiture qui, en incluant tous les frais et les taxes, coûte au comptant une somme de 40 612 $. Cette dernière coûte en location une somme mensuelle de 645 $ (taxes et frais inclus), sur un terme de 48 mois et à un taux de seulement 0,99%.
À présent, prenons l’exemple d’un Hyundai Tucson Ultimate, vendu 3 100 $ plus cher. Un véhicule de 37 999 $, ou 44 751 $ en incluant taxes et frais. Grosso modo, un véhicule coûtant 4 139 $ de plus que la Sonata. Pourtant, ce dernier ne coûte que 565 $ en location pour les mêmes termes, et à un taux de 1,99%, donc plus élevé de 1%. Tout cela s’explique par une valeur de rachat nettement plus basse du côté de la Sonata, que du côté du Tucson.
Ce n’est pas parce que la mensualité est égale ou moindre que celle du précédent véhicule que vous avez loué, que le véhicule vous coûte moins cher. Comprenez qu’une location comme un achat vous lie par contrat jusqu’à ce que ce dernier ait été acquitté. Autrement dit, même si vous louez un véhicule de 40 000 $, mais que votre obligation financière sur 48 mois n’est que de 24 000 $, vous êtes néanmoins responsable de la totalité du coût du véhicule jusqu’à ce que vous ayez acquitté la dette totale pour laquelle vous avez signé.
Voilà d’ailleurs pourquoi plusieurs personnes se retrouvent avec des équités négatives à la suite d’un changement de véhicule, laquelle s’explique toujours par le fait que le contrat initial n’a pas été porté à terme. En d’autres mots, le client a choisi de changer de véhicule avant que sa location ne se termine, l’obligeant à financer sur le nouveau véhicule l’écart entre la valeur du véhicule et la balance de la dette totale, non pas seulement celle de la balance des paiements de location.
Évidemment, des véhicules plus chers pour des mensualités équivalentes peuvent se traduire par l’enrichissement des banques et par l’appauvrissement des automobilistes. Et plus les années passent, plus la situation est alarmante.
Une grosse dépense
Loin de moi l’idée de vous inciter à demeurer rationnel dans le choix de votre véhicule, puisque je suis le premier à vouloir ajouter des gadgets lorsque vient le temps de choisir un véhicule neuf. Comprenez qu’un véhicule neuf coûte cher. Très cher. Bien plus qu’on peut l’imaginer. D’ailleurs, n’oubliez pas que le montant de 40 490 $ exclut les taxes, les accessoires choisis auprès du directeur financier, ainsi que toutes les protections relatives au financement. Des frais qui peuvent bien sûr s’appliquer sur un véhicule d’occasion, mais toujours dans une moindre mesure.
Parlant de véhicule d’occasion, on annonçait également cette semaine que le prix moyen d’un véhicule usagé vendu au Canada est de 18 888 $. Un prix considérable puisqu’en forte hausse par rapport à l’an passé, mais qui ne se situe toujours pas à 50% du prix d’un véhicule neuf. Et en tenant compte la dépréciation vraiment plus faible d’un véhicule d’occasion, on peut ainsi comprendre pourquoi il se vend aujourd’hui deux véhicules d’occasion, pour un neuf.
En terminant, si le prix moyen canadien d’un véhicule neuf est fixé à 40 490 $, sachez qu’il se situe à 34 060 $ dans la Belle Province. Un écart important, mais qui s’explique par la plus forte popularité des petites voitures et par un marché de camionnettes pleine grandeur généralement plus faible que dans le reste du pays.