Subaru Legacy 2020 : prise pour cible
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L’an dernier, la Subaru Legacy constituait la moins populaire des berlines intermédiaires du marché. Avec à peine 1 900 ventes au Canada, elle s’inclinait même devant les impopulaires Mazda6 et Volkswagen Passat, très loin derrière les meneuses du segment que sont les Honda Accord et Toyota Camry.
Pourtant, celle qui fête cette année ses 30 ans d’existence demeure une référence dans sa catégorie. Une voiture réputée, renommée, et bien sûr munie de la traction intégrale. Et il faut croire que les constructeurs rivaux partagent cet avis, puisque l’on assiste tranquillement à l’arrivée de berlines rivales proposant elles aussi le rouage intégral. La Nissan Altima emboîtait donc le pas en 2019, suivie de la Toyota Camry qui l’offrira en cours d’année 2020. Qui sera la prochaine?
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Chose certaine, parce que le marché de la berline intermédiaire est en fort déclin, il est sage de la part des constructeurs de mettre toutes les chances de leur côté afin que ces voitures puissent survivre. Parce que, si les constructeurs américains ont essentiellement jeté l’éponge, d’autres croient encore à une belle profitabilité avec ce type de véhicule.
Chez Subaru, il est évident que la Legacy est une victime du succès des autres produits de la marque. Inutile de vous expliquer les innombrables raisons qui poussent l’acheteur vers une Forester ou une Outback, plutôt que vers une Legacy. Or, il faut comprendre que la forte demande pour les utilitaires Subaru impacte aussi sur leur valeur de revente et, dans le cas d’une location, sur la valeur résiduelle. De plus, puisque les acheteurs de produits Subaru sont fidèles, analytiques et consciencieux, la logique les dirige souvent vers le produit ayant la meilleure valeur.
Nouvelle génération
Comme l’Outback, la Legacy se renouvelle pour 2020. Nouvelle structure, nouvelle robe et nouvelles mécaniques, lesquelles sont désormais protégées par une pléiade de caractéristiques de sécurité. Par surprenant que la Legacy ait remporté la mention Top Safety Pick+, la meilleure cote remise par l’IIHS.
Vous en conviendrez, la Legacy est morne, triste, ennuyeuse. Du moins, sur le plan esthétique. Je tentais d’ailleurs tout au long de ma semaine d’essai de trouver une rivale encore moins charmante, mais en vain. Il aura en fait fallu que je croise par hasard une Honda Clarity pour me sentir un brin valorisé au volant de cette Legacy! Et attention, on m’avait confié la version la plus cossue. Un modèle Premier GT se voulant le plus « sportif » et le plus luxueux de la gamme. Hélas, elle n’a jamais réussi à me séduire, ne serait-ce qu’un peu. Du moins, au chapitre esthétique…
Heureusement, le bilan est plus positif à son bord. Avec une parfaite position de conduite, une instrumentation claire et ce gros écran tactile on ne peut plus ergonomique, la Legacy allait finalement réussir à me charmer. Très bien équipée, il faut dire que cette version Premier GT se démarque par une sellerie en cuir nappa de couleur tabac qui renforce son aspect luxueux. Puis, parce que l’assemblage y est exceptionnel et que les matériaux sont de grande qualité, la Legacy transmet une impression de durabilité qui n’est pas nécessairement palpable chez l’ensemble de ses concurrentes.
Gardez les yeux droit devant!
Extrêmement confortable, la version Premier de la Legacy hérite d’une nouvelle technologie baptisée DriverFocus qui, en gros, effectue une lecture en continu de votre regard. Vous somnolez, quittez la route des yeux? Le système vous avisera alors de votre manque de concentration via un timbre sonore et un témoin lumineux. Maintenant, sachez que la seule distraction causée par de ce gros écran de 11,6 pouces pourrait activer le système, qui vous demandera de demeurer alerte.
La version Premier hérite aussi d’une caméra de vision avant, très pratique pour les stationnements serrés, mais qui devient malheureusement inefficace en hiver : un peu de gadoue, de saleté, et l’œil de cette caméra s’obstrue aussitôt.
Il est vrai que la nouvelle Legacy impressionne davantage par sa grande rigidité et son comportement routier. Chaussée dans les circonstances d’excellents pneus Toyo Observe GSi-6, la voiture faisait non seulement preuve d’une grande stabilité sur route, mais également d’une maniabilité hors pair dans la neige. Silencieuse et confortable, la Legacy démontre un certain dynamisme et transmet de belles sensations via une direction parfaitement réglée, et juste assez ferme.
Sans surprise, Subaru a troqué l’ancien six cylindres à plat de 3,6 litres pour un nouveau quatre cylindres turbocompressé de 2,4 litres, d’abord introduit dans l’utilitaire Ascent. Un moteur qui, sur le plan technique, a une foule d’avantages, mais qui en utilisation quotidienne, n’a certainement pas la souplesse de son devancier.
Sans être grognon, ce quatre cylindres n’est donc pas aussi doux et grogne plus fortement lorsqu’on le sollicite. Puis, malgré une puissance de 260 chevaux (4 de plus que le six cylindres), l’impression de performances supérieures, voire même égales, n’est pas au rendez-vous. Vous dire que la Legacy GT manque de puissance serait injuste, puisque la voiture est capable de belles montées en régime, affichant une couple généreux lors des reprises. Or, en comparaison, le moteur 2,0 litres de la Honda Accord (252 chevaux) est drôlement plus convaincant.
Vous n’êtes pas en quête de grande puissance? Le quatre cylindres de 2,5 litres atmosphérique (182 chevaux) fera donc le travail. Bien jumelé à une boîte CVT qui, honnêtement, effectue un excellent boulot, ce dernier génère un couple généreux et une puissance linéaire. En outre, ce moteur enregistre une plus faible consommation : en moyenne autour de 8 L/100 km. Car, en optant pour le moteur turbo de la version GT, il faut s’attendre à une moyenne combinée d’au moins 10 L/100 km, une cote ordinaire, puisque même supérieure à celle du précédent moteur à six cylindres.
Personnellement, le moteur turbocompressé ne me convainc donc pas autant que le précédent six cylindres. Non seulement est-il préférable de l’utiliser avec de l’essence super, mais les risques de défectuosités sont assurément plus élevés qu’avec un six cylindres éprouvé, et qui servait à merveille la précédente génération des Legacy et Outback. Bien sûr, seul le temps prouvera la fiabilité de ce quatre cylindres qui, jusqu’à maintenant, a bien servi l’Ascent.
Cela dit, la Legacy demeure une voiture remarquable. Un modèle phare dans le segment pour les mêmes raisons que par le passé, c’est-à-dire pour sa qualité de fabrication, son comportement, et pour son rendement en conditions hivernales. Or, comme par le passé, peu de gens l’adopteront. En raison de sa ligne banale à mourir, du fait que l’on vend à prix égal des véhicules plus tendance et plus polyvalents chez un même concessionnaire, mais aussi parce que ceux qui sont en quête d’un rouage intégral dans ce segment ont désormais du choix.